Une affaire « hors norme ». Le nombre de victimes potentielles du chirurgien à la retraite Joël Le Scouarnec, soupçonné de viols et d’agressions sexuelles sur des patients mineurs durant près de trente ans de carrière, s’élève désormais à 349, a annoncé, vendredi 20 décembre, Laureline Peyrefitte, procureure de Lorient, lors d’une conférence de presse. Le dernier chiffre du nombre de victimes potentielles s’élevait à 250.
« Parmi ces faits, certains sont prescrits », a déclaré la procureure de Lorient, où ce dossier qualifié de « hors norme » est instruit, précisant que « 229 personnes ont été entendues dont 197 ont déposé plainte ». « Il s’agit d’une procédure hors norme, tant par la manière dont les faits ont été révélés à la justice que par le nombre de personnes concernées », a souligné la magistrate.
« La litanie insoutenable des écrits »
La procureure de la République a également indiqué que les investigations, menées par la section de recherches de Poitiers, étaient particulièrement difficiles en raison du nombre de données et de « la litanie souvent insoutenable des écrits ».
« Après analyse de divers supports informatiques saisis, ce sont près de 300 000 fichiers photographiques, 650 fichiers vidéos et un nombre considérable d’écrits, répertoriés dans différents fichiers classés par ordre chronologique, qui ont été retrouvés et qui ont dû faire l’objet d’une analyse approfondie », a dit Mme Peyrefitte. La procureure s’exprimait lors d’une conférence de presse qui a suivi une réunion d’information d’environ 110 personnes, victimes potentielles et proches, près de Lorient.
Joël Le Scouarnec, 68 ans, est incarcéré depuis sa mise en examen il y a deux ans et devra répondre du 13 au 17 mars devant la cour d’assises de la Charente-Maritime, à Saintes, d’accusations de viols et d’agressions sexuelles sur quatre victimes, mineures à l’époque des faits.
Déjà connu de la justice
Ces faits, qu’il reconnaît partiellement, remontent aux années 1989 à 2017. Durant cette période, le chirurgien a travaillé en Touraine, à Loches (Indre-et-Loire), en Bretagne, à Vannes et Lorient (Morbihan) et en Charente-Maritime, à l’hôpital de Jonzac, lieu de son dernier domicile. Mais les enquêteurs ont découvert, en 2017, à son domicile de mystérieux carnets comprenant des noms d’enfants.
Joël Le Scouarnec était déjà connu de la justice : en 2005, il avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Vannes pour détention d’images pédopornographiques. A cette époque, « l’enquête [n’avait] été menée que dans sa sphère personnelle, déplore Francesca Satta, l’avocate de la famille d’une des victimes. On serait allé dans son bureau, à l’hôpital de Vannes, on aurait découvert des poupées à l’intérieur de son placard fermé à clé, des films pédopornographiques sur l’ordinateur professionnel, devant lesquels il se masturbait ».
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