La Grèce procède à des renvois de réfugiés déboutés vers la Turquie en s'appuyant sur deux accords.
Premièrement, un accord bilatéral entre la Grèce et la Turquie, qui existait déjà avant 2016, permet le retour de personnes auxquelles l’asile est refusé.
Deuxièmement, l’accord entre l’Union européenne et la Turquie prévoit la "réadmission" des personnes situées dans les centres "hotspot" sur les îles grecques dont la demande d’asile n’est pas refusée sur le fond – le fait que ces personnes ont besoin de protection – mais sur le fait qu’elles peuvent être en sécurité en Turquie. Cela s’applique pour la majorité des réfugiés syriens qui demandent l’asile aujourd’hui en Grèce.
"Si on juge que les réfugiés sont en sécurité en Turquie, on les renvoie là-bas", dit Aurélie Ponthieu. "L’un des seuls critères d’exclusion (de ce renvoi en Turquie) qui existait jusqu’à présent sous l’ancien gouvernement était la vulnérabilité. Les personnes qui souffraient de stress post-traumatique étaient exclues, les victimes de naufrages… il y avait toute une liste de vulnérabilités. Et c’est cela qui est remis en question aujourd’hui par le nouveau gouvernement grec à la demande de la Commission européenne."
Cette vulnérabilité est liée à la fois au pays qu’ils fuient – donc aux situations de guerre, de conflit, de persécution – mais aussi à la situation migratoire dans laquelle ils sont. "On voit des personnes qui sont sur les routes migratoires attaquées, violées, et qui arrivent en Grèce avec des besoins spécifiques", observe la conseillère en affaires humanitaires pour MSF. "Elles ont le droit d’avoir des procédures qui sont respectueuses de leur vulnérabilité. Et ça veut dire : pas des procédures accélérées, arbitraires. C’est cela qu’on remet en question aujourd’hui. Et puis surtout cette idée qu’on peut maintenir ces personnes dans des petites îles comme ça alors que le sens commun voudrait que ce soit juste des endroits de transit et qu’on fasse la procédure ailleurs, dans un endroit où il y a des conditions d’accueil dignes, où il y a un accès aux soins, où les enfants peuvent aller à l’école. Et aujourd’hui, on est vraiment dans une procédure de détention et de retour accéléré", conclut Aurélie Ponthieu.