Quel héritage ont-ils laissé et quel regard portent aujourd’hui les jeunes générations sur ce mouvement ?
Djamel Athallah, un des leaders en 1983 de la marche pour l’égalité et contre le racisme, revient sur les lieux de sa jeunesse, à Vénissieux.
Dès 1981, les violences urbaines et policières rendent le quartier des Minguettes tristement célèbre. D’après les médias de l’époque, ce grand ensemble de 65 000 habitants était devenu le « Bronx » de la France. Une erreur architecturale, qui met la société française face à des contradictions plus profondes.
De ce ghetto urbain émergent en 1983 des revendications sur le traitement que la police et la justice réserve aux jeunes immigrés, mais aussi sur le logement, la rénovation urbaine, l’insertion, la citoyenneté.
J’ai fait ma valise en cachette. Je n’avais rien dit à ma mère et je l’ai mis devant le fait accomplie. Je suis quand même partie. Pour moi c’était important de faire partie de cette marche parce qu’à ce moment-là beaucoup de jeunes mourraient. F. Mehallel
Ce sera le point départ de la marche pour l’égalité, qui sera abusivement appelée la Marche des beurs.
Salon-de-Provence, une étape mémorable de la Marche, parce qu’il n’y avait qu’une personne qui est venu nous rejoindre au comité de soutien. M.L. Mehallel
Je pensais au fond de moi que tout le monde était raciste mais finalement ce n’est qu’une minorité. F. Mehallel
Première grande manifestation où la deuxième génération est actrice d'un mouvement social demandant la reconnaissance de sa citoyenneté française, la Marche agrège autour d’elles tout un noyau de jeunes militantes comme Marilaure Mahé et Fatima Mehallel.
À cette époque-là, la France a pris en pleine gueule le fait qu’il y avait une nouvelle jeunesse pas tout à fait blanche, et c’était difficile à admettre à l’époque. D. Athallah
Pour la première fois de notre vie, on était dans des véhicules et on grillait les feux rouges et on n’était pas verbalisé. D. Athallah
Avec le recul, ce mouvement, qui perdurera jusqu’à Convergences 84, apparaît aussi important que celui des droits civiques aux États-Unis mené par Martin Luther King. Finalement, qu’ont-ils obtenu de ce printemps des banlieues ? Quel héritage ont-ils laissé et quel regard portent aujourd’hui les jeunes générations sur ce mouvement ?
Habitant de la tour 14, Djamel nous emmène à Gaston Monmousseau et dans un quartier qui s’appelait alors Démocratie...
Avec
- Djamel Athallah, président de l' Association des marcheurs historiques de 1983
- Christian Delorme, prêtre et ancien membre de la Cimade
- Marie-Laure Mahé et Fatima Mehallel, anciennes marcheuses
- Salika Amara, Youcef Boussaa et Kaissa Titous, membres du comité parisien d’accueil de La Marche.
Une série documentaire de Sébastien Daycard-Heid, réalisée par Véronique Samouiloff
Bibliographie
- La marche - Christian Delorme - éditions Bayard, 2013
- 1983-2013 : La longue marche des Beurs pour l’égalité Paris - Nadia Hathroubi-Safsaf - éditions Les points sur les I, 2013
- La marche pour l’égalité et contre le racisme - Abdellali Hajjat - éditions Amsterdam, 2013
- En marche - Marilaure Garcia-Mahé - éditions Sokrys, 2013
- Les Minguettes, un marqueur national de la politique de la Ville : retour sur les années 1980 et zoom sur la Marche pour l’égalité - Catherine Panassier - décembre 2008
- La marche pour l’égalité : une histoire dans l’histoire - Toumi Djaidja et Adil Jazouli - éditions de l’Aube, 2013
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