Dans le sol volcanique de Pompéi se cachent des ossements humains. Pas seulement ceux de ses infortunés habitants qui, il y a deux mille ans, périrent intoxiqués par les fumées du Vésuve. Ce sont aussi les ossements de macchabées plus récents : des pilleurs piégés dans les galeries qu’ils ont creusées pour voler des trésors archéologiques.

Parce que, au pied du Vésuve, il y a encore tout un monde à découvrir : des villas disséminées tout autour des murailles de la cité, entre la campagne verdoyante, qu’embaume le parfum des troènes, et la mer. Il reste encore au moins 22 hectares à fouiller, sur les 66 que couvre au total le site archéologique, 22 hectares pleins de trésors qui n’attendent que d’être découverts. Bienvenue dans l’Eldorado des tombaroli, ces pilleurs de tombes qui opèrent là où il y a moins de touristes et moins de contrôles. Aussi, ici, à la périphérie de la zone fouillée, tout peut arriver.

L’architecte Antonio Irlando connaît toutes les rues et tous les croisements de Pompéi, ainsi que la vie, le nom et les habitudes de ses habitants disparus. Il nous conduit, en naviguant dans un méandre de ruelles, jusqu’à la villa de Civita Giuliana où, il y a des années, les carabiniers (gendarmes) ont fermé un chantier de fouilles clandestines en cours derrière un mur d’enceinte. Tout est encore là : les tubes de fer et les tas de terre. Et un trou béant d’où émergent les murs d’une antique villa romaine. Ailleurs qu’en Italie, il n’en faudrait pas plus pour ouvrir un musée.

Détecteurs de métaux, scanners et fausses serres

Il n’y a que dix carabiniers de la Brigade de protection du patrimoine artistique et culturel pour tenter de surveiller ce Louvre à ciel ouvert et de récupérer les biens volés dans toute la région de la Campanie (qui compte d’autres grands sites archéologiques, comme Herculanum et Paestum). Or les techniques de la “mafia de l’archéologie” sont de plus en plus raffinées. L’époque est loin où les pilleurs étaient de petites crapules désespérées, raconte Antonio Irlando. Des vauriens armés d’aiguilles en métal de dix centimètres qu’ils plantaient dans le sol. Quand l’aiguille s’enfonçait tout à coup dans la terre, c’est que l’on avait atteint la zone de la ville antique. Et quand elle rencontrait quelque chose de dur, les pilleurs essayaient de déterminer si, au vu de la superficie, ce n’était pas un mur. Une villa. Un trésor.

Les pilleurs d’aujourd’hui sont armés de détecteurs de métaux et de scanners capables de déceler du métal à plusieurs