MELOLes Brésiliennes des années 1950 parlent aux femmes de 2020

« La vie invisible d’Euridice Gusmão » : Comment les Brésiliennes de 1950 parlent aux femmes de 2020

MELODeux sœurs brésiliennes séparées par leur père bouleversent par ce qu'elles révèlent de l'émancipation des femmes dans « La vie invisible d’Euridice Gusmão » en salle ce mercredi
«La vie invisible d’Euridice Gusmão» de Karim AÏnouz
«La vie invisible d’Euridice Gusmão» de Karim AÏnouz - ARP Sélection
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Les deux sœurs de « La vie invisible d’Euridice Gusmão » vivent des existences parallèles et douloureuses.
  • Karim Aïnouz s’appuie sur leur histoire pour évoquer la condition féminine dans le Brésil des années 1950.
  • Son film se révèle une réflexion bouleversante sur l’émancipation des femmes quelle que soit leur époque.

Karim Aïnouz fait monter les larmes aux yeux du spectateur avec La vie invisible d’Euridice Gusmão qu’il définit lui-même comme un mélodrame tropical. A mi-chemin entre Douglas Sirk et Rainer Werner Fassbinder (son idole), le réalisateur retrace la vie de deux sœurs séparées par leur père dans cette fresque qui lui a valu de remporter le Prix Un Certain regard à Cannes cette année.



« Je parle de l’émancipation féminine au Brésil dans les années 1950 mais je crois que, bien que les choses aient évolué, beaucoup de femmes d’aujourd’hui peuvent se retrouver dans mon récit », explique le cinéaste à 20 Minutes. Ses héroïnes, victimes du patriarcat, fendent le cœur mais font vibrer le public par leur incroyable force de survie.


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Des destins brisés

Les deux femmes inspirées d’un roman de Matha Batalha (disponible en Livre de Poche) tentent de trouver leur place dans la société. L’une, fille-mère, survit dans un bordel et l’autre a dû renoncer à son rêve de pianiste virtuose pour suivre son mari. « Les femmes sont souvent contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse tant elles sont écrasées par leur entourage, précise le réalisateur. Bien qu’elles se battent courageusement, la nostalgie que certains ont de l’idéologie fasciste conduit à être vigilant de nos jours. » Le déchirement de ces sœurs qui vivent des existences parallèles est une bonne façon de dénoncer l’arbitraire dont elles sont victimes.

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De grandes comédiennes

Carol Duarte et Julia Sotckler font de brillants de débuts à l’écran. « Pour le casting, je leur ai demandé de raconter une histoire en épluchant des patates et j’ai été emballé car il se dégageait d’elles un charisme incroyable pendant cette activité domestique. » Une légende du cinéma brésilien Fernanda Montenegro (Central do Brazil) apporte aussi sa caution à cette histoire de femmes fortes. « Elle a vécu la période que décrit mon film et c’était important qu’elle soit là », déclare le cinéaste. Il a reçu les confidences de plusieurs octogénaires et nonagénaires pour écrire son scénario.

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Une nuit de noce brutale

Le réalisateur de Madame Satã et La Plage du désir a soigné l’image de son film au point d’offrir un véritable enchantement visuel. « Certaines choses très dures ne peuvent passer que si on les montre de façon esthétique ce qui n’empêche pas de les dénoncer », précise-t-il. La nuit de noces brutale de l’une des sœurs se révèle l’une des séquences les plus fortes du récit. A l’image de l’œuvre tout entière, cette scène étonne par son cocktail subtil de beauté et de brutalité.

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