L'agriculture bio est-elle vraiment l'exemple à suivre ? Des chercheurs ont estimé que si l'Angleterre et le Pays de Galles optaient pour une production agricole 100 % bio, les émissions de gaz à effet augmenteraient. Les rendements étant moindres, les pays seraient obligés de convertir des prairies et forêts en surfaces agricoles, et d'augmenter leurs importations. Des conclusions critiquées par certains experts car elles ne prennent pas en compte les bénéfices de l'agriculture bio sur la biodiversité et la pollution des sols notamment.

C’est une conclusion qui peut paraître surprenante. Une étude britannique publiée dans la revue Nature a évalué les impacts en Angleterre et au Pays de Galles d’une agriculture 100 % biologique. Ils listent les impacts d’un tel changement. On compte, parmi les effets positifs, une baisse des intrants chimiques mais surtout, une réduction de 5 % des émissions directe de gaz à effet de serre provenant de l’élevage et de 20 % pour les cultures. Bonne nouvelle ? Oui. Mais celle-ci est contrebalancée par les résultats sur les rendements qui, eux, baisseraient de 40 %.
L’agriculture bio nécessite plus de terres
Pour répondre à la demande alimentaire, une agriculture 100 % bio nécessiterait en effet plus de terres et donc la conversion de prairies et forêts, pourtant puits de carbone. Cette conversion augmenterait les émissions de 21 % par rapport à l’agriculture conventionnelle. Et ce n’est pas tout, l’Angleterre et le Pays de Galle devraient augmenter leurs importations."Si l’agriculture biologique devait être adoptée sans changement de régime alimentaire, il faudrait près de six millions d’hectares de terres supplémentaires, dont une grande partie devrait provenir d’Europe", note Philip Jones, co-auteur de l’étude de l’Université de Reading, "Ceci a un impact environnemental"
Une autre étude, publiée en décembre 2018 dans la revue Nature, allait déjà dans ce sens. Les chercheurs estimaient que les pois bios cultivés en Suède avaient "un impact sur le climat environ 50 % plus important" que les pois cultivés de manière conventionnelle. Là aussi, les chercheurs mettaient en avant la nécessité d’une plus grande superficie de terres pour un rendement similaire à l’agriculture conventionnelle.
Des conclusions à nuancer
Si ces deux études mettent en avant des points intéressants, elles sont néanmoins à nuancer. Aucune ne prend en compte les bénéfices d’une agriculture bio sur la biodiversité ou la pollution des sols. La plus récente, elle, se base sur une demande alimentaire constante. "L’étude ne suppose aucun changement de régime alimentaire, ce qui est clairement intenable compte tenu de la crise alimentaire mondiale", a taclé sur Twitter Rob Percival, le responsable de Soil Association, un organe qui défend le bio au Royaume-Uni.
Justement, une étude menée par l’Iddri, Institut du développement durable et des relations internationales publiée en septembre 2018, avait estimé que d’ici 2050 l’agroécologie pourrait nourrir tous les Européens tout en réduisant de 40 % les émissions du secteur agricole de la zone. Pour cela, les chercheurs avaient développé un scénario dans lequel la production agricole serait compatible avec les besoins alimentaires européens, les enjeux climatiques, sanitaires, de conservation et de la biodiversité et des ressources naturelles. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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