Vu de Suisse – Atmosphère tendue

Dans son direct, La Tribune de Genève témoigne d’incidents dans les cortèges et de “l’atmosphère tendue” en fin d’après-midi. À Paris, “une remorque de chantier a été retournée et incendiée près de la Bourse du travail, non loin de la place de la République, et plusieurs vitrines brisées, tandis que les forces de l’ordre essuyaient des jets de projectile et répliquaient par des tirs de lacrymogène”.

La Neue Zürcher Zeitung, quotidien germanophone suisse, renchérit : “En fin d’après-midi, la place de la République à Paris est le théâtre de débordements, des véhicules sont incendiés.” Selon “les chiffres officiels, à midi, 120 000 personnes étaient rassemblées” dans une trentaine de villes en France, ajoute le quotidien.

Toute la question est désormais de savoir combien de temps les protestations vont durer. Pour le déterminer, “le soutien des Français est un facteur capital”, indique la NZZ. “Tant pour les grévistes que pour le gouvernement. Cela peut avoir une influence sur l’évolution du rapport de force”. C’est pour cette raison que “les deux camps s’efforcent de convaincre les citoyens”.

Vu d’Allemagne – Loin du consensus

“Le gouvernement réfléchit à de premières concessions pour affaiblir le mouvement”, indique le journal économique Handelsblatt. De nouvelles négociations doivent se tenir en début de semaine prochaine entre le gouvernement et les partenaires sociaux. “Il est toutefois peu probable qu’elles fassent émerger un consensus”, juge le titre allemand. “La plupart des organisations ayant appelé à la grève réclament le retrait total de la réforme.” Les syndicats de la RATP ont d’ores et déjà annoncé une reconduction de la grève jusqu’à lundi.

Vu du Royaume-Uni – “Vers un long hiver de conflit”

“Si la résistance fait long feu, le président, impopulaire, aura gagné la bataille et pourra se concentrer sur la nécessité de reconquérir la confiance de l’opinion publique dans l’espoir d’être réélu en 2022, une mission qui n’a rien de simple”, prévient le quotidien britannique The Times. “Sinon, il faut se préparer à un long hiver de conflit.”

Vu de Russie – Circonstances atténuantes

Le correspondant de Kommersant à Paris, fidèle à l’orientation libérale du quotidien moscovite à dominante économique, trouve des circonstances atténuantes à la réforme et à Emmanuel Macron. Il souligne que le président français avait “promis cette réforme dès sa campagne électorale” et que “contrairement à ses prédécesseurs, il essaie de s’en tenir à son programme, même si certains éléments se sont heurtés l’année dernière à l’opposition des ‘gilets jaunes’”.

Vu des États-Unis – “Le gouvernement parie sa crédibilité”

Pour le média américain CNN, la France se dirige, comme en 1995, vers un “hiver de mécontentement”. “Le gouvernement parie sa crédibilité sur une réforme qu’il juge nécessaire - et que peu de gens croient possible.”

“Les grèves paralysent le pays” indique The New York Times avec une vidéo des manifestations.

Vu de Roumanie – “Pour les parents, la double peine”

Pour Radio France International Bucarest, nous assistons à un “Jeudi noir en France”. Ainsi, la grève annoncée il y a quelque temps “est devenue réalité” et “risque de paralyser longtemps la France”, prévient le média roumain.Nombreux sont ceux qui espèrent une paralysie semblable à celle de novembre 1995” souligne-t-il avant d’ajouter :

Pour les parents c’est carrément la double peine : à part le fait qu’ils galèrent pour arriver au travail, ils sont obligés de trouver une solution pour leurs enfants qui n’ont pas école aujourd’hui non plus.”

Vu de Pologne – “Le pays menacé par la paralysie, le président par la chute”

La France est-elle à la veille de la révolution ?”, s’interroge l’hebdomadaire catholique polonais Gość Niedzielny sur son site. “La France a une très longue tradition de grèves. À intervalles réguliers, divers groupes professionnels manifestent, le plus souvent des employés du secteur public comme les cheminots et les contrôleurs aériens”, rappelle-t-il. “Toutefois, ce 5 décembre peut dépasser les expériences passées. […] Le pays est menacé par la paralysie, et son président par la chute”, estime le magazine, non sans arrière-pensée. Beaucoup de Polonais reprochent en effet à Emmanuel Macron de s’en prendre à leur pays de façon récurrente, comme dernièrement à propos du climat.

Vu d’Italie – Plus que la réforme, Macron comme cible de la grève

“Les détails de la réforme ne sont pas encore connus, ce qui laisse des marges pour des ajustements dans les semaines à venir, mais dans la logique du choc frontal qui domine la politique française, ce ne sont pas tant des mesures spécifiques qui sont le sujet de la discorde, mais plutôt l’ordre socio-économique sur lequel se fonde encore aujourd’hui la France, commente le quotidien milanais Il Corriere della Sera.

“La grève de 1995 visait des propositions précises du Premier ministre Alain Juppé, aujourd’hui on s’insurge contre un projet encore vague. C’est donc surtout Macron et son gouvernement (qui est selon certains ‘néolibéral et autoritaire’) qui sont la cible de cette grève.”

Vu d’Argentine – Un “nouvel élan pour la lutte des classes”

Le site argentin La Izquierda Diario, ancré très à gauche, compare la grève du 5 décembre avec le mouvement des “gilets jaunes”. Si celui-ci a été “le premier volcan à entrer en éruption” puis “à être éteint”, cette grève générale révèle une “lutte des classes en France” qui “peut connaître un nouvel élan”.

Dans les deux cas de contestations sociales, “l’un des thèmes récurrents des discussions est le modèle de société vers lequel nous voulons nous diriger”, indique encore le média.

De nombreux travailleurs disent clairement qu’ils ne veulent pas d’une société sans éducation ni santé, qu’ils ne veulent pas d’un tel avenir ni pour les étudiants ni pour leurs enfants. Chaque fois, la contre-révolution sociale néolibérale contrecarre les aspirations profondes des exploités et des opprimés, et descendre dans la rue est le seul moyen d’exprimer haut et fort ces aspirations.”

Vu de Suisse – Ces colères “montrent que le diagnostic de Macron est juste”

“Plus qu’une

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