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En Estonie, l’extrême droite défie le gouvernement de l’intérieur

Attaques contre le système judiciaire, les journalistes, la communauté LGBT… Entré au gouvernement fin avril, le Parti populaire conservateur (EKRE), met au défi la jeune démocratie estonienne qui, pour le moment, résiste.

Par  (envoyée spéciale à Tallinn (Estonie))

Publié le 18 décembre 2019 à 10h58, modifié le 18 décembre 2019 à 10h58

Temps de Lecture 6 min.

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Le chef de file du parti Isamaa, Helir-Valdor Seeder, le président du parti EKRE Mart Helme, le premier ministre estonien Juri Ratas et la présidente Kersti Kaljulaid à Tallinn, le 24 avril.

« Menteurs », « démission », « honte à vous ». Chaque jeudi midi, depuis mi-avril, les ministres sont accueillis par les même sifflements dés qu’ils apparaissent sur le pas de la porte de la Maison Stenbock, le siège du gouvernement estonien. Emmitouflés dans d’épais manteaux, les manifestants protestent contre la coalition entre les centristes et les conservateurs (Isamaa), avec le Parti conservateur d’Estonie (EKRE), une formation nationaliste anti-immigration et eurosceptique, fondée en 2012, qui a remporté 17,8 % des voix aux législatives, en mars.

Producteur de cinéma, Jarmo Seljamaa, vient chaque semaine, « pour pouvoir dire plus tard que je ne serai pas resté sans rien faire ». Son inquiétude : voir l’Estonie, indépendante depuis 1991, suivre la voie de la Hongrie et de la Pologne. Les deux démocraties illibérales sont fréquemment données en exemple par EKRE. « Je pensais que la coalition n’allait tenir que quelques semaines. Mais les scandales se succèdent, le premier ministre, Jüri Ratas, présente ses excuses, et rien ne change », explique la poétesse Maarja Kangro.

Stratégie du chaos permanent

EKRE semble avoir opté pour la stratégie du chaos permanent. Dernière polémique : les déclarations du chef de file d’EKRE et ministre de l’intérieur, Mart Helme, à propos de la nouvelle chef du gouvernement finlandais, Sanna Marin, issue d’un milieu modeste : « On voit désormais une vendeuse de grande surface devenir première ministre ainsi que d’autres activistes de rue et autres personnes sans éducation rejoindre le gouvernement », s’est-il moqué, le 15 décembre, forçant la présidente estonienne, Kersti Kaljulaid, à téléphoner à son homologue finlandais, Sauli Niinistö, pour lui présenter ses excuses.

« Les dirigeants conservateurs ont préféré s’accrocher à leurs postes, plutôt que de respecter leur promesse de ne jamais s’allier avec EKRE », Kaja Kallas, chef du Parti libéral de la réforme

Trois ministres d’EKRE ont démissionné. Marti Kuusik (commerce et technologies de la communication), accusé de violences conjugales, n’est resté en poste que trente heures. Sa successeure, Kert Kingo, critiquée pour son incompétence et prise en flagrant délit de mensonge, a remis sa démission, le 23 octobre. Un mois plus tard, le 25 novembre, le ministre des affaires rurales, Mart Järvik, soupçonné de conflit d’intérêts, a dû lui aussi partir.

Dans son bureau, sobrement meublé, du Riigikogu, le Parlement estonien, Kaja Kallas, la patronne du Parti libéral de la réforme, ne digère toujours pas sa défaite. Sa formation étant arrivée en tête aux législatives avec 28,9 % des voix, l’ancienne avocate se voyait déjà devenir la première femme à diriger un gouvernement en Estonie. « Mais, finalement, l’ego masculin des dirigeants centriste et conservateur l’a emporté, lâche-t-elle. Ils ont préféré s’accrocher à leurs postes, plutôt que de respecter leur promesse de ne jamais s’allier avec EKRE. »

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