Charles IX : « Si Monsieur le pape fait trop la bête, je prendrai moi-même Margot par la main et la mènerai épouser en plein prêche ! » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Guerres de Religon (suite). La Saint-Barthélemy, 24 août 1572.

Les protestants sont venus en masse à Paris, pour fêter les noces d’Henri III de Navarre (futur Henri IV) avec la reine Margot (sœur de Charles IX). Ce mariage royal va déclencher le massacre. Des milliers de morts en une nuit, le fanatisme va gagner tout le pays et renforcer l’armée protestante…

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Si Monsieur le pape fait trop la bête, je prendrai moi-même Margot par la main et la mènerai épouser en plein prêche ! »519

CHARLES IX (1550-1574), 1er août 1572

Cité au XVIIIe siècle par Voltaire (Œuvres complètes) et au XIXe siècle par Alexandre Dumas (La Reine Margot), entre autres sources.

Le roi s’impatiente, le pape tardant à donner sa dispense pour le mariage de sa sœur avec Henri de Navarre, protestant. Il espère que cette union sera gage de réconciliation, après la paix de Saint-Germain qui mit fin à la troisième guerre de Religion (…) Il va surtout déclencher la quatrième guerre de Religion.

« S’il y eut jamais une au monde parfaite en beauté, c’est la reine de Navarre. Toutes celles qui sont, qui seront et jamais ont été, près de la sienne sont laides et ne sont point beautés. »520

BRANTÔME (1540-1614), Mémoires de Pierre de Bourdeille, abbé et seigneur de Brantôme

Homme de guerre et de cour, devenu mémorialiste après une chute de cheval qui l’immobilise sur ses terres du Périgord. Et voici l’abbé et seigneur de Brantôme sous le charme de Marguerite de Valois, aussi intelligente et cultivée que belle, qui devient reine le jour de ses noces avec Henri de Navarre, ce 16 août 1572. Protestants venus en foule à Paris pour ce mariage.

« La fortune, qui ne laisse jamais une félicité entière aux humains, changea bientôt cet heureux état de triomphe et de noces en un tout contraire, par cette blessure de l’Amiral, qui offensa tellement tous ceux de la religion que cela les mit comme en un désespoir. »521

MARGUERITE DE VALOIS (1553-1615), Mémoires

Son mariage devait sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Mais les chefs catholiques ne peuvent admettre qu’un protestant entre dans la famille royale. Et l’amiral de Coligny, artisan de ce mariage, est le premier visé.

« Mon Dieu, ma sœur n’y allez pas ! »522

Claude de FRANCE (1547-1575) à sa sœur Marguerite, 23 août 1572. Mémoires, Marguerite de Valois

La mariée s’apprête à rejoindre au lit son mari Henri de Navarre. Mais sa sœur craint pour sa vie, sachant le sinistre projet, le massacre prévu. Dans la nuit du 23 au 24 août, le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois appelle les milices bourgeoises et ameute la populace parisienne. Premier des protestants visés, Coligny.

« Tuez-les, mais tuez-les tous, pour qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher. »523

CHARLES IX (1550-1574), 23 août 1572. Nouvelle Histoire de France (1922), Albert Malet

L’amiral de Coligny échappa au matin du 22 août à un attentat organisé par les Guise (…) Le roi se rend au chevet de son conseiller, qui le conjure de se « défier de sa mère ». Rentré au Louvre, il répète pourtant ses propos à Catherine de Médicis, qui se concerte avec les Guise : le massacre des huguenots est décidé (…) Il donne son accord à contrecœur (…)

« Si c’était un homme du moins ! C’est un goujat ! »524

Amiral Gaspard de COLIGNY (1519-1572), dans la nuit du 23 au 24 août 1572 (…)

Coligny toise l’homme qui va le frapper, un certain Bême, sbire des Guise, même pas un seigneur digne de lui ! (…) Sa fin est des plus humiliantes : surpris dans son lit, achevé à coups de dague, son corps jeté par la fenêtre, éventré, émasculé, décapité, porté au gibet de Montfaucon, exhibé, pendu par les pieds, exposé à d’autres sévices (…)

« Le corps d’un ennemi mort sent toujours bon. »525

CHARLES IX (1550-1574), 24 août, jour de la Saint-Barthélemy (du nom du saint, fêté sur le calendrier). Cité au XVIIIe siècle par Voltaire (…), au XIXe siècle par Alexandre Dumas (La Reine Margot) (…)

Les guerres de Religion, l’une des pages d’Histoire les plus riches en mots. Ce mot (de l’empereur romain Vitellius) est attribué à Charles IX, devant le corps de Coligny. Cette nuit, cet assassinat et ses suites – les milliers de morts et le sacrifice de son conseiller – hanteront cependant les nuits du jeune roi, jusqu’à sa mort prochaine (…) Faible de caractère, manipulé par sa mère et ses proches (les Guise et son frère Henri, le duc d’Anjou), il semble qu’il ait donné son accord pour tuer tous les chefs… Oui, mais pas tous les protestants de Paris, de Navarre et de France !

« Hélas qu’ai-je donc fait ?
– Si tu n’as rien fait, cela doit te consoler : tu mourras innocent ! »526

Réplique d’un capitaine suisse au jeune Saint-Martin, nuit du 23 au 24 août 1572. Charles IX (1986), Emmanuel Bourassin

 L’« innocent » Saint-Martin, dit Brichanteau, est arquebusier du roi. Et le Suisse transperce le cœur du « parpaillot », la nuit de la Saint-Barthélemy. « Tuez-les tous ! » (…) On retrouvera ce climat de guerre civile sous la Terreur révolutionnaire et la Commune de Paris.

« Saignez, saignez, la saignée est aussi bonne au mois d’août qu’au mois de mai ! »527

Maréchal de TAVANNES (1509-1573), 24 août 1572. Œuvres complètes, volume X (1823), Voltaire

Ancien page de François Ier, gouverneur de Bourgogne où il se distingua par son fanatisme contre les réformés, il excite ses soldats au massacre de la Saint-Barthélemy, appelé la boucherie de Paris (…) Le livre de comptes de l’Hôtel de Ville de Paris inscrit 1 100 sépultures, l’historien contemporain Jacques Auguste de Thou écrit : 30 000 morts (…) 4 000 morts, bilan vraisemblable.

« Les Parisiens se mettent au pillage avec une extraordinaire avidité : bien des gens ne s’étaient jamais imaginé qu’ils pourraient posséder un jour les chevaux et l’argenterie qu’ils ont ce soir dans les mains. »528

Antonio Maria SALVIATI (1537-1602), nonce apostolique, lettre au pape Grégoire XIII. Correspondance du nonce en France, Antonio Maria Salviati : 1572-1578 (1975)

Florentin et cousin de Catherine de Médicis (…) témoin privilégié d’une page d’histoire qui concerne le pape, même si le Saint-Siège n’est pour rien dans le massacre ! Sa correspondance est un modèle d’ordre et de régularité, source précieuse pour les historiens, avec une partialité somme toute logique en faveur des catholiques (…) La tuerie va s’étendre à tout le royaume.

« Il valait mieux que cela tombât sur eux que sur nous. »529

CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), Lettre à l’ambassadeur de Toscane à propos du massacre de la Saint-Barthélemy (…)

Sans doute responsable des massacres, malgré la prochaine déclaration de Charles IX au Parlement de Paris. Mais au point de haine où catholiques et protestants sont arrivés, le choc semblait inévitable et la balance pouvait pencher de l’un ou l’autre côté (…) Effet non prévu, la Saint-Barthélemy va renforcer le parti protestant qui s’organise (…)

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