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Jean-Louis Debré : "Toutes les tombes de ma famille ont été taguées à Westhoffen"

Des croix gammées ont été découvertes mardi sur 107 tombes du cimetière juif de Westhoffen, non loin de Strasbourg. L'ex-président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré, dont une partie de la famille est enterrée dans ce cimetière, était mercredi à Westhoffen. Il réagit auprès du JDD. 

Michaël Bloch , Mis à jour le
Jean-Louis Debré était mercredi à Westhoffen.
Jean-Louis Debré était mercredi à Westhoffen. © Sipa

Plus d'une centaine de tombes du cimetière juif de Westhoffen, à l'ouest de Strasbourg, ont été maculées mardi de croix gammées. Ce cimetière accueille plusieurs sépultures des familles de Karl Marx, de l'ancien président du Conseil Léon Blum et de l'ex-président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. Interrogé par le JDD, l’ancien ministre de l’Intérieur* revient sur l’histoire de sa famille et évoque son lien avec ce petit village alsacien. 

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Quel est votre lien avec Westhoffen?
Ma famille est originaire de Bavière. A la fin du 18e siècle, elle est venue s'installer en France avec l'espérance de pouvoir suivre et pratiquer sa religion. Un de mes aïeux fut le premier élu juif de Westhoffen. A l'intérieur du Conseil municipal de l'époque, il a travaillé avec ses collègues afin que chaque religion (protestants, catholiques, juifs) ait son lieu de culte, son école dans le respect de chacun. Toute ma famille est originaire de ce petit village. Mon arrière grand-père, Simon Debré, en 1870, a ensuite quitté ce village pour venir à Paris. Par fidélité à la République. En effet, à la suite de la guerre de 1870, Westhoffen était passé sous souveraineté allemande. Simon Debré est, par la suite, devenu grand rabbin de Neuilly.

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Votre père, l'ancien Premier ministre Michel Debré, avait-il aussi un lien particulier avec ce village?
Même si les chemins religieux des uns et des autres ont pris des directions différentes, ma famille est restée très attachée à cette terre d'Alsace. Mon père, en 1995, juste avant de mourir, m'a dit de ne jamais oublier ce petit village de Westhoffen d'où ma famille est originaire.

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Combien de personnes de votre famille sont enterrés à Westhoffen?
Il y a une dizaine de tombes de la famille, des amis de la famille, et des parents par alliance. Toutes ont été taguées. 

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L'Alsace est une terre de tolérance et de respect

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Qu'avez-vous ressenti en voyant ça?
De la tristesse de voir qu'on s'en prend à des sépultures. Tristesse de voir des croix gammées sur des familles qui ont perdu des membres à Auschwitz. J’ai eu aussi un sentiment de honte à l'égard de ceux qui sont à l'origine de ces profanations. Mais aussi un sentiment de détermination. Nous devons plus que jamais nous rassembler pour lutter contre toutes les formes de haine et d'exclusion.

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Le cimetière de Westhoffen date du 15e siècle. Qu'est-ce que cela dit de l'intégration des juifs d'Alsace et de France?
C'est probablement l'un des plus anciens cimetières juifs d'Alsace. Cela montre que les juifs d'Alsace ont vécu en paix et en harmonie avec les autres religions. C'est une terre de tolérance et de respect.

Comment expliquer la prolifération des profanations de cimetières juifs en Alsace?
Il y a probablement un petit groupe de personnes détraquées qui profitent de la nuit pour faire ces actes. Mais ce ne sont pas des tags qui vont nous faire baisser les bras. Les tags n'effaceront pas l'histoire. A chaque fois, la communauté juive a su relever la tête et aller de l'avant. 

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Nous sommes revenus dans des sociétés où des petits groupes essayent d'effacer l'histoire

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S'attaquer à ces tombes, c'est une manière de s'en prendre au symbole de cette présence juive en Alsace?
Oui mais au-delà, c'est à la République qu'on s'attaque. Sur les tombes, les profanateurs avaient écrit le chiffre 14 qui renvoie à un groupe qui veut "protéger la race blanche". Ce sont des gens qui n'ont rien compris, qui sont dans un refus de ce qu'est la France.

Ce retour de la haine vous inquiète-t-il?
Nous sommes revenus dans des sociétés où des petits groupes essayent d'effacer l'histoire. C'est inquiétant. Mais la France n'est pas un pays raciste. Ce n'est pas un pays antisémite. Ce sont quelques-uns qui répandent ces slogans mortifères. 

Vous étiez à Westhoffen mercredi avec Christophe Castaner. Comment cela s'est-il passé?
C'était un moment à la fois de recueillement et d'espoir. Recueillement parce qu'il y avait beaucoup de monde; le village était rassemblé pour dénoncer ces actes scandaleux. Et espoir, à l'idée de retrouver les coupables. Cette haine et ces profanations ne ressemblent pas à l'Alsace. 

Christophe Castaner a annoncé la création d'un office de la haine. Qu'en pensez-vous, en tant qu'ancien ministre de l'Intérieur?
Pourquoi pas. Mais il faut surtout que dans toutes les écoles, dans toutes les communautés, on apprenne les valeurs de la République : la liberté, l'égalité, la fraternité et la laïcité.

*Jean-Louis Debré a publié en octobre Une histoire de famille (éditions Robert Laffont) où il revient sur ses racines.

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