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Pernes-les-Fontaines : une légumerie pour insérer les travailleurs handicapés

La légumerie des Jardins de Solène fournit des légumes déclassés épluchés et coupés, sous vide, à la restauration collective.

La légumerie des Jardins de Solène fournit des légumes déclassés épluchés et coupés, sous vide, à la restauration collective.

Photo cyril hiély

Pernes-les-Fontaines

Les Jardins de Solène achète des légumes déclassés et les conditionne pour les collectivités. L'entreprise qui emploie des personnes handicapées a reçu le prix Cognacq-Jay

Concilier humanisme et profit, social et capital, c'est dans sa nature...

Solène Espitalié, ingénieure en agriculture, a adapté ses convictions à l'entreprise qu'elle a créée, les Jardins de Solène, et qui lui valent le prix Cognacq-Jay 2019 dans la catégorie accélération (il doit lui être remis le 21 février 2020). Ce prix vise à récompenser ceux qui innovent pour "inventer la solidarité sociale de demain".

C'est le cas de cette SAS (société par actions simplifiée) installée à Pernes-les-Fontaines, que la jeune femme a créée en avril 2017 dans le secteur de l'économie sociale et solidaire : une légumerie qui livre des produits locaux et de saison aux collectivités.

"Avignon a joué le jeu"

Coup de génie : des légumes trop petits ou trop gros, abîmés, moches, etc., et qui ne se vendent pas sur les étals "Après une étude réalisée en 2016 grâce au dispositif local d'accompagnement de France active, je suis partie sur les légumes déclassés, raconte la présidente de la SAS. Il y avait les volumes, le gisement." Selon le producteur, il représente entre 10 et 30 % de la production.

Parallèlement, elle a démarché les collectivités, dont Avignon qui remunicipalisait sa cantine. "Avignon a joué le jeu, c'est ça le changement", dit-elle, consciente que ce qui est évident maintenant de la part des consommateurs ne l'était pas il y a de ça même trois ans... Soutenue par l'Ademe (Agence pour la maîtrise de l'énergie) et son appel à projet sur l'innovation et la transition écologique, par les fondations Macif et AG2R, mais également par la Société générale et la Caisse d'épargne ("heureusement qu'ils étaient là sinon mon projet n'aurait pas pu aboutir"), elle investit. En septembre 2017, elle acquiert pour 350 000 € des machines (pour laver, éplucher, couper et conditionner les légumes) et crée un atelier en zone de Prato. "Heureusement qu'Avignon nous a suivis et a ouvert la voie, ça a permis de faire tomber les préjugés", raconte l'ingénieure formée en marketing et développement commercial à l'école d'ingénieurs de Beauvais (Somme). L'année 2018 a été de son aveu "une année blanche" pour faire des tests sur les process et valider les préconisations sanitaires (par le laboratoire départemental d'analyses), trouver les producteurs et "sécuriser les gisements" à qui la SAS achète les déclassés "moins cher que du premier choix". Mais aussi démarcher d'autres clients.

Rentable en 2021 ?

Monteux, qui possède une cuisine centrale, s'est laissé séduire par le concept, de même que la CoVe pour ses crèches et l'Institut Sainte-Catherine, qui est sous contrat avec le groupe de restauration collective Elior. "Tous les quinze jours, Elior va nous prendre que des produits locaux pour Sainte-Catherine", se réjouit Solène Espitalié. Si aujourd'hui elle estime avoir "deux jours et demi ou trois de production", elle estime que la légumerie "est loin d'avoir sa capacité de croisière". Elle espère que les Jardins de Solène seront "rentables en 2021". D'autant que l'une des particularités de cette SAS de l'ESS, c'est qu'elle emploie de façon pérenne des personnes handicapées. Ces salariés sont ceux de l'association Solid'Agri, qu'elle a créée en 2014 (lire ci-dessous), qui effectuent des prestations pour les Jardins de Solène, en attendant mieux.

Solène Espitalié n'en finit pas, alors, de concilier emploi et handicap. C'est dans sa nature.