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Cinq expressions oubliées à restaurer de toute urgence

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«Un homme sans ennemis est sans valeur», «la critique est aisée, et l’art est difficile»... Ces proverbes, certes anciens, n’ont rien perdu de leur charme. Florilège.

Ils sont souvent simples, parfois énigmatiques, rarement inutiles et toujours sages. Les proverbes d’antan devraient être remis au goût du jour tant leurs instructions s’appliquent à notre époque. «La mort d’une bonne action est d’en parler», n’est-ce pas? N’est-il pas vrai que celui «qui cherche un ami sans défauts reste sans amis» ? Le Figaro vous propose un tour d’horizon de ces expressions anciennes à restaurer de toute urgence, grâce à l’ouvrage Proverbes oubliés expliqués de Paul Desalmand et Yves Stalloni.

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«Un homme sans ennemis est sans valeur»

Étonnant proverbe, n’est-ce pas? En effet, il peut sembler imprudent de s’approcher d’une personne aux multiples adversaires... D’un autre côté, «rien ne renforce plus l’amitié qu’un ennemi commun», écrit le poète irlandais Francfort Moore.

Hélas, il est rare de ne pas s’attirer quelques jalousies. Les envieux ne vous épargneront pas, cher lecteur, si votre personnalité est un peu forte. Ou encore, si vous avez la fâcheuse tendance à dire ce que vous pensez réellement... La langue, surtout lorsqu’elle est pendue, peut se révéler être un organe bien dangereux. Cependant, pour certains, il apparaît qu’un homme ayant des ennemis est «un esprit original» et qu’il est naturel que cela «suscite des inimitiés». Paul Desalmand et Yves Stalloni citent cet adage: «On ne jette des pierres qu’aux arbres qui portent des fruits».

«La célébrité ne s’acquiert pas sur un lit de plumes»

Ainsi que l’évoquent les auteurs, Baudelaire écrivait que «le grand homme n’est jamais un aérolithe». À savoir une «météorite tombant ou tombée du ciel sur un point du globe terrestre», lisons-nous dans Le Trésor de la langue française.

On peut comprendre la citation ainsi: le succès ne tombe pas du ciel et pour peu qu’on ait un talent, il faut le travailler. «Tous les grands écrivains, par exemple, ont d’abord été de grands lecteurs. La légende veut que Newton ait eu l’intuition de la loi de l’attraction des corps en voyant tomber une pomme. De fait, quand on l’interrogeait pour savoir comment il avait procédé pour arriver à ses découvertes», le brillant physicien répondait: «En y pensant toujours».

«La critique est aisée, et l’art est difficile»

L’auteur de ce joli alexandrin n’est autre que Destouches, «auteur de comédies à succès (1680-1754)» dont le plaisir coupable était de «placer des proverbes dans ses pièces». Prenons par exemple celui tiré de l’ouvrage Le Glorieux: «Chassez le naturel, il revient au galop».

Ainsi que le rappellent Paul Desalmand et Yves Stalloni, l’opposition de celui qui crée et de celui qui critique est ancienne. Zeuxis, peintre grec du Ve siècle avant notre ère, «craignait les censeurs»: «Il est plus facile de critiquer que d’imiter.» Citons la phrase assassine et pleine d’humour de Rivarol: «C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser».

«Après le crépuscule, les vers luisants pensent: ‘‘Nous avons donné la lumière au monde!’’»

Nous connaissons tous cette situation: lorsqu’une affaire échoue, rares sont les personnes à s’avancer, avouant qu’elles ont leur part de responsabilité. Timides, elles s’effacent, espérant échapper à la critique. En revanche, lorsqu’une entreprise réussit, «nombreux sont ceux qui arrivent et prétendent avoir joué un rôle déterminant». Tel est le sens du proverbe qui nous occupe ici.

En guise d’illustration, Paul Desalmand et Yves Stalloni citent «Le Coche et la Mouche» de La Fontaine (VII, 9). Le «coche» est une «voiture tirée par des chevaux qui servait au transport des voyageurs». La fable met en scène six chevaux s’épuisant à «tirer le coche jusqu’au sommet de la pente». Pendant ce temps, une mouche «les harcèle et se pique de les animer»... avant de s’attribuer tout le mérite une fois la voiture arrivée à destination. «Ainsi certaines gens, faisant les empressés, / S’introduisent dans les affaires: Ils font partout les nécessaires, / Et partout importuns, devraient être chassés.»

Tout est amer à qui a du fiel dans la bouche

À chaque époque, nous trouvons quelques esprits démoralisés par l’ère qu’ils traversent. Faut-il y voir un élan de lucidité ou une illusion d’optique? On vous laisse juger... En attendant, si vous décidez d’y voir une forme de «décadence» subjective, vous pouvez rétorquer à ces mal-aimés: «Tout est amer à qui a du fiel dans la bouche». Une façon de signifier que «l’amertume de leur propos ne relève que de l’amertume de leur tempérament», expliquent Paul Desalmand et Yves Stalloni.

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7 commentaires
  • Ogre Minski

    le

    Proverbe africain: quand on veut monter au cocotier, il faut avoir les f...s propres. Visiblement, la sagesse africaine n'a jamais atteint M Delevoye, ni d'ailleurs beaucoup de ses confrères en politique