Violences policières : le CRS qui avait jeté un pavé le 1er mai condamné à deux mois de prison avec sursis

Ce policier, âgé de 44 ans, est le premier membre des forces de l’ordre jugé à Paris pour « violences volontaires » depuis le début des Gilets jaunes.

 « Nous ne devons pas faire l’impasse sur la colère à laquelle les policiers ont été confrontés pendant plusieurs heures ce jour-là », avait plaidé l’avocat du CRS.
« Nous ne devons pas faire l’impasse sur la colère à laquelle les policiers ont été confrontés pendant plusieurs heures ce jour-là », avait plaidé l’avocat du CRS. Capture d’écran Le Parisien

    Pour la première fois depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, en novembre 2018, un membre des forces de l'ordre était jugé pour « violences volontaires ». Le 1er mai 2019, ce CRS de 44 ans de la compagnie de Toulouse avait été filmé en train de lancer un pavé en direction des manifestants, boulevard de l'Hôpital, dans le XIIIe arrondissement de la capitale.

    Ce jeudi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le policier à deux mois de prison avec sursis. À l'issue de son procès, le 21 novembre dernier, le parquet avait requis trois mois de prison avec sursis à son encontre. Le CRS, qui est toujours en poste à ce jour, encourrait jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Il pourra continuer d'exercer car le tribunal a décidé de ne pas inscrire la peine sur son casier judiciaire.

    1er mai : un CRS filmé en train de jeter un pavé

    Sur deux vidéos capturées le 1er mai, on voyait clairement le policier se saisir d'un pavé au sol, prendre de l'élan et le lancer vers des manifestants qui se tenaient à « environ huit mètres », a-t-il été estimé lors de l'audience. En revanche, les images ne montrent pas où a atterri le projectile.

    Un geste « d'exaspération, de panique »

    Lors de l'audience de novembre, le président avait évoqué des images aux effets « ravageurs » pour l'image des forces de l'ordre, tout en notant la présence d'une « foule agressive ».

    « Votre réaction n'était absolument pas nécessaire à la légitime défense », avait souligné le juge, évoquant un geste « d'exaspération, de panique, de représailles aux jets de projectiles » sur le collègue du policier mais aussi des « circonstances éprouvantes » toute cette journée.

    « Vous avez eu l'intention de créer chez les manifestants un choc physique ou psychique pour les faire cesser leurs jets de projectiles », a précisé le magistrat, qui a reconnu que cette décision judiciaire, qui est très attendue par l'opinion publique, « va porter atteinte à l'image des CRS ».

    L'avocat du policier avait quant à lui plaidé un « geste de défense » face à des « scènes de guérilla » qui avaient émaillé cette journée du 1er mai particulièrement violente à Paris, et demandant la relaxe.

    Un 2e policier comparaît pour avoir giflé un Gilet jaune

    Hasard du calendrier, c'est aussi ce jeudi, dans la même salle d'audience, qu'est jugé un deuxième membre des forces de l'ordre, là aussi pour violences, pour avoir giflé un Gilet jaune dans le XIVe arrondissement de Paris. Également en marge du défilé du 1er mai.

    L'homme comparaît pour « violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une incapacité supérieure à huit jours ». La scène avait (là encore) été filmée et largement relayée sur les réseaux sociaux. On y voyait ce policier gifler à deux reprises un manifestant, faisant voler ses lunettes de soleil. L'homme avait lancé au CRS : « Toi aussi, casse-toi! »

    Il « va s'expliquer sur les raisons de ce geste », a affirmé en préambule son avocat, Jérôme Andrei. « Il convient que ce n'était pas un geste approprié. Nous reviendrons sur le contexte ».

    18 informations judiciaires ouvertes

    Depuis le début de leur mouvement de contestation sociale il y a un an, les Gilets jaunes dénoncent régulièrement les « violences policières », l'usage des grenades et lanceurs de balles de défense (LBD) et certains ont porté plainte.

    Selon des chiffres communiqués le 7 novembre dernier par le parquet de Paris, 212 enquêtes ont été confiées à Paris à l'IGPN. Parmi elles, 54 procédures ont été classées sans suite et 18 autres ont conduit à l'ouverture d'une information judiciaire.