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Une technique de stérilisation des moustiques bientôt testée pour lutter contre la dengue, Zika et chikungunya

Un moustique femelle de type Aedes aegypti en train de se nourrir du sang d'un être humain.
Photo CDC / James Gathany
Un moustique femelle de type Aedes aegypti en train de se nourrir du sang d'un être humain.

Une technique de stérilisation des moustiques bientôt testée pour lutter contre la dengue, Zika et chikungunya

Santé

Une technique de stérilisation des moustiques (TSM) mâles par irradiation sera bientôt mise à l’essai dans le cadre des efforts mondiaux de lutte contre des maladies telles que le chikungunya, la dengue et Zika. Le processus consiste à élever de grandes quantités de moustiques mâles stérilisés dans des installations spécialisées, puis à les relâcher pour qu’ils s’accouplent avec des femelles dans la nature.

« Les pays gravement touchés par la dengue et Zika ont montré un réel intérêt à tester cette technologie car elle peut aider à supprimer les moustiques qui développent une résistance aux insecticides, qui ont également un impact négatif sur l’environnement », a déclaré Florence Fouque, scientifique et Chef d’équipe au Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales.

Les pays gravement touchés par la dengue et Zika ont montré un réel intérêt à tester cette technologie car elle peut aider à supprimer les moustiques - Florence Fouque, du Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales

Une vingtaine de pays dans le monde ont déjà exprimé le souhait de tester la technique des insectes stériles afin de réduire la morbidité due à des maladies telles que la dengue, Zika et le chikungunya. 

« Comme ils ne produisent pas de progéniture, la population d’insectes diminue avec le temps », relève l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le Programme spécial de recherche et de formation sur les maladies tropicales (TDR) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’OMS, ont élaboré un document d’orientation pour les pays engagés dans ce projet.

L’effort de collaboration comprend des plans pour soutenir trois équipes multinationales d’institutions de recherche, d’agences de lutte antivectorielle et d’acteurs de santé publique pour tester la Technique des insectes stériles contre les moustiques Aedes.

Une technique efficace contre les insectes attaquant les cultures et le bétail

Les agences onusiennes ont rappelé que l’utilisation de la technique des insectes stériles dans le secteur agricole au cours des 60 dernières années a montré qu’il s’agit « d’une méthode sûre et efficace ».

« Nous sommes ravis de collaborer avec le DNF et l’OMS pour apporter cette technologie au secteur de la santé dans la lutte contre les maladies humaines », a indiqué Jérémy Bouyer, entomologiste médical à la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires en alimentation et agriculture

La technique des insectes stériles a d’abord été mise au point par le ministère de l’Agriculture des États-Unis et a été utilisée avec succès pour cibler les insectes ravageurs qui attaquent les cultures et le bétail, comme la mouche méditerranéenne des fruits et la mouche à vis du Nouveau Monde. Il est actuellement utilisé dans le monde entier dans le secteur agricole sur les six continents.

Les lignes directrices sur l’utilisation de cette technique pour contrôler les maladies chez les humains recommandent l’adoption d’une approche progressive qui laisse le temps de tester l’efficacité des insectes stérilisés. Des indicateurs épidémiologiques permettent de suivre l’impact de la méthode sur la transmission de la maladie. Il fournit également des recommandations sur la production de masse de moustiques stériles, l’engagement du gouvernement et de la communauté, la mesure de l’impact de la technique et l’évaluation du rapport coût-efficacité.

La moitié du monde est menacée par la dengue

Selon l’OMS, les maladies transmises par les moustiques comme le paludisme, la dengue, le Zika, le chikungunya et la fièvre jaune représentent environ 17% de toutes les maladies infectieuses dans le monde, faisant plus de 700.000 victimes chaque année et causant des souffrances à bien d’autres. L’éclosion de Zika au Brésil en 2015 a été liée à une augmentation du nombre de bébés nés avec la microcéphalie.

Au cours des dernières décennies, l’incidence de la dengue a d’ailleurs augmenté de façon spectaculaire en raison des changements environnementaux, de l’urbanisation non réglementée, des transports et des déplacements et de l’insuffisance des outils de lutte antivectorielle durable et de leur application.

La moitié de la population mondiale est aujourd’hui menacée par la dengue - Dr Soumya Swaminathan, responsable scientifique à l’OMS

« La moitié de la population mondiale est aujourd’hui menacée par la dengue », a déclaré Dr Soumya Swaminathan, responsable scientifique à l’OMS. « Et malgré toutes nos contributions, les efforts actuels pour la contrôler sont insuffisants. Nous avons désespérément besoin de nouvelles approches et cette initiative est à la fois prometteuse et passionnante », a-t-il ajouté.

Parmi les foyers de dengue dans le monde, plusieurs pays du sous-continent indien restent parmi les plus menacé. C’est le cas du Bangladesh qui est « confronté à la pire épidémie de dengue depuis sa première épidémie enregistrée en 2000 ».

Selon l’OMS, ce pays d’Asie du Sud a vu le nombre de cas s’élever à plus de 92.000 depuis janvier 2019, avec un pic d’admission quotidien de plus de 1.500 nouveaux patients atteints de dengue dans les hôpitaux ces dernières semaines. Et le Bangladesh est l’un des pays à s’être intéressé à la Technique des insectes stériles.