Olivia a dû subir une thoracotomie : "Mon implant contraceptif a migré de mon bras à mon poumon"

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Olivia a dû subir une thoracotomie : "Mon implant contraceptif a migré de mon bras à mon poumon"

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Le Nexplanon est un petit bâtonnet en plastique de la taille d'une allumette qui s'insère dans le bras et diffuse une hormone en continu
Le Nexplanon est un petit bâtonnet en plastique de la taille d'une allumette qui s'insère dans le bras et diffuse une hormone en continu
© Getty - GARO / Phanie

Olivia fait partie de la trentaine de femmes dont l'implant contraceptif Nexplanon, initialement inséré dans le bras, a migré. Dans son cas, il a été retrouvé dans l'artère pulmonaire. L'Agence du Médicament annonce qu'elle va renforcer l'information auprès des femmes et des professionnels de Santé.

Une cicatrice de 20 centimètres et des douleurs encore persistantes aux côtes et aux poumons, Olivia se remet à peine de sa thoracotomie pratiquée à la mi-septembre. Cette jeune trentenaire a subi cette lourde intervention chirurgicale afin d'extraire son implant contraceptif posé il y a presque 6 ans dans son bras gauche : "À l'époque je supportais très bien la pilule mais j'avais peur des oublis, du coup j'ai préféré opter pour un dispositif permanent", explique la jeune femme. Le Nexplanon (seule marque d'implant contraceptif commercialisée en France) est un petit bâtonnet en plastique de la taille d'une allumette. Il est implanté sous la peau du bras et libère en continue une hormone qui bloque l'ovulation. 

Quatre ans pour retrouver l’implant

Olivia se rappelle que l'insertion a été très douloureuse: "la pose s'est très mal passée, j'ai beaucoup saigné et j'ai eu un hématome". Un mois après, lors d'un contrôle, sa gynécologue ne retrouve pas l'implant mais ne s'inquiète pas pour autant: "Elle m'a dit qu'on le chercherait quand je voudrais l'enlever, qu'il avait dû bouger légèrement et devait être un peu plus profond dans le bras". Ce n'est qu'un an et demi plus tard, quand cette trentenaire souhaite le faire retirer pour pouvoir tomber enceinte, qu'elle réalise la gravité de cette disparition : "Ma gynécologue s'est décomposée et moi avec, car elle ne savait pas quoi me proposer pour le retrouver". Ce n'est qu'en mai dernier après 4 ans d'investigation et de multiples radios du bras puis du thorax que finalement un radiologue repère l'implant lors d'un scanner, coincé dans l'artère pulmonaire : "Cela veut dire qu'il est passé du bras gauche au poumon droit" commente Olivia. Craignant de faire une embolie pulmonaire ou une infection, elle se le fait retirer en septembre lors d'une thoracotomie réalisée à l'hôpital Marie Lannelongue au Plessis-Robinson (92). 

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Manque d'information sur les risques

Selon les signalements recueillis par l' Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et l'Association des victimes d'embolies pulmonaires et AVC liés à une contraception hormonale l' AVEP, au moins trente femmes auraient été victimes d'une migration de leur implant depuis sa commercialisation en 2001. "Le plus souvent il va bouger un tout petit peu dans le bras, mais parfois, si il est inséré dans un vaisseau sanguin, il peut migrer jusqu’à l’artère pulmonaire" précise Isabelle Yoldjian, la cheffe du pôle gynécologie à l'ANSM. Si les hypothèses d'une morphologie particulière du bras ou de la répétition de gestes sont évoquées, c'est dans la majorité des cas une pose incorrecte par le médecin ou la sage-femme qui expliquerait cette migration. Dans le cas d'Olivia, le doute demeure : "les médecins ne savent pas s'il s'agit d'un problème au moment de la pose, si cela vient du pistolet pour l’insérer ou de l'implant en lui-même ". Si sa gynécologue n'est pas directement pointée du doigt, la trentenaire lui en veut beaucoup d'avoir laissé traîner les choses : "À cause d'elle, j'ai dû subir cette intervention, à cause d'elle je n'ai pas pu tomber enceinte, à cause d'elle j'ai vécu des moments difficiles sans savoir ce qui allait m'arriver". Un ressenti d'autant plus fort qu'à aucun moment sa gynécologue ne l'a prévenue de ce risque. 

Les femmes ont le droit de savoir à quoi elles s'exposent quand elles prennent ce genre de dispositif

L'ANSM a annoncé ce vendredi matin qu'elle enverrait dans les prochaines semaines un courrier aux professionnels de santé pour rappeler la procédure d'insertion et de retrait du Nexplanon. Elle invite, par ailleurs, les femmes porteuses de cet implant à vérifier sa présence en palpant régulièrement leur bras et à consulter rapidement si elles ne le repèrent plus.  

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