650 euros par mois pour se loger et se nourrir : à Riom, une mère isolée témoigne

À Riom (Puy-de-Dôme), les familles monoparentales représentent un nombre non négligeable de bénéficiaires des Restos du cœur, qui viennent de lancer leur 35e campagne d'hiver. Une mère isolée témoigne de sa situation.


Par Terrat Yann

Publié le 02 décembre 2019 à 15h55

Restos du coeur de Riom © Agence RIOM

Mardi 26 novembre en début d’après-midi. Sandra (le prénom a été modifié) patiente devant les locaux des Restos du cœur, avenue Antoine-Caux à Riom. Comme des dizaines de bénéficiaires, en ce jour de lancement de la campagne d'hiver des Restos, elle est venue récupérer les colis alimentaires pour elle et sa fille de 6 ans. Sandra bénéficie du statut de mère isolée et fait partie du millier de familles monoparentales recensées par l’Insee à Riom (1.057 en 2016). Soit une famille sur 5, ou 20,9 % de l’ensemble des familles installées en ville. Un chiffre stable depuis 2014 et correspondant à la moyenne nationale.

Si tous ne sont pas logés à la même enseigne, la catégorie sociale a tendance à s’appauvrir de plus en plus et les mères sont les plus touchées par la baisse de revenus en cas de séparation. Toujours selon l’Insee, la chute du niveau de vie atteindrait 20 % du côté des femmes en cas de séparation (contre 3 % chez les hommes).

650 euros par mois

Avec 650 euros par mois (RSA et Allocation de soutien familial ASF), Sandra ne pourrait pas subvenir à ses besoins les plus élémentaires. "Lorsqu’on enlève le loyer et les factures, il me reste 150 euros pour manger et les achats divers. À ce tarif, c’est soit ma fille, soit moi qui peut manger, mais pas les deux", confie celle qui complète donc les menus quotidiens depuis deux ans et demi grâce aux Restos du cœur, sans oublier les repas équilibrés à la cantine pour la jeune écolière.

"C’est soit ma fille, soit moi qui peut manger, mais pas les deux"
Sandra Mère isolée avec 650 euros par mois


La Riomoise semble se trouver dans une situation inextricable. En rémission de cancer, elle a également souffert d’une perte de dentition prématurée. "J’étais vendeuse en boulangerie. Mais avec mon sourire, désormais, je ne peux pas postuler. Je dois absolument me faire mettre une prothèse dentaire. Mais sans argent, ce n’est pas possible."

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Acculée financièrement et il y a peu à cause d’un loyer bien trop élevé, la mère de famille a franchi un autre pas pour une aide sociale supplémentaire. À travers l’association Habitat et Humanisme, elle loge désormais dans un appartement plus adapté à sa situation.

L’isolement est un fléau

Au vu de l’extrême précarité de sa situation, Sandra peine encore à effectuer certaines démarches. "L’isolement est le principal fléau qui guette les personnes dans cette situation, confirme Michèle Grenet, adjointe chargée de la politique de solidarité et d’action sociale à la ville. On ne peut pas forcer les gens et parfois l’amour-propre vous interdit de demander de l’aide." Pour les services sociaux (CCAS, centres sociaux, ANEF 63, etc.), l’une des difficultés réside dans le fait de pouvoir, justement, identifier ces profils.

Ensuite, l’aide financière ne fait pas tout, et la misère économique et sociale se combattent sur le même front. "À l’échelle de la commune et des centres sociaux notamment, une de nos principales tâches est d’essayer de créer du lien", révèle l’élue.

Un lien que Sandra a tout de même décidé d’entretenir, en dehors des sentiers tracés par les institutions publiques, à travers les amitiés tissées aux Restos du cœur. "C’est un peu ma deuxième famille", assure-t-elle.

Yann Terrat

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