Réforme des retraites : Laurent Berger dénonce une "négation du rôle des acteurs sociaux"

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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, après une rencontre avec le Premier ministre au Palais Matignon, à Paris, le 25 novembre. © ERIC FEFERBERG / AFP
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Tiffany Fillon , modifié à
Dans "Le Journal du Dimanche", Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, explique pourquoi il n'est pas satisfait des annonces du gouvernement concernant la réforme des retraites. Exigeant le retrait de l'âge pivot de la réforme, il réclame plus d'écoute des syndicats de la part du gouvernement. 

Alors que la grève à la RATP et à la SNCF dure depuis maintenant onze jours, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, est revenu, dans une interview au Journal du Dimanche (JDD), sur les négociations entre les syndicats et le gouvernement à propos de la réforme des retraites. Exigeant que le Premier ministre Édouard Philippe "sorte la question de l'âge d'équilibre du projet de loi", Laurent Berger estime qu'"il faut trouver une solution", tout en réclamant plus d'écoute de la part du gouvernement. 

"On ne peut pas dire qu’on n’a pas discuté, et qu’on n’a pas pu faire avancer un certain nombre d’idées. Dialoguer, c’est bien. Mais il faut aussi écouter. Il reste quand même une forme d’arrogance sur le mode  'c’est nous qui savons'", pointe Laurent Berger, dans les colonnes du JDD

"Nous avons toujours dit qu’on ne voulait pas de cet âge pivot" 

Dans cette interview, le syndicaliste assure tenir fermement au retrait de l'âge d'équilibre du projet de loi, une revendication de la CFDT qui ne date pas d'hier. "Nous avons toujours dit qu’on ne voulait pas de cet âge pivot. Donc le mardi 17 décembre, il y aura beaucoup de militants de la CFDT dans la rue pour dire deux choses : d’abord, que nous voulons que l’on sorte l’âge d’équilibre de cette réforme. Ensuite, que nous sommes pour une réforme systémique, et que nous voulons des améliorations sur les phases de transition le minimum contributif, la pénibilité", affirme le leader de la CFDT. 

L'âge pivot, la "ligne rouge"

Malgré une position claire de la CFDT concernant la réforme des retraites, Laurent Berger, estime que le gouvernement a beaucoup tergiversé. "Jusqu'en juillet, il y a eu des concertations. Et nous avions salué le rapport du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, car il montrait qu’un système universel de retraites était possible. [...] Dès le départ, nous avions placé cette ligne rouge de l’âge pivot", rappelle Laurent Berger. "Ensuite, il y a eu un bazar incommensurable au sein du gouvernement : une annonce dans un sens, puis dans l’autre… Fin août, le Président a lui-même expliqué qu’il n’y aurait pas d’âge pivot, avant de dire qu’on allait faire la clause du grand-père !"

Laurent Berger n'est pas non plus satisfait du discours du Premier ministre, prononcé mercredi. "La recherche de l’équilibre n’est pas un gros mot pour la CFDT mais là, le Premier ministre nous dit : 'Vous pouvez vous arranger entre vous, mais on vous indique le chemin, la destination et la date !' C’est une négation du rôle des acteurs sociaux", s'indigne-t-il. 

Depuis la présentation de la réforme, le patron de la CFDT explique s'être entretenu jeudi avec le Premier ministre. "Il nous a appelés à 18h45 en disant qu’il fallait qu’on discute", précise Laurent Berger. "Ça tombe bien : la CFDT est toujours disposée à discuter. Le Premier ministre a d’ailleurs eu toutes les organisations. L’idée, c’est de trouver une solution. Et la solution, c’est qu’il sorte la question de l’âge d’équilibre du projet de loi".