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Cerveau et psy

Question de la semaine : pourquoi ne peut-on pas se chatouiller soi-même ?

Pourquoi faut-il forcément être (au moins) deux pour faire des chatouilles ? C'est notre question de la semaine.

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Père et fils faisant des chatouilles

Si l'on ne peut se chatouiller soi-même, c'est parce qu'il existe dans le cerveau un mécanisme qui réprime les sensations de chatouilles si elles viennent de soi.

PULSE/SIPA

"Pourquoi peut-on chatouiller les autres mais pas soi-même ?" nous demande Phuong Monin sur la page Facebook de Sciences et Avenir. Chaque semaine, nous sélectionnons une question de lecteur à laquelle nous apportons une réponse. Merci pour votre insatiable curiosité.

Si l'on ne peut se chatouiller soi-même, c'est parce qu'il existe dans le cerveau un mécanisme qui réprime les sensations de chatouilles si elles viennent de soi, géré par le cervelet. Ce sont des chercheurs de l'University College de Londres (Royaume-Uni) qui ont établi cette conclusion en 2000 dans la revue NeuroReport, en soumettant une quinzaine de volontaires à trois expériences sous IRM.

Des expériences menées avec un "robot chatouilleur"

La première expérience consistait à se laisser chatouiller le creux de la main par une éponge tenue par un robot (contrôlé depuis une autre pièce). Les sujets étaient sensibles aux chatouilles et d'après l'IRM de leur cerveau, leur cortex somato­sensoriel (impliqué dans la perception des stimulations sensorielles) s'activait.

Lors de la deuxième expérience, les volontaires se chatouillaient eux-mêmes en actionnant le robot via un bouton de commande. Cette fois, ils n'ont pas eu de réaction face aux chatouilles, alors que leur cortex somatosensoriel était toujours activé. Pourquoi ? Car une autre zone du cerveau, le cervelet, s'activait aussi (voir image animée ci-dessous). Cette zone avertit le reste du cerveau de ne pas tenir compte des sensations. Un mécanisme qui permet de filtrer les informations inutiles : le cerveau peut ainsi se concentrer sur les sensations provoquées par des événements extérieurs à l’organisme et rester attentif à des informations vitales (piqûre d’insecte, attaque de prédateur, etc.). Voilà pourquoi il n'est pas possible de se chatouiller soit directement soit par l'intermédiaire d'un robot que l'on contrôle. Au quotidien, c’est le filtrage du cervelet qui nous permet d’ignorer la pression exercée sur la voûte plantaire lorsque nous marchons ou le fait d'être plongé dans le noir quand nous clignons des yeux.

Vue en 3D du cervelet (en rouge). Crédit : Anatomography maintained by Life Science Databases(LSDB)

On peut tromper le cervelet

Toutefois, le cervelet n'est pas infaillible, comme le montre une troisième expérience. Cette fois, le participant contrôlait le robot, mais celui-ci était programmé pour attendre quelques fractions de seconde avant de le chatouiller. Le volontaire ne connaissait pas le temps de latence. Résultat : s'il était inférieur à un cinquième de seconde, le sujet ne réagissait pas, mais au-delà, il était sensible aux chatouilles. En effet, passé ce délai d'un cinquième de seconde, le cervelet est incapable de prévoir ce qu'il va se passer, et ne peut donc plus ordonner au reste du cerveau d'ignorer la sensation de chatouilles ! La seule - et très difficile - manière de se chatouiller soi-même.

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