Ravagée par les flammes, l’Australie n’en est qu’au début de son calvaire, alors que l’été austral commence et que de nouveaux pics de chaleