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Jean-Auguste-Dominique Ingres en 2 minutes

En bref

Dernier des peintres néoclassiques français, Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780 – 1867) est l’inventeur d’un canon de beauté féminine atypique, maniériste, qui l’a rendu célèbre. Son œuvre maîtresse est La Grande Odalisque (1814), inscrite tout autant dans l’histoire de l’orientalisme que dans la tradition des grands maîtres de la peinture occidentale. Habile dessinateur, admirateur de Raphaël et adepte de la ligne pure, Ingres fut d’une telle influence qu’on parle d’« ingrisme » ou de « période ingresque » quand d’autres artistes, tels Pablo Picasso, en sont venus à s’inspirer de sa manière.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Autoportrait à vingt-quatre ans
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Jean-Auguste-Dominique Ingres, Autoportrait à vingt-quatre ans, 1804

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huile sur toile • 77 × 61 cm • Coll. musée Condé, Chantilly

Il a dit

« Le dessin est la probité de l’art. »

Sa vie

Né à Montauban, Ingres a fait ses premiers pas aux côtés d’un père sculpteur, qui favorisa son entrée à l’Académie de Toulouse puis encouragea son fils à « monter » à Paris. En 1796, Ingres intègre l’atelier de Jacques-Louis David, le plus grand peintre néoclassique de l’époque, qu’il assiste dans certains travaux. Le jeune homme obtient le Prix de Rome en 1801 et rejoint, en 1806, la Villa Médicis, comme l’offre l’institution académique aux lauréats de ce concours prestigieux.

Lui qui admire les grands maîtres de la Renaissance, en particulier Raphaël, ce séjour romain est providentiel. Il travaille intensément au thème qui restera son préféré : le nu féminin. L’artiste réalise également des peintures d’histoire, principalement sur des thèmes mythologiques. Après la fin de sa résidence artistique, il se marie et demeure à Rome… Une ville à laquelle il reste attaché toute sa vie, occupant même la fonction de directeur de la Villa Médicis de 1835 à 1841.

Bien qu’il soit très talentueux et dessinateur hors pair, le style d’Ingres, jugé trop maniériste, ne plaît guère aux collectionneurs français. L’un des plus célèbres scandales du XIXe siècle concerne sa Grande Odalisque, un nu exposé au Salon de 1819 : Ingres est durement moqué par ses contemporains, qui lui reprochent de ne pas savoir traiter correctement l’anatomie, d’avoir peint une figure archaïque, manquant d’expression et aux proportions difformes.

Ingres fut un portraitiste prolifique et très demandé dans les années 1850. Ses œuvres constituent une remarquable galerie de portraits de la haute société du Second Empire. Ingres part d’une étude réaliste de ses modèles mais tend à les idéaliser, accentuant les effets d’arabesques, la préciosité des costumes, la monumentalité des postures, la noblesse et l’intensité des regards.

L’idéal ingresque diffère de l’idéal académique promu par l’Académie des Beaux-Arts. Selon Ingres, la beauté est subjective et personnelle à chacun des modèles. C’est au peintre de la révéler, et non simplement d’appliquer des formules toutes faites. Il enseigne à ses étudiants cette conception à l’École des Beaux-Arts à partir de 1829. Son style influencera les peintres modernes, d’Henri Matisse à Pablo Picasso, en passant par Auguste Renoir et Man Ray.

Couvert de tous les honneurs, Ingres décède à Paris en 1867. Il a légué une partie de son œuvre (en particulier des milliers de dessins) au musée de Montauban, sa ville natale.

Ses œuvres clés

Jean-Auguste-Dominique Ingres, La Grande Odalisque
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Jean-Auguste-Dominique Ingres, La Grande Odalisque, 1814

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huile sur toile • 91 × 162 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © akg-images

La Grande Odalisque, 1814

Exposé au Salon de 1819, ce grand nu allongé représente une femme occidentale dans un décor à l’oriental : chasse-mouche en plumes de paon, pipe à opium près d’un brûle-parfum, turban sur la tête… La pose, de dos, est originale, tout comme la physionomie très allongée et callipyge de l’odalisque. Il s’agit d’une figure fantasmée de harem. Ingres, qui n’a jamais fait le déplacement en Orient mais est un lecteur de récits de voyage, cède ici pleinement à la vision romancée de l’univers des gynécées ottomans.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Portrait de Monsieur Bertin
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Jean-Auguste-Dominique Ingres, Portrait de Monsieur Bertin, 1832

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Huile sur toile • 116 × 96 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • Photo Wikimedia Commons

Portrait de Monsieur Bertin, 1832

Ce portrait du directeur du Journal des débats est emblématique de la facture classique et académique de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Sur un fond neutre davidien, le personnage impose sa stature monumentale, les mains sur les genoux. Son costume, sa montre en or… tout témoigne de son statut de grand bourgeois. Ingres a peint un certain nombre de portraits au cours de sa carrière, mais relativement peu dans les années 1830. Celui-ci lui a peut-être été inspiré par le portrait du Pape Léon X (1518–1520) de Raphaël, son artiste de prédilection.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Le Bain turc
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Jean-Auguste-Dominique Ingres, Le Bain turc, 1852–1859 (modifié en 1862)

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huile sur bois • 108 × 108 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © akg-images

Le Bain turc, 1852–1859 (modifié en 1862)

Considérée comme l’œuvre la plus érotique d’Ingres, Le Bain turc associe de nombreux nus féminins dans des postures équivoques et qui reprennent certaines œuvres antérieures du peintre. Commandée par le prince Napoléon, la toile fut rendue à l’artiste après qu’elle ait choqué l’impératrice. Ingres la retravailla pour en faire un tondo (une toile circulaire), comme un hommage, là encore, à Raphaël. La forme donne également l’impression au spectateur d’observer une scène intime par un trou dérobé dans une cloison.

Par • le 9 décembre 2019

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