Publicité

Vote de confiance au gouvernement : Valls sous la pression des députés

A la veille de son discours de politique générale, le Premier ministre a reçu les représentants des Verts, du PRG et les communistes. Martine Aubry avoue qu'elle "aurait signé" le texte des députés PS frondeurs. Anne Hidalgo dire faire confiance à Manuel Valls tout en étant « vigilante ».

0203426717809_web.jpg
Manuel Valls rencontre aujourd'hui les représentants des groupes parlementaires écologistes, communistes et radicaux de gauche

Par Aurélie Abadie

Publié le 7 avr. 2014 à 15:01

Opération séduction pour Manuel Valls à la veille de son au cours duquel il engagera la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale. Le nouveau Premier ministre, censé incarner le tournant politique de l'après-municipales, doit obtenir le vote de confiance de l'Assemblée. Dans ce but, il organisait cet après-midi à Matignon une série de rencontres avec les représentants des groupes parlementaires, d'abord avec les radicaux de gauche à 15h, puis avec les écologistes à 16h et enfin avec les communistes à 17h.

----------------------------------------------

ENQUETE

----------------------------------------------

Publicité

L'enjeu est de les convaincre de l'efficacité de la « méthode Valls » alors qu'à gauche de l'échiquier politique, des voix dissonantes se sont faites entendre. A commencer par les écologistes qui ont décidé de ne pas participer au gouvernement remanié. Lors du conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts ce week-end, Cécile Duflot, ancienne ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, a fustigé une politique « où le verbe et la communication priment sur les actes » Les Verts hésitent toujours entre le vote de la confiance au gouvernement et l'abstention et devraient prendre leur décision demain dans la matinée. « Les députés écologistes ont été élus dans le cadre d’un pacte majoritaire », a rappelé le co-président du groupe, François de Rugy, à l’issue de la rencontre à Matignon. « Ce que nous souhaitons évidemment voir, c’est si les engagements de ce pacte majoritaire de 2012 sont maintenant tenus », a-t-il ajouté, déplorant qu’un « certain nombre n’aient pas été tenus » depuis deux ans.

A droite, le trublion Lefebvre n’exclut pas de soutenir Valls

L’ancien secrétaire d’Etat sarkozyste Frédéric Lefebvre (UMP) n’exclut pas lundi d’accorder sa confiance à Manuel Valls. Il compte « attendre (son) discours » de politique générale avant de prendre sa décision. « Je connais Manuel Valls depuis 21 ans. Nous avons eu l’occasion de travailler de près, ensemble, en confiance sur des réformes (...). L’ayant vu, comme l’ensemble des Français, agir comme ministre de l’Intérieur, j’ai pris sa défense à plusieurs reprises », écrit le député des Français de l’étranger, qui ajoute qu’il faut lui donner « crédit de sa constance dans une ligne politique plus courageuse que celle de la majorité à laquelle il appartient. » Frédéric Lefebvre précise qu’il votera la confiance « en conscience,sans pour autant donner de blanc-seing. Ou je la refuserai au vu des orientations qui seront exposées... Ou bien je m’abstiendrai de trancher en attendant de voir les premiers actes... », liste-t-il comme positions possibles.

Manuel Valls a également fait face ce week-end à la fronde de 88 emmenés notamment par l'aubryste Christian Paul et l'un des animateurs de la Gauche Populaire Laurent Baumel. Dans une tribune parue dans « Le Journal du Dimanche », ceux-ci ont réclamé ainsi qu'« un pacte national d'investissement négocié jusqu'au niveau des entreprises ». Manuel Valls est également attendu au tournant sur les promises d'ici à 2017 sur les budgets de l'Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales. « Nous soutiendrons les économies efficaces, pas les régressions sociales », ont prévenu dimanche les députés socialistes. Les parlementaires socialistes souhaitent également que le pacte de responsabilité avec les entreprises, dont Manuel Valls devrait dévoiler les détails demain, soit soumis au droit d'amendement et au vote des députés. « Il me paraît inconcevable que le Parlement ne soit pas appelé à se prononcer sur ce pacte dit de responsabilité », a déclaré Henri Emmanuelli, député des Landes.

