2020 sera l'année du climat mais aussi de la biodiversité. En octobre, les États du monde entier devront se fixer de nouveaux objectifs en matière de protection de la nature à la COP15 sur la biodiversité qui se tiendra en Chine. Un mois plus tard, ils se retrouveront au Royaume-Uni pour la COP26 sur le climat qui doit acter la relève de l'ambition conformément à l'Accord de Paris. Quelques rendez-vous cruciaux précéderont ces deux échéances.

2020 sera cruciale pour l’avenir du climat et de la biodiversité. Les pays du monde entier devront en effet présenter leurs nouveaux engagements (NDC) pour limiter le réchauffement climatique, en amont de la COP26 qui se tiendra à Glasgow (Écosse) en novembre. Parallèlement, ils devront fixer de nouveaux objectifs pour protéger la nature sur la décennie 2020-2030 lors la COP15 biodiversité qui aura lieu en Chine en octobre. Ces deux événements majeurs dans la gouvernance environnementale mondiale sont l’occasion d’avancer ensemble sur le climat et la biodiversité alors que les deux sujets ont toujours été traités en parallèle.  
Des ponts commencent toutefois à se mettre en place. Les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont ainsi réalisé, en moins d’un an, trois rapports spéciaux directement liés aux questions de biodiversité (sur les océans, la dégradation des sols mais aussi sur l’objectif +1,5°C de réchauffement). De leur côté, leurs homologues de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, ont également souligné les impacts du changement climatique sur la biodiversité dans leur dernier rapport.  
La biodiversité, inscrite dans la déclaration finale de la COP25 sur le climat
À la COP25 de décembre 2019, la biodiversité s’est aussi fait une petite place avec de nombreux événements officiels sur le sujet mais surtout une mention dans la déclaration finale. Une première. Les États soulignent ainsi "la contribution essentielle de la nature à la lutte contre le changement climatique et ses impacts ainsi que la nécessité de faire face à la perte de biodiversité et au changement climatique de manière coordonnée."   
Par ailleurs, deux dialogues sont annoncés, en juin 2020, sur les thèmes ‘océan’ et ‘usage des terres’. "Ils auront pour but de guider l’action des pays afin qu’ils intègrent les solutions fondées sur la nature dans leurs contributions, explique Lola Vallejo, directrice du programme climat à l’Iddri. Mais le diable se cache dans les détails car les grands pays agricoles (Brésil et Argentine en tête) ont réussi à borner la question climat et terres à la seule adaptation aux impacts, en écartant l’atténuation pour ne pas remettre en cause leur politique agricole".  
Objectif : 30 % d’aires protégées
Selon une étude menée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avec l’université d’Oxford, les écosystèmes peuvent assurer un tiers de l’atténuation climatique attendue d’ici 2030. À ce jour, si plus de 70 % des plans des États pour lutter contre le changement climatique (NDC) font référence à la restauration ou à la conservation des forêts, seulement 20 % d’entre eux incluent des objectifs quantifiables et 8 % des objectifs exprimés en tonnes équivalent CO2.  
"Cette analyse montre clairement que tous les pays peuvent renforcer leurs objectifs climatiques en incorporant de façon notable les solutions fondées sur la nature" explique le Dr Grethel Aguilar, directrice générale de l’UICN. L’organisation tiendra son Congrès mondial pour la nature en juin à Marseille. C’est l’une des échéances clé de l’année. Elle y présentera notamment la coalition baptisée #30×30, lancée par le Costa Rica avec la France, la Finlande, le Gabon, Grenade et le Royaume-Uni, qui vise un objectif de 30 % d’aires protégées sur terre et en mer d’ici 2030 contre 15 % et 8 % respectivement aujourd’hui.  
L’UE et la Chine en position de leaders
L’Appel de Pékin, signé par les présidents chinois et français début novembre, a d’ores et déjà donné le coup d’envoi pour 2020 en soulignant ce double engagement pour le climat et la biodiversité (sans toutefois reprendre l’objectif ’30×30′). Ce leadership devra être réaffirmé lors du Dialogue de Petersberg, en avril, et du sommet UE-Chine de Leipzig, en septembre. D’ici là, l’Union européenne devra anvancer sur la neutralité climatique, mesure phare de son Pacte vert européen, et sur la relève de ses objectifs pour 2030 afin d’engager la Chine sur l’ambition climatique avant la COP26.
"Mais parier uniquement sur ce tandem Chine-UE, en voulant répliquer le ‘G2’ sino-américain qui avait mené à l’Accord de Paris, est trop risqué, précise Lola Vallejo. La COP25 a révélé des rapports de pouvoir fragmentés. La COP26 devrait donc s’appuyer sur une stratégie de leadership distribué avec les autres champions de l’ambition climatique tels que certains pays d’Amérique latine comme le Costa Rica ou le groupe des pays vulnérables."
La dynamique des négociations dépendra aussi du résultat des élections américaines, qui auront lieu le 3 novembre. Le climat est en effet devenu un sujet de différenciation politique entre un Donald Trump qui refuse toute régulation environnementale et les démocrates qui ont fait d’un Green new deal, l’un de leurs chevaux de bataille. 

Concepcion Alvarez @conce1

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