LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Le jour où je suis devenue une "star" sur l’Internet saoudien

Des supporters du club d'Al-Nasr en 2008.
Des supporters du club d'Al-Nasr en 2008. © HASSAN AMMAR / AFP
Clémentine Rebillat , Mis à jour le

Comment en quelques minutes seulement, je suis devenue samedi soir - malgré moi - l’objet de toutes les conversations sur Internet entre deux clubs saoudiens.

«Je ne suis pas la femme de Leonardo Jardim». Voilà une phrase improbable que je ne pensais jamais avoir à écrire un jour sur Twitter. Pourtant, samedi, face à une horde de supporters déchaînés, il a fallu que je rétablisse bien vite la vérité. Vers 19 heures, après une journée de travail animée par les manifestations des «Gilets Jaunes», une première notification m’a fait sourire. Un homme, visiblement supporter d’une équipe de football saoudienne, vient de mentionner mon nom sur Twitter sous un article expliquant que Leonardo Jardim- l’ancien entraîneur portugais de Monaco, qui a emmené le club de la principauté en demi-finales de League des Champions en 2017- serait sur le point d’accepter une offre d’Al-Nasr, à Ryad. Seule ombre au tableau, sa femme ne serait pas convaincue par cette aventure. «C’est elle, sa femme !», dit le message de l’internaute se pensant bien informé. A un autre lui demandant comment il peut être certain que «Clémentine Rebillat est bien l’épouse de Jardim», l’enquêteur en herbe répond de toute sa confiance : «Jardim la suit sur Twitter, c’est sur c’est elle» (il ne suit que 91 personnes sur le réseau social). Le point commun entre sa femme et moi ? La blondeur de nos cheveux et… C’est tout.

Publicité

Pourtant, il ne faut pas dix minutes pour que le mot soit passé. «La femme de Jardim est sur Twitter, il faut la convaincre d’accepter l’offre faite à son mari». Toute la puissance d’Internet fait alors son effet. En quelques secondes à peine, me voilà alpaguée par des milliers de supporters d’Al-Nasr. Mes messages privés deviennent fous. Je reçois des cœurs jaunes et bleus (les couleurs du club), on me propose des voitures, des diamants, on m’offre même la moitié d’une boutique de bijoux si je réussis à convaincre mon «mari» de signer là-bas. Je n’ai plus d’autre choix, je dois démentir publiquement et officiellement cette folle rumeur. Aidée d’un internaute saoudien qui semble avoir eu de la peine pour moi, je partage un message en arabe. «Non, elle n’est pas la femme de Jardim et elle ne sait rien sur elle».

La suite après cette publicité

Oui mais voilà, je découvre à cet instant la passion qui entoure les supporters de football saoudiens. Les fans du club rival d’Al-Hilal ont eu vent de l’erreur de leurs adversaires et s’en délectent. Cette histoire se retrouve sous un hashtag (un mot clé utilisé sur Twitter pour ranger par thème les contenus sur Twitter) se moquant des fans d’Al-Nasr. Je retrouve ma tête sur des montages photos et vidéos, des captures d’écran de certains messages sont partagés, les uns se moquent, les autres présentent leurs excuses.

La suite après cette publicité
Capture d’écran 2018-12-05 à 16.14.39
©
Capture d’écran 2018-12-05 à 16.14.25
©
Capture d’écran 2018-12-05 à 16.13.45
©

On m’explique que parmi les fans des deux équipes, on ne parle que de ça. Si bien que lundi, un journaliste saoudien décide de rédiger un article. Je réponds à ses questions et évidemment , je lui explique que je ne suis pas en colère du tout. Je suis même amusée par la situation.

Autour de moi, on se moque. «Alors ton mariage?», «Madame Jardim», «La nouvelle Saoudienne»… Même à la cérémonie du Ballon d’Or à laquelle j’assistais lundi, on se met à m’en parler. Je suis cataloguée. Alors, travailler sur Internet et devenir l’objet d’un drôle de buzz dans un pays étranger méritait bien son article. Et que les fans d’Al-Nasr se rassurent, la vraie femme de Leonardo Jardim a été vue avec lui, il y a quelques jours, arrivant à Ryad.

Contenus sponsorisés

Publicité