Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

#metoo : « Etre un objet de désir ne doit pas conduire les actrices à subir », affirme Isabelle Adjani

Dans un dialogue avec la philosophe Cynthia Fleury, auteure de « La Fin du courage », dont elle lit une adaptation théâtrale à La Scala Paris, l’actrice évoque l’importance de cette vertu dans nos vies.

Propos recueillis par Nicolas Truong

Publié le 16 décembre 2019 à 05h37, modifié le 04 octobre 2022 à 17h41

Temps de Lecture 7 min.

Article réservé aux abonnés

Isabelle Adjani, portrait non daté.

Du 17 au 21 décembre, à La Scala Paris, Isabelle Adjani lit avec Laure Calamy La Fin du courage, adaptation de l’essai (Fayard, 2010) de la philosophe Cynthia Fleury, dans une mise en espace de Nicolas Maury. Un dialogue à la fois réflexif et ludique sur cette vertu trop souvent perdue de vue dans une époque normative et déceptive.

Pour Le Monde, Isabelle Adjani et Cynthia Fleury dialoguent sur le découragement ambiant, mais aussi sur le courage ordinaire qui permet d’endurer comme de se libérer, à l’image de ces comédiennes qui, telle Adèle Haenel, ont rompu le silence depuis le mouvement #metoo.

Isabelle Adjani : J’ai lu La Fin du courage, de Cynthia Fleury, alors que je traversais une période difficile. J’avais l’impression de chuter, en mode cauchemar, d’une falaise. Et ce livre m’a aidée, il m’a retenue, il m’a attrapée, il m’a permis non pas de remonter, mais de me mettre en suspension, en état d’apesanteur. La pensée de Cynthia remet, étape après étape, de la verticalité dans le « je ».

Et puis ce livre revalorise le courage, tout comme j’ai attendu, des années durant, que la bienveillance et la gentillesse, qualifiées de faiblesses ou de niaiseries bien-pensantes, le soient également. Reconnaître la difficulté d’avoir du courage, ça m’a aidée à en trouver. Ça m’a décomplexée.

D’autant que l’époque est propice au découragement, entre promesses politiques non tenues, retour des régimes autoritaires et lutte contre le réchauffement climatique sans cesse repoussée. Car, ce qui est décourageant dans nos vies, c’est d’enchaîner des déceptions.

Alors, pour moi, il pousse à l’enthousiasme, ce dialogue philosophique théâtralisé à la mode antique ! A la manière d’Aristophane ou de Platon, il permet aux spectateurs de réfléchir l’air de rien à l’ère du doute, aux problèmes de la cité comme de leur psyché. Le tout sans exclure ceux qui ne pratiquent pas la discipline philosophique, car Cynthia Fleury est aussi une auteure étonnante !

Cynthia Fleury : J’admire Isabelle Adjani en tant qu’actrice depuis toujours, mais j’ai été aussi séduite par ses prises de parole publiques, à la fois rares, précieuses et posées.

Je l’ai rencontrée par hasard dans un café, tout simplement parce qu’elle est venue vers moi, reconnaissant l’auteure du livre qui l’avait ainsi marquée. Et il se trouve que j’écrivais à ce moment l’adaptation théâtrale de cet essai philosophique. Nous nous sommes donc naturellement trouvées pour mettre en espace cette petite forme théâtrale incarnée.

Il s’agit d’un dialogue assez grave, mais avec une certaine tenue, je l’espère, et surtout beaucoup d’humour. L’armature du texte, c’est la parole, aujourd’hui dévaluée. Et le déficit de confiance en la parole est étroitement lié à la fin du courage et donc à sa nécessaire réévaluation. La parole est régulatrice. Lorsque quelqu’un vous dit quelque chose, c’est un bout du monde qui se tient.

Il vous reste 74.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.