Le gouverneur de la banque centrale d’Angleterre a été nommé envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et les finances. Figure reconnue de la finance durable, Mark Carney a été l’un des premiers banquiers centraux à souligner la menace que faisait peser le changement climatique sur la stabilité financière mondiale. Dans ses nouvelles fonctions, il veut continuer à orienter la finance vers une économie décarbonée.
Le gouverneur de la banque centrale d’Angleterre a été recruté par les Nations unies. Le canadien Mark Carney, premier citoyen non-britannique à avoir dirigé la "Bank of England", a été nommé dimanche 1er décembre 2019 envoyé spécial des Nations-Unies pour l’action climatique et les finances. Il succède à Michael Bloomberg, fondateur de l’entreprise de services financiers qui porte son nom. Il a décidé de se consacrer à sa campagne pour l’investiture démocrate aux élections présidentielles américaines.
Nommé directement par António Guterres, secrétaire général de l’ONU, Mark Carney veut aider à transformer la finance avant la réunion de la COP 26 de novembre 2020 à Glasgow, en Écosse. Selon lui, ce rôle lui "fournit une plateforme pour amener les risques du changement climatique et les opportunités de la transition vers une économie zéro carbone au cœur des décisions financières".
Il connaît déjà les orientations à prendre pour atteindre son objectif. "La communication sur le risque climatique doit être complète, la gestion du risque climatique doit être transformée et la recherche d’un monde "net-zero" doit se généraliser", a-t-il déclaré lors de sa nomination.
La tragédie des horizons
Mark Carney, dont le mandat à la tête de la Bank of England s’achève au mois de janvier 2020, est une figure aussi emblématique de la finance climat que Michael Bloomberg. Dans un discours devenu célèbre, donné à la Lloyd’s de Londres en 2015, Mark Carney s’inquiétait de la "tragédie des horizons" du changement climatique. Il expliquait à la communauté des assureurs britanniques, que les coûts des catastrophes liées au réchauffement de la planète apparaîtraient à long terme, tandis que les horizons de placement par les investisseurs, ou de prise en compte dans les politiques monétaires par les régulateurs, étaient bien plus courts.
Alors président du Conseil de stabilité financière, il avait été le premier banquier central à pointer du doigt la menace du changement climatique sur la stabilité financière mondiale. Depuis, les banques centrales se sont réunies au sein du réseau pour verdir la finance (Network for Greening the Financial System), créé en 2017 par huit banques centrales et autorités de supervision, dont la Bank of England et la Banque de France.
Dès 2015, le Canadien insistait sur l’importance de la mesure du changement climatique et de la nécessité pour les entreprises de communiquer sur leurs émissions de gaz à effet de serre, afin d’orienter les décisions d’investissement. Son discours préfigurait les travaux de la Task Force on Climate-related Disclosures (TCFD), qui vise à proposer un standard de communication des risques climatiques. Avec ses nouvelles fonctions onusiennes, Mark Carney va donc poursuivre son travail d’influence des milieux économiques et financiers.
Arnaud Dumas, @ADumas5
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