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Pour une refonte générale de nos régimes de retraite, par Antoine Bozio et Thomas Piketty

Plutôt que de rafistoler un système illisible, optons pour des comptes individuels à la suédoise.

Publié le 11 avril 2008 à 14h37, modifié le 03 décembre 2019 à 06h51 Temps de Lecture 5 min.

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Du fait de l'empilement des régimes et des modes de calcul, plus personne ne sait quels seront ses droits à la retraite. Cette incertitude fragilise la confiance que les salariés accordent au système de retraite actuel. Il est temps que le débat dépasse la stigmatisation de quelques catégories particulières et les mesures habituelles de colmatage des déficitscourants. Seule une remise à plat générale permettra de garantir l'avenir du système public d'assurance-vieillesse par répartition.

Le système est complexe et déroutant. Chaque retraité touche en moyenne des pensions provenant de 2,3 régimes différents. Chacun de ces régimes repose sur des règles spécifiques et complexes. Connaître avec précision la pension globale qui sera versée est devenu une gageure, y compris pour les cas simples. Quant aux travailleurs qui ont le mauvais goût d'avoir été à la fois fonctionnaires et salariés du privé, ou bien cadres et non-cadres, ou encore salariés et non-salariés, sans parler de ceux qui passent une partie de leur vie à l'étranger, le degré d'empilement et de complexité des régimes est tel que le niveau de leurs droits à la retraite est imprévisible.

La retraite par répartition devrait constituer la première des sécurités face à l'avenir et encourager la prise de risque et la mobilité professionnelle. En pratique, les droits à la retraite sont difficiles à prévoir pour tous les salariés. Cela les conduit à considérer l'énorme masse de cotisations de retraite (13 % du PIB !) comme un impôt et non comme une épargne obligatoire donnant droit à un revenu différé garanti par l'Etat. On a trop souvent cherché à utiliser les pensions pour résoudre des problèmes réels (les salaires jugés trop faibles ou des conditions de travail difficiles pour certains secteurs ou professions), mais qui ne relèvent pas du système de retraites. Quelles qu'aient été les justifications initiales de ces mesures compensatoires catégorielles, qui existent aussi bien dans le cadre des régimes dits "spéciaux" qu'au sein des régimes de droit commun, leur multiplication et leur inertie conduisent chacun à suspecter les autres de mieux tirer parti des avantages en vigueur.

Cela finit par miner le consensus démocratique autour de la retraite, de même que l'accumulation de niches fiscales ruine la confiance en l'impôt. Dans les deux cas, le résultat de ces errements est la remise en cause du principe minimal d'équité horizontale ("à cotisations égales, retraite égale" dans le cas des retraites, "à revenu égal, impôt égal" dans le cas de l'impôt) sur lequel doivent toujours se fonder des politiques publiques de cette ampleur. La logique de compensation par la retraite est d'autant plus contre-productive qu'elle permet souvent de se dispenser de mener les politiques adaptées aux problèmes posés, par exemple une politique salariale plus dynamique dans le secteur public, une politique incitative de prévention des risques professionnels et des accidents du travail dans les secteurs concernés, une politique familiale permettant une meilleure conciliation avec la vie professionnelle, etc.

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