POLITIQUE - “Pourquoi considérer que c’est révolutionnaire alors que c’est juste une politique sensée?” C’est un réquisitoire en règle que livre l’actrice Jeanne Balibar contre Emmanuel Macron, la politique de son gouvernement et plus globalement le capitalisme. Césarisée pour son interprétation de la chanteuse Barbara en 2018, la comédienne est effectivement revenue sur ses origines familiales communistes dans une interview publiée jeudi 5 décembre par So Film.
Et ce qu’elle pense du gouvernement d’Édouard Philippe n’est pas franchement positif. Mais c’est à l’égard du président de la République que l’interprète de la commissaire dans le film “Les Misérables” de Ladj Ly, s’est montrée particulièrement dure.
Jeanne Balibar ne peut visiblement pas concevoir la prise de conscience présumée d’Emmanuel Macron sur le malaise dans les banlieues.
“Responsable de toute mort dans un hôpital”
Pourtant, c’est un indiscret du Journal du dimanche qui révélait courant novembre qu’Emmanuel Macron avait été “bouleversé par la justesse” des “Misérables.” Selon l’hebdomadaire politique, le film primé à Cannes a touché le chef de l’État au point qu’il “demande au gouvernement de se dépêcher de trouver des idées et d’agir pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers”.
“C’est de la merde”, tranche Jeanne Balibar. “Tant qu’il n’y a pas de bouleversement de la politique fiscale, ça ne sert à rien d’aller voir un film et de dire ‘je suis bouleversé’, c’est de la merde”, explique-t-elle plus en détail tout en s’en prenant vivement à la politique d’Emmanuel Macron qui favoriserait les plus riches depuis son accession au pouvoir.
“On voit des milliardaires devenus cent fois plus milliardaires qu’il y a vingt ans, et tout chef d’État qui ne rapatrie pas cet argent aujourd’hui est un criminel, responsable de toute mort dans un hôpital”, cingle-t-elle avant de juger par conséquent Emmanuel Macron “directement responsable” “de toute dérive sociale ou psychique non soignée par la justice, de tout enfant qui ne fera pas d’études à la hauteur de ses capacités intellectuelles, de toute personne qui ne pourra pas se déplacer pour trouver un travail.”
“J’en ai marre d’entendre parler de la révolution”
Dans cette interview la comédienne est également revenue sur les traditions communistes de sa famille. “J’en ai marre d’entendre parler de la révolution parce qu’on m’en parle depuis cinquante ans et qu’il ne se passe rien, ça ne fait qu’empirer”, déplore-t-elle. La solution pour Jeanne Balibar? “Récupérer” l’argent des milliardaires. “Pourquoi considérer que c’est révolutionnaire alors que c’est juste une politique censée?”
Quelques jours auparavant, c’est Vincent Lindon qui avait démontré qu’il est sans doute l’un des acteurs les plus engagés du cinéma français. Dimanche 1er décembre, l’acteur récompensé au festival de Cannes pour son interprétation d’un vigile de supermarché dans “La loi du marché, a livré un édito flamboyant aux Échos avec une question en fil rouge: “comment nos décideurs peuvent-ils dormir la nuit?”
“Ont-ils oublié que rien n’est plus précieux que la santé? Ne savent-ils plus que l’école est l’outil indispensable d’ouverture sur le monde, où l’on apprend à nos enfants à discerner le bien du mal, le juste de l’inéquitable?”, clame Vincent Lindon en estimant “qu’aux oubliés de la start-up nation, il ne reste que la rue pour dire leur colère ou leur désespoir.”
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