Son employeur l'oblige à changer son prénom de Mohamed en Antoine, il l'attaque aux prud'hommes

Par AFP

Fin 1996, à la fin du processus de recrutement, son futur supérieur reçoit Mohamed et lui dit qu'il devra changer de prénom.
Fin 1996, à la fin du processus de recrutement, son futur supérieur reçoit Mohamed et lui dit qu'il devra changer de prénom. Photo illustration LP

Un ingénieur commercial à la retraite a saisi les prud'hommes de Créteil contre son ancien employeur qu'il accuse de l'avoir contraint à changer son prénom Mohamed pour celui d'Antoine, a-t-on appris aujourd'hui de sources concordantes.

Mohamed Amghar, 63 ans, a envoyé le 11 décembre une requête pour harcèlement moral et discrimination raciale auprès du conseil de prud'hommes de Créteil, a indiqué à l'AFP son avocate Galina Elbaz, confirmant une information du Parisien. "Pendant vingt ans, toute la durée de la relation contractuelle, ils l'ont débaptisé : les mails, les cartes de visite, même les fiches de paie étaient au nom d'Antoine Amghar," a-t-elle expliqué.

De 1997 à 2017, Mohamed Amghar était ingénieur commercial chez Intergraph France, une société de logiciels d'ingénierie dont le siège se trouve à Rungis (Val-de-Marne) et qui appartient aujourd'hui au groupe Hexagon PPM. Fin 1996, à la fin du processus de recrutement, son futur supérieur le reçoit et lui dit qu'il devra changer de prénom, affirme-t-il. Il accepte car il n'avait "pas le choix", selon lui.

"J'étais divorcé avec trois enfants, j'étais choqué mais j'avais déjà démissionné de mon précédent poste puisque j'avais un accord de principe d'embauche et il fallait que je fasse manger mes enfants", raconte-t-il à l'AFP. "Pendant vingt ans, j'y ai pensé tous les jours, c'est difficile de partir le matin de chez soi en étant Mohamed et d'arriver sur son lieu de travail où il faut répondre au nom d'Antoine".

Mohamed Amghar, soutenu dans sa démarche par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), réclame plus d'une dizaine de milliers d'euros de réparation. "Il a été humilié. Il demande une réparation morale et la restauration de sa dignité avant tout", précise Me Elbaz.

Interrogée par l'AFP, la direction de la société a fait savoir par le responsable de sa communication, basé aux États-Unis, qu'elle n'avait pas "connaissance d'une situation discriminante" et qu"aucune preuve" appuyant l'idée selon laquelle Mohamed Amghar "ait été contraint de porter le prénom d'Antoine pour ses relations clients ou pour son travail en interne" n'avait été trouvée lors d'"une enquête interne approfondie."

Selon un arrêt de 2009 de la Cour de cassation, demander à un salarié de changer de prénom lorsque ce prénom traduit une origine ethnique ou géographique ou l'appartenance à une religion, est une une violation du code du travail et une discrimination. 

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