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"All cops are bastards" : au moins 22 CRS visés par des menaces

Les enquêteurs cherchent à identifier les auteurs de lettres adressées à des CRS début décembre et signées ACAB.

Stéphane Joahny , Mis à jour le
Des CRS ont été visés par des lettres de menaces signées "ACAB".
Des CRS ont été visés par des lettres de menaces signées "ACAB". © Reuters

Le caractère terroriste n'est pas retenu mais c'est bien la SDAT (Sous-direction antiterroriste) qui coordonne l'enquête sur les lettres de menace adressées début décembre, chez eux, à des CRS et signées ACAB, "All cops are bastards" ("Tous les flics sont des salauds" ). La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a décidé de prendre la main sur ce dossier sensible qui concerne désormais 22 courriers d'intimidation. Ceux-ci sont arrivés à Lille, Périgueux, Versailles, Dijon, Grenoble, Mulhouse, Troyes, Limoges, Marseille, etc. Leurs destinataires appartiennent aux CRS. Régisseurs de leur compagnie, leurs noms et prénoms figurent au Journal officiel (JO).

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Pour trouver leurs adresses personnelles, le ou les corbeaux ont dû consulter l'annuaire, enquêter sur les réseaux sociaux. Au risque de se tromper. Au moins deux homonymes, non policiers, en ont été les destinataires, dans le Sud-Est.

La piste d'un seul envoi privilégiée

Les premiers éléments de l'enquête laissent à penser qu'il n'y a eu qu'un seul envoi. Les lettres ont transité par la plateforme industrielle courrier (PIC) de Bordeaux Cestas (Gironde). Un centre de tri traitant quelque 3 millions d'objets par jour pour les cinq départements qui lui sont rattachés à savoir la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, le Lot-et-Garonne et la Dordogne. L'horodatage constaté affiche la date du 3 décembre. Aucun lien n'a été établi avec les 16 membres de la mouvance ultragauche et ultra-jaune arrêtés en flagrant délit de fabrication d'engins incendiaires le week-end dernier dans un appartement de location au Bouscat, en banlieue bordelaise.

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Tous les courriers sont en cours d'analyse à Ecully (Rhône) dans les labos du service central de la police technique et scientifique. Chaque direction régionale poursuit ses investigations en lien avec son parquet respectif. Mais la coordination est assurée depuis le siège de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) qui travaille en liaison avec la Sous-direction de lutte contre la cybercriminalité.

Un "désir de brutalité"

Le message de ces courriers est explicite : "A partir de maintenant, ça sera œil pour œil. Pensez à votre famille que vous laissez seule les week-ends…" "Horreur!", ont réagi les syndicats de policiers. Des faits d'une "extrême gravité" pour le ministre Christophe Castaner. "Il faut purger ça, commente un cadre du ministère de l'Intérieur. Entre ces courriers, la porte d'un fonctionnaire retrouvée taggée et les menaces de 'nuit bleue' sur les réseaux sociaux, le climat devient malsain…"

Le point commun s'épèle en quatre lettres : ACAB. Né en Angleterre, le sigle-slogan est apparu en France dans les années 1990 pour s'imposer sur tous les théâtres de contestation, de Notre-Dame-des-Landes aux murs des grandes villes à chaque manifestation. "On sent désormais que c'est un désir de brutalité qui porte cet acronyme, analyse Eric Delbecque, expert en sécurité intérieure, auteur des Ingouvernables (Grasset). L'année de turbulences que nous avons connue avec les Gilets jaunes a contribué à une large diffusion en regard de la présence très importante de l'ultragauche."

Le phénomène ne concerne pas que la France. Vendredi 13 décembre, (13.12 : le chiffre 1 représentant la première lettre de l'alphabet A, le 3 la troisième C…) des milliers de sympathisants de par le monde se sont souhaité sur Twitter un "Happy Acab day".

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