Le Premier ministre Boris Johnson devant le parlement britannique le 20 décembre 2019.

Le Premier ministre Boris Johnson devant le parlement britannique le 20 décembre 2019.

HO / AFP / PRU

Une première étape décisive. Les députés britanniques ont apporté ce vendredi leur soutien initial à l'accord de Brexit du Premier ministre Boris Johnson, qui ouvre la voie à une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne au 31 janvier.

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Après trois ans de crise et blocages suivant le référendum de 2016, le bouillonnant dirigeant conservateur a remporté le 12 décembre une majorité écrasante lui ouvrant un boulevard pour remplir sa promesse de mettre en oeuvre le Brexit, approuvé à 52% par les Britanniques en juin 2016.

A peine huit jours plus tard, la chambre basse du Parlement s'est réunie exceptionnellement un vendredi pour lancer le processus d'adoption avant la pause de Noël. Elle a approuvé avec 358 voix pour (234 contre) le projet de loi traduisant dans la loi l'accord de divorce négocié avec Bruxelles. "Nous avons un pas de plus vers le Brexit", s'est félicité Boris Johnson sur Twitter.

Après ce premier vote, le texte doit faire l'objet de débats plus détaillés à partir du 7 janvier et une adoption finale espérée par gouvernement dès le 9 janvier. Une fois l'assentiment de la reine reçu, il ne restera alors plus qu'au Parlement européen de le ratifier pour que le Royaume-Uni sorte de l'Union européenne le 31 janvier, après 47 ans d'une vie commune mouvementée et un divorce reporté trois fois.

Une période de transition courant jusqu'à la fin 2020

Ce texte marque un tournant "dans notre histoire nationale" et ne doit "pas être vu comme la victoire d'un parti sur un autre", a déclaré Boris Johnson devant une Chambre des communes aux bancs conservateurs enthousiastes. "Il est temps d'agir ensemble", "dans une confiance renouvelée dans notre destin national", a-t-il poursuivi, exaltant le "génie national".

En octobre, Boris Johnson n'avait pas réussi à obtenir, faute de majorité, le soutien final du Parlement pour faire approuver son accord. Ce dernier prévoit notamment une nouvelle solution pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord, province britannique, et la République d'Irlande, susceptible de mettre en péril les accords de paix du Vendredi saint de 1998.

La date officielle du Brexit donnera le coup d'envoi d'une période de négociations au pas de charge pour nouer un accord de libre-échange. S'ouvrira à partir du 31 janvier une période de transition courant jusqu'à la fin 2020, censée permettre à Londres et Bruxelles de se séparer en douceur. Les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes et d'en bénéficier - sans siéger dans les institutions européennes et avoir leur mot à dire sur les décisions.

Cette période est prolongeable une fois d'un an ou deux, toute demande devant intervenir avant le 1er juillet. Mais Boris Johnson veut d'office fermer la porte à cette possibilité et a introduit dans la loi soumise au Parlement ce vendredi une disposition interdisant tout report. Ce positionnement a fait resurgir les craintes d'un "no deal" aux conséquences redoutées pour l'économie à la fin 2020, qui selon le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn "sacrifierait des centaines de milliers d'emplois".

"Dérégulation massive"

Admettant que la décision exprimée par les Britanniques doit être respectée, le socialiste de 70 ans a dénoncé un accord qui "ouvre la voie à une dérégulation massive" et un accord de libre-échange "toxique" avec le président Donald Trump. "Il y a une meilleure et une plus juste façon pour notre pays de quitter l'UE", a plaidé Corbyn. L'UE a souligné qu'elle ferait le "maximum" pour conclure un accord, tout en prévenant qu'un "no deal" aurait "plus d'impact sur le Royaume-Uni" que sur les Européens.

Disposant des mains libres pour réaliser le Brexit comme il l'entend, le gouvernement a levé le suspense sur la succession attendue à la tête de la Banque d'Angleterre, institution qui a joué un rôle clé pour protéger l'économie britannique des turbulences liées à la sortie de l'Union européenne. Pour succéder à Mark Carney, c'est le patron de l'autorité des marchés financiers, Andrew Bailey, 60 ans, qui a été choisi.

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