Les soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) ont abandonné “des centaines d’enfants”, appelés “petits Minustah”, selon une étude universitaire publiée mardi 17 décembre et relayée par le New York Times.

Selon le quotidien américain, qui indique que “des filles de 11 ans seulement ont été abusées sexuellement”, les Casques bleus ont laissé derrière eux “autant de filles-mères se débattre avec la honte sociale, la pauvreté et la difficulté d’élever un enfant seule”.

L’étude, dirigée par Sabine Lee, professeure d’histoire à l’université de Birmingham (Royaume-Uni), est basée sur des entretiens avec 2 500 Haïtiens qui vivaient près des bases de maintien de la paix à l’été 2017.

Un problème “généralisé”

Selon le New York Times, cette enquête est la dernière “à documenter les comportements sexuels répréhensibles des forces de maintien de la paix, notamment celles stationnées au Mozambique, en Bosnie, en République démocratique du Congo et en République centrafricaine”.

Les auteurs de l’étude n’ont pas pu donner une estimation du nombre exact d’Haïtiennes tombées enceintes. “Mais les experts juridiques et les travailleurs humanitaires indiquent que le problème est généralisé et que les Nations unies ont échoué à aider ces femmes”, rapporte le quotidien.

L’ONU a déjà reconnu “que plus de 100 soldats de la paix sri-lankais déployés en Haïti avaient abusé de neuf enfants dans un réseau sexuel de 2004 à 2007”.

Selon le New York Times, la plupart des récits recueillis par les chercheurs font état d’échanges “de petites sommes d’argent ou de nourriture contre des rapports sexuels” entre des soldats ou des civils de la Minustah et “des femmes et des filles qui étaient souvent désespérément pauvres”. L’étude cite aussi “des relations consensuelles qui ont pris fin lorsque les soldats de la paix ont quitté Haïti”.

Le quotidien rappelle que la Minustah était composée de soldats originaires d’au moins 13 pays différents, mais que les contingents les plus importants provenaient d’Uruguay et du Brésil.

La directrice de l’étude, Sabine Lee, considère d’ailleurs que le problème soulevé est d’abord “un problème militaire brésilien ou uruguayen”. “Mais, ajoute-t-elle, l’ONU n’a pas trouvé le moyen de demander des comptes aux troupes des États membres.