Le 20 décembre, les combats de coq seront interdits à Porto Rico, mettant fin à une zone grise pour ce territoire géré par les États-Unis, où la pratique a été interdite il y a plus d’une décennie. Tandis que les défenseurs de la cause animale y voient la fin d’une pratique rétrograde, les acteurs de cette industrie très implantée s’inquiètent pour leur avenir, dans cette île minée par la pauvreté et dévastée par l’ouragan Maria en 2017.

Une interdiction historique pour une pratique vieille de quatre siècles

Porto Rico, malgré ses appels à l’autonomie, reste sous la tutelle américaine. Depuis 2007, les combats de coq sont interdits dans les 50 Etats américains, mais restaient une exception pour les territoires gérés par Washington : Guam, les îles Marianne du Nord, Porto Rico et les îles Vierges américaines. Mais par la Farm Bill — une loi pour réorganiser l’agriculture américaine — , signée en 2018, l’exception devait se conformer à la règle : tous les territoires avaient désormais un an pour suivre la ligne américaine et faire cesser toute l’industrie du combat de coq. Le 20 décembre prochain, le combat de coq deviendra donc définitivement illégal à Porto Rico, mettant fin à une tradition de 400 ans.

La pratique est très implantée sur l’île : le Miami Herald rapporte que 71 établissements de combat de coq, ou galleras, y sont officiellement enregistrés, et que l’industrie génère 65 millions de dollars chaque année et produit 7 200 emplois directs ou indirects. Une économie qui rapporte (surtout présente dans le monde rural) dans un pays qui a subi de plein fouet la crise économique depuis une décennie et se remet à peine du passage de l’ouragan Maria de 2017 — le taux de chômage y est deux fois supérieur que celui des USA, et encore supérieur dans le monde rural.

— patarapong saraboon / Shutterstock.com

Les intérêts folkloriques et économiques se confrontent au respect animal

Les défenseurs de la cause animale se félicitent de la fin d’une exception locale à l’interdiction américaine. Pendant ce temps, les défenseurs de cette industrie essaient de temporiser la décision de Washington, ou d’adapter la future loi en mettant fin aux exportations, en interdisant la publicité, afin de trouver un peu de latitude sur la nouvelle législation.

Orlando Vargas, président du plus grand club de combat de coq de l’île, explique « Nous savons que c’est une bataille à armes inégales. Mais cette tradition fait partie du folklore de Porto Rico. Nous avons fait cela pendant 400 ans, depuis la colonisation espagnole, et perdre cela serait perdre une partie de notre histoire. »Des acteurs de cette économie s’adaptent déjà : si certains réduisent leur production d’animaux, d’autres se tournent désormais vers la République Dominicaine, où les régulations sont moins strictes et les combats moins encadrés.

Les critiques cependant dénoncent la cruauté de ce sport, où des coqs sont entraînés à s’attaquer mutuellement avec un bec affûté dans une arène, souvent jusqu’à la mort, conjurant ou exauçant les sommes d’argent misées par la foule qui les entoure. « S’il est vrai que le combat de coq a été pratiqué pendant des siècles dans divers pays, y compris les Etats-Unis, « vieux » ne veut pas forcément dire bon ou même acceptable », avance la Humane Society. « À un moment de son histoire les Etats-Unis ont autorisé l’esclavage, n’avaient aucune loi sur les violences causées aux enfants, et refusaient aux femmes leur droit de vote. »

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