Martine Aubry soutient les « frondeurs » socialistes

La maire PS de Lille, Martine Aubry, a déclaré hier son soutien aux députés « frondeurs ». Le député PS « Jean-Marc Germain, qui est un de mes proches, l'a redit ce matin : Notre sujet n'est pas d'ennuyer le gouvernement mais au contraire d'accompagner et d'aider le gouvernement », a-t-elle souligné. Martine Aubry a indiqué qu'elle aurait « signé » la tribune des socialistes. « Pour que notre République marche bien, il faut un président qui donne le projet, qui dise où on va, il faut un gouvernement qui gouverne et il faut un Parlement qui soit entendu ».

La nouvelle maire de Paris, Anne Hidalgo, semble quant à elle accorder une « confiance » relative au nouveau Premier ministre. Si elle défend volontiers les qualités de Manuel Valls, « énergie » et « envie faire réussir le pays », elle sera « vigilante ». En tant qu’élue des Parisiens, elle souhaite veiller à ce que ceux-ci soient entendus et considèrent qu’il est important que le Premier ministre prenne appui sur les élus locaux et les parlementaires pour gouverner.

Sauf surprise, la plupart de ces députés voteront tout de même en faveur du gouvernement. « Je voterai bien entendu la confiance à ce gouvernement. Ne pas le faire serait lui faire un procès d’intention et pourrait ouvrir une crise politique », a déclaré le rapporteur du budget Christian Eckert. Certains laissent toutefois planer le doute, à l’instar de Henri Emmanuelli et Pouria Amirshari, député des Français de l’étranger, qui conditionnent leur vote à la possibilité de se prononcer sur le pacte de responsabilité. « Ce sera pour moi le prix de la confiance. Confiance, oui, chèque en blanc non. En l’absence de cet engagement précis, ce sera l’abstention », a averti Henri Emmanuelli

Pour David Assouline, porte-parole du PS, il est au contraire hors de question de « saucissonner » les textes. Il s’agit, selon le sénateur de Paris, de l’engagement de la responsabilité » des députés dans une déclaration « qui comprend (...) le pacte de responsabilité, comme le pacte de solidarité, comme ce qui est nécessaire pour redresser la France, y compris dans la justice », a-t-il déclaré lors du point presse hebdomadaire du parti.« Chaque élément, le pacte de responsabilité, le pacte de solidarité, comme notre politique européenne forment un tout indissociable. (...) C’est bien dans ce paquet d’ensemble qu’il faut juger chacun de ces paquets » a-t-il ajouté.

Le Front de Gauche hésite entre abstention et vote contre

Quant aux dix députés du Front de gauche, ils ont fait savoir qu'ils décideraient mardi matin de voter contre la confiance au gouvernement, ou de s'abstenir. Leur chef de file, André Chassaigne, avait déclaré mardi dernier que « bien sûr » les députés voteraient contre. Mais il s'agissait de son opinion personnelle, a précisé lundi son entourage. Une délégation des parlementaires communistes et FG a été reçue lundi à 17H00 par le Premier ministre. « Il ne faut pas voter la confiance à qui ne la mérite pas », a résumé lundi sur BFM TV le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon.

Si le gouvernement de Manuel Valls n’obtient pas demain la majorité lors du vote de confiance, il pourrait alors être renversé. Mais ce risque est ténu puisque le groupe socialiste dispose au Palais Bourbon de la majorité absolue avec 291 députés sur un total de 577. Pour le renverser, il faudrait donc que 50 députés PS, au minimum, votent contre. « Il y aura quatre cinq abstentions », a déclaré à Reuters Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée. « C’est du cirque, ce sont les aubrystes qui ne sont pas contents, pas contents de ne pas être au gouvernement, et un petit fonds global du groupe qui souhaite une inflexion sociale. » Dans un entretien au Monde daté de mardi, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone a également tenté de minimiser la fronde  : « Aucun des députés de la majorité n’a envie d’ajouter de la crise à la crise », estime-t-il. Après la débâcle des municipales, « le Premier ministre doit être capable de les rassurer car, au-delà des députés, c’est le pays qui le sera », ajoute-t-il.

Aurélie Abadie

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité