Militaires morts au Mali : le poème prémonitoire du capitaine Frison-Roche

  • Quand il était aspirant à Saint-Cyr, le capitaine Frison-Roche avait écrit un poème "Pour que vive la France", qui a valeur de prophétie au regard du drame qui s'est joué pour lui et douze autres militaires la semaine dernière au Mali.
    Quand il était aspirant à Saint-Cyr, le capitaine Frison-Roche avait écrit un poème "Pour que vive la France", qui a valeur de prophétie au regard du drame qui s'est joué pour lui et douze autres militaires la semaine dernière au Mali. Armée de Terre
Publié le , mis à jour

l'essentiel C'est un texte poignant que laisse derrière lui l'un des treize militaires décédés la semaine dernière. Un texte au caractère prémonitoire signé du capitaine Clément Frison-Roche, dont les obsèques seront célébrées ce mercredi à la mi-journée à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).

Un poème circule sur les réseaux sociaux, attribué au capitaine Clément Frison-Roche, l'un des 13 militaires décédés au Mali la semaine dernière dans le cadre de l'opération Barkhane. Des élus, dont le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, ont relayé ce texte poignant qui fait figure de prophétie au regard de ce qu'il est advenu au Mali, et évoque le sacrifice des militaires "pour que vive la France".

C'est le titre donné par Clément Frison-Roche à ce texte, car il est bien de lui. "Le poème qui circule a bien été écrit par mon fils, Clément, il y a cinq ans, lorsqu'il était aspirant à l'ESM (Ecole spéciale militaire) de Saint-Cyr Coëtquidan. Il avait alors 22 ans", a authentifié son père, Benoît, lorsqu'on lui a posé la question ce mardi matin.

Les obsèques du jeune homme, qui allait avoir 28 ans le 9 décembre prochain, auront lieu ce mercredi à la mi-journée en l'église Sainte-Catherine à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Les militaires issus de sa promotion à Saint-Cyr sont attendus nombreux à cette cérémonie, peut-être que l'un d'entre eux lira ce poème que nous vous partageons ci-dessous, tout en adressant, une nouvelle fois, toutes nos condoléances à la famille Frison-Roche.

Pour que vive la France

"Ainsi, toujours poussés vers une étrange quête
Nos pères s'en allaient-ils bravant la destinée,
Tantôt l'air abattu par le poids des conquêtes,
Tantôt l'air guilleret de leurs jeunes années.

Sur les champs de bataille, côtoyant la laideur,
Ils connaissaient la vie et ses plus tristes heures.
Pas un ne regrettait mais tous avaient au cœur
Ce que signifiait mourir au champ d'honneur.

Du plateau de Pratzen où la brume se fane,
Des tranchées de Verdun aux rizières du Tonquin,
Par-delà le Djebel et les vallées afghanes,
La souffrance et la peur étaient leur quotidien.

Mais pour que vive la France et la gloire de son nom,
Ils portèrent au front son prestigieux emblème,
Et subissant l'affront jusqu'à celui suprême,
Ils tombèrent en héros sous le feu des canons.

Les yeux levés au ciel implorant le pardon,
Leurs corps meurtris exhibait une douleur extrême,
Et dans l'ultime soupir sur leurs visages blêmes,
Leurs lèvres murmuraient ce cantique moribond:

"Oh tendre France, douce gardienne de mon baptême,
Prenez ici ma vie, je vous en fais le don,
Veillez sur ma famille et tous les gens que j'aime,
Et rendez je vous prie mon sacrifice fécond..."

Toi France, ingrate mère à la parure ternie,
Laisseras-tu leurs cris se perdre dans la nuit ?
Ils t'ont donné leur cœur, ils t'ont donné leur vie,
N'est-ce pas révoltant que nul ne les envie ?

À tes illustres fils tombés pour la patrie,
Plutôt que souvenir tu préfères l'oubli,
À tes jeunes enfants disparus aujourd'hui,
Plutôt que bienveillance tu préfères le mépris.

Qu'adviendra-t-il de nous ta jeune génération ?
Parmi les injustices de tes institutions,
Et le désintérêt de ta population,
Ne saurons-nous jamais où part ton attention ?

Quel sort réserves-tu à ceux qui serviront ?
Nulles considérations, seules quelques concessions !
Pourtant tu le sais bien, nous qui te chérissons,
Nous ne demandons rien qu'un peu de compassion !

Et s'il m'advenait un jour de périr en ton nom,
Ce serait avec foi mais non sans une question,
Pour que revive France et la gloire de son nom,
Je te lancerais sans haine ce dernier affront,

Tandis que mon chant du cygne, funeste merveille, 
Pareil au flot gémissant de mon sang vermeil,
Fera couler ces mots aux milles résonances: 
"France, ma France, qu'as-tu fait de ta reconnaissance ?"

Clément-Frison-Rroche

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Les commentaires (33)
Arcachou Il y a 4 années Le 28/12/2019 à 19:27

Désolé que tu sois mort mec, la France ne manque pas de reconnaissance pour les Soldats. Simplement le Peuple Français ne soutient pas les conflits armés et sait à qui sert la guerre et ses morts. Au très Grand Capital.
Tu as cru te battre pour protéger les populations locales car c'est ce qu'on t'a dit et c'est ce que tu crois avoir vu de tes yeux. Combien de Civils as tu vu en sécurité ? Cent, mille, dix-mille ? Nous serons bientôt 8 Milliards. Tous en danger face à l'Unique et Manipulatrice menace des Puissants, ceux qui possèdent tout, même les politiciens ne font que jouer ridiculement avec.

C'est vrai nous vivons bien en France grâce à vos bras armés, ce depuis toujours. Si le continent Africain est dans cet état là aujourd'hui c'est à cause de l'invasion des pays occidentaux, sa traite négrière, les matières premières à trop bas coût, la main d’œuvre servile. Le maintient de la guerre ces pays, où tu es parti, est une révoltante nécessité pour le bien du Capitalisme.
La guerre est faite pour appauvrir les pays, asservir les peuples, les mettre en esclavage et les utiliser pour voler leurs ressources.

Mon enfant ne t'es tu jamais demandé pourquoi les Forces Armées recrutent à l'age de 16 ans ou prioritairement avant 20 ans ? L'esprit critique, la culture, le recul ne sont pas encore installés à l'adolescence mais le besoin du groupe est bien présent.

Je sais que tu as cru faire le bien en t'engageant seulement c'est le « bien » que l'on t'a appris, il n'est pas universel mais bien guidé au profit des dirigeants non celui du peuple. Quand tu as écrit ce poème soulevant ton ressentit de non reconnaissance, pourquoi tu ne t'es pas demandé les raisons de ça ? À ce moment là pourquoi n'as tu pas pris de recul et fais preuve d'esprit critique ?

Pour toi il est vrai que nous manquons de reconnaissance mais pour nous la question est pour quoi tu es mort.

loupaysan12 Il y a 4 années Le 09/12/2019 à 19:24

respect

Cricricricri2 Il y a 4 années Le 04/12/2019 à 15:54

Personne ne parle de Roger Frison Roche,alpiniste,écrivain,prix Goncourt et auteur de « Premier de cordée »
Serait il de la même famille ?