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Liban - Reportage

Manifestation devant le Parlement : « Ils n’ont rien compris »

« Nous pourrions accepter Saad Hariri s’il revenait sans l’ancienne équipe gouvernementale », affirme une manifestante.

Ils ont manifesté malgré la pluie et le froid. Photo Patricia Khoder

« Tous, sans exception, et Hariri est l’un d’eux. » C’est ce que scandait la petite foule rassemblée dès 17h hier devant l’une des artères menant à la place de l’Étoile, alors que Samir Khatib venait d’annoncer qu’il se récusait au profit du Premier ministre sortant Saad Hariri.

Sous une pluie battante, ils étaient quelques centaines à manifester dans le centre-ville de Beyrouth non loin du Parlement, sans pour autant forcer le cordon de sécurité dressé par la brigade antiémeute bloquant leur accès à la place de l’Étoile.

« Je pense qu’ils n’ont rien compris. Si nous sommes dans la rue depuis 53 jours, ce n’est pas pour que Saad Hariri soit reconduit », lance Mary, venue manifester avec une ressortissante belge, qui avait vécu durant les années quatre-vingt-dix au Liban.

Odile, la quarantaine élégante, manifestant avec ses deux amies, renchérit : « Peut-être que nous pourrions accepter Saad Hariri, mais nous refuserons qu’il revienne avec l’ancienne équipe gouvernementale, à commencer par Gebran Bassil (le ministre sortant des Affaires étrangères) ou encore les ministres du Hezbollah et du mouvement Amal. » De nombreux autres manifestants sont de cet avis. « Si Hariri revient, il faut qu’il préside un gouvernement de spécialistes qui entameront des réformes en gérant la crise et en préparant de nouvelles élections », explique Camille, un homme d’une trentaine d’années.

« Nous ne quitterons pas la rue. S’ils croient que nous perdrons notre entrain et notre patience, ils se trompent. Leur place est en prison, pas au gouvernement », martèle de son côté Hadi, un jeune barbu qui rêve d’un gouvernement constitué de technocrates.

Comme de nombreux manifestants, il menace de bloquer à nouveau les rues, « jusqu’à ce que les personnes au pouvoir comprennent ». D’autres promettent aussi de manifester dans les jours qui viennent devant la Maison du Centre, résidence de Saad Hariri.

« Ce sont des incompétents. Cela fait 53 jours et ils n’ont pas encore trouvé une solution à la crise. Nous ne quitterons pas la rue. Tous les jours nous manifesterons », dit de son côté Hiba qui veut un gouvernement où il n’y a que du sang neuf.



(Lire aussi : Le retrait de Khatib propulse à nouveau Hariri sur le devant de la scène)



Venue du Nigeria pour manifester
Hier, les manifestants ont repris pour la première fois depuis longtemps leur slogan culte « Hela, hela ho » insultant Gebran Bassil, et appelé à pleins poumons le chef de l’État Michel Aoun à partir : « Dégage, tu n’es pas le père de tous. »

Malgré les jours qui passent et la crise économique qui s’installe, ils n’ont pas perdu espoir.

« Je suis venue du Nigeria pour prendre part à la révolution », affirme Marwa, enceinte de quatre mois, en donnant à manger à son fils Jad, âgé d’un an et demi. Rentrée samedi à Beyrouth, elle s’est tout de suite jointe aux manifestants et compte descendre dans la rue tous les jours. « Depuis le 17 octobre, je suis devenue accro à la télé et aux médias sociaux. Je suis rentrée car je veux vivre ces moments ici à Beyrouth et je veux que mon fils se souvienne que nous avons réussi à changer les choses, même si cela prendra vingt ans. Je veux un pays laïc, où je ne serais pas obligée de partir en Grèce ou à Chypre pour me marier civilement. D’ailleurs c’est ce que j’ai fait car j’ai épousé un Libanais d’une religion différente de la mienne… Encore heureux que mon mari soit libanais. S’il était étranger, je n’aurais jamais pu donner la nationalité à mon fils », dit-elle. « Je veux un pays plus égalitaire, où il y aura une justice sociale et où il n’y aura plus de place pour la corruption. » Sur le parking des lazaristes, la tente baptisée « La cuisine du centre-ville » a servi son repas chaud quotidien à plusieurs dizaines de personnes et des débats se sont tenus sous de nombreuses tentes, où l’on se prépare pour les temps difficiles qui s’annoncent. Devant celle relevant de l’Observatoire libanais du droit au travail, Ahmad épingle à même la toile une annonce informant toute personne qui vient d’être licenciée des services gratuits d’un avocat et d’une ligne verte où un interlocuteur est disponible 24 heures sur 24.



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« Tous, sans exception, et Hariri est l’un d’eux. » C’est ce que scandait la petite foule rassemblée dès 17h hier devant l’une des artères menant à la place de l’Étoile, alors que Samir Khatib venait d’annoncer qu’il se récusait au profit du Premier ministre sortant Saad Hariri. Sous une pluie battante, ils étaient quelques centaines à manifester dans le...

commentaires (7)

Encore une manifestante partisane ! A vomir devant tant de mauvaise foi.!

Cadige William

11 h 02, le 10 décembre 2019

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Commentaires (7)

  • Encore une manifestante partisane ! A vomir devant tant de mauvaise foi.!

    Cadige William

    11 h 02, le 10 décembre 2019

  • Hariri est un des symboles de la corruption au Liban. Si vous le blanchissez juste parce qu'il a démissionné, vous êtes une révolutionnaire de salon et vous décrédibilisez toutes les personnes sincères qui veulent purger le système. Si vous pensez que la corruption va s'arrêter juste parce que les ministres seront technocrates, vous êtes soit naïve, soit partisane… La famille Hariri s'est enrichie sur le dos du peuple (je ne vais même pas prendre la peine de vous énumérer les centaines de dossiers, SOLIDERE suffit à lui seul)donc soit vous êtes pour une purge générale (et il en fait partie), soit arrêtez de ne tirer que sur une seule partie qui vous agasse pour des raisons politiciennes et partisanes

    Bou Abdou Steeve

    18 h 35, le 09 décembre 2019

  • Il est claire que le bras de fer est en train de prendre une autre tournure. Mais on peut quand même noter que si hariri est sorti du lot, c'est parce qu'il a dés les premiers jours adhéré aux revendications du peuple en joignant les paroles aux actes et en démissionnant. Et ensuite à relayer les revendications des citoyens en exigeant un gouvernement technocrate comme le souhaite la majorité des libanais. Chose que les autres refusent de faire quitte à utiliser la violence comme seule réponse et ça, quelque soit leur plan, il est voué à l'échec. Ils ne peuvent pas rester à leurs sièges si le peuple ne veut plus d'eux. Hariri devrait se réunir au plus vite avec les autres pour former un gouvernement puisque le president ne respecte de toute façon pas la constitution autant répondre à son arrogance par des faits concrets pour sortir ce pays de la ruine et ainsi abandonner ce pseudo président retranché dans son palais à confectionner des lois qui n'existent pas se prendre à son propre jeu. La boucle sera bouclée.

    Sissi zayyat

    10 h 38, le 09 décembre 2019

  • MAIS L,AFFAIRE N,EST PAS SI SIMPLE. LA MOITIE DE LA POPULATION VEUT LE CHANGEMENT RADICAL. L,AUTRE MOITIE ... MEME A L,AFFILATION ETRANGERE, RESTE L,AUTRE MOITIE... VEUT UN MINI CHANGEMENT. RESULTAT ? POUR ETRE FRANC LA COMPOSITION DU PAYS EST TELLE QUE LES REVOLUTIONS NE SE FONT PAS AU LIBAN. CHACUN NE PEUT PAS ELIMINER L,AUTRE. ET LE PAYS S,EFFONDRE SUR LA TETE DE TOUS. A MOINS QU,IL Y AIT UN VAINQUEUR ET UN VAINCU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 36, le 09 décembre 2019

  • que les bien intentionnes continuent a l'etre , a crier victoire, a rever la faire tomber : la revolution est nee pour rester, se developper & montrer ses dents de plus belle !

    Gaby SIOUFI

    10 h 26, le 09 décembre 2019

  • Kellon ya3neh kellon sauf.....Hariri.....hahahaha.. et viva la revolucion.... Je pense que ça commence à partir en sucette cette revolucion....hahaha.... Allez je vous quitte je dois aller jouer à la marelle... hahaha...

    FRIK-A-FRAK

    04 h 57, le 09 décembre 2019

  • ILS NE VEULENT PAS COMPRENDRE. ENTRE POUVOIR ET VOULOIR LA DISTANCE EST ENORME. ET ILS SONT ATTACHES A LEURS AVANTAGES DE TOUTES SORTES. L,INTERET ET L,EXISTENCE DU PAYS ILS S,EN FOUTENT CES CORROMPUS VOLEURS INCOMPETENTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 37, le 09 décembre 2019

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