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Football

Face au racisme, les jeunes du Hertha Berlin quittent le terrain

Les moins de 16 ans du club du Hertha Berlin n’ont pas terminé leur match face au VfB Auerbach 1906, samedi 14 décembre. Dénonçant des « insultes racistes » prononcées par leurs adversaires, les jeunes Berlinois ont préféré quitter le terrain. Ils espèrent provoquer une prise de conscience pour « surmonter ce problème » dans le football.

Le logo du Hertha Berlin.
Le logo du Hertha Berlin. Annegret Hilse/Reuters
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Ce ne devait être qu’un simple match entre juniors. Ce samedi 14 décembre, les moins de 16 ans du Hertha Berlin affrontaient à l’extérieur leurs homologues du VbB Auerbach 1906, dans le cadre de la 15e journée de leur championnat régional. Cette rencontre n’est pas allée à son terme. Après 68 minutes de jeu, et alors qu’ils menaient 2-0, les joueurs du Hertha ont abandonné le terrain.

Plusieurs joueurs auraient été insultés par leurs adversaires

Le club berlinois a communiqué plus tard sur les raisons de cet abandon. « Nos U16 ont été contraints d’abandonner leur match à Auerbach en raison de multiples attaques à caractère racistes visant nos joueurs », assure le Hertha Berlin sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué, le club de la capitale livre des détails : « Plusieurs joueurs de notre équipe ont été victimes d’insultes racistes de la part de leurs adversaires. »

Ainsi, à la 68e minute de jeu, et après en avoir informé l’arbitre, les Berlinois ont quitté le terrain. Paul Keuter, membre du bureau exécutif du Hertha Berlin, délivre un message clair : « Il y a des situations dans lesquelles le football devient secondaire pour nous. Nous avons une responsabilité envers nous-mêmes, envers nos joueurs et aussi envers la société. Nous prenons cette responsabilité très sérieusement, et c’est pourquoi ne pas poursuivre ce match était la seule bonne décision. »

« Les valeurs et une attitude claire sont plus importantes qu’une victoire ou une défaite »

Le dirigeant berlinois espère que cette décision constituera « un appel au réveil afin que nous tous – joueurs, clubs, associations et fans – puissions enfin surmonter ce problème ». « Dans une telle situation, les valeurs et une attitude claire sont plus importantes pour nous qu’une victoire ou une défaite sur le terrain », ajoute Paul Keuter.

Sofian Chahed, ancien joueur du Hertha Berlin et de l’équipe nationale de Tunisie, aujourd’hui coach des U16 du club berlinois, a réagi sur les réseaux sociaux en posant une photo de ses jeunes joueurs avec le message : « Il ne doit pas y avoir de place pour le racisme, sur et en dehors du terrain. »

Le VfB Auerbach 1906 a réagi dans un communiqué. Le club réfute les accusations de racisme et assure que ni l’arbitre, ni ses assistants n’ont constaté de telles insultes. Auerbach confie que ses propres joueurs ont été insultés par leurs adversaires durant ce « match chaud » mais qu’une enquête interne sera menée. « Si les allégations s’avéraient justifiées, l’association prendra les décisions appropriées », promet le VfB Auerbach 1906, tout en appelant le Hertha Berlin à interroger ses propres joueurs aussi. La formation saxone souhaite enfin qu’aucun jugement hâtif ne soit fait.

En 2017, le Hertha posait un genou à terre contre le racisme

Ce match abandonné n’est pas une première. En octobre, un match de Coupe d’Angleterre entre Haringey Borough et Yeovil Town avait déjà été arrêté à l’appel du coach de Haringey Borough. Mais lui dénonçait des insultes racistes, des jets de projectiles et des crachats venant les fans adverses.

Ce n’est pas la première fois que le Hertha Berlin prend ainsi position face au racisme. En octobre 2017, les joueurs de l’équipe première avaient rendu hommage aux sportifs américains – évoluant pour la grande majorité en NFL, ainsi qu’en NBA – en exécutant le même geste symbolique qu’eux. Ils avaient posé un genou à terre, selon la posture popularisée par le footballeur américain et activiste Colin Kaepernick dès 2016 pour protester contre les violences policières contre les Afro-Américains, puis contre certaines positions du président Donald Trump.

En posant ainsi un genou à terre, les joueurs du Hertha envoyaient un signal fort à l’Allemagne qui traversait alors un petit séisme politique et sociétal avec l’entrée au Parlement du parti d’extrême droite AfD après les législatives, ce qui n’était plus arrivé dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Deux ans après, le club berlinois n’a pas varié quant à ses valeurs.

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