Les dossiers lauréats de l’appel à projets visant à sauver quatre églises de Rouen (Seine-Maritime), Saint-Nicaise, Sainte-Croix-des-Pelletiers, Saint-Pierre-du-Châtel et Saint-Paul, désaffectées et désacralisées, ont été dévoilés jeudi 5 décembre 2019.
Ces lieux de patrimoine en péril, la Ville ne peut plus en supporter la charge financière. La collectivité s’est donc résolue à s’en séparer, pour leur donner une chance de survie, selon de nouvelles vocations portées par des acteurs privés.
Une église-brasserie viking
• Lieu de production de bière à Saint-Nicaise : « Ragnar »
L’église mi-pierre mi-béton a nécessité une intervention récente de mise en sécurité. Elle deviendra un lieu de production de bière, la Ragnar, d’inspiration viking, actuellement en phase de lancement dans l’agglo de Rouen. Lieu de production, cette « église-brasserie » — comme il en existe déjà en Irlande ou aux Pays-Bas —sera également un « lieu d’accueil du public ouvert sur le quartier, de consommation (seulement 5 % de la production du site), d’« histotainment » à travers la mise en valeur du lieu et du mobilier appelé à rester sur place, aussi bien les meubles que le mobilier archéologique », souligne la Ville.
Un édifice mi-verre mi-pierre
• Un restaurant/hôtel de charme à Saint-Pierre-du-Châtel : « La Métropolitaine »
Bombardée en 1944, ayant déjà perdu sa vocation d’église pendant la Révolution, l’église de la rue Camille-Saint-Saëns (le long de la rue aux Ours) est en grande partie ruinée. « Le projet consiste en la mise dans une boîte en verre et acier nervuré d’un restaurant et de trois chambres d’hôtel de charme qui unifient les ruines restaurées de Saint-Pierre-du-Châtel, détaille la Ville de Rouen. Sur le toit, un rooftop serait ouvert selon les saisons en guise d’after work/after shop. »
Un lieu hybride
• Coworking, halle gourmande et événementiel à Sainte-Croix-des-Pelletiers : « Bek’Miettes »
Elle aussi n’est plus une église depuis bien longtemps. Là, le projet est hybride, il s’agira d’un espace qui associera coworking, café, appartements et lieu public où des événements divers pourront être organisés. « L’architecture, réversible, propose par ses aménagements (mezzanines) de traverser les baies, « toucher les voûtes » et découvrir des terrasses extérieures conçues comme des jardins suspendus », informe la Ville.
Saint-Paul orpheline
Saint-Paul, en revanche, n’a pas reçu de proposition. Située à un nœud routier en bas de la route de Bonsecours, la question de son accès est particulièrement délicate.
Les projets ont été évalués — par un jury composé d’élus, de représentants de la Direction régionale des affaires culturelle (Drac) et d’associations de défense du patrimoine — à l’aune de trois critères : qualité de la restauration, un préalable indispensable, dans le respect du bâtiment d’origine et en partenariat avec la Drac ; insertion dans le quartier et la ville ; faisabilité économique, sachant que la Ville n’apportera pas de fonds pour l’investissement ni le fonctionnement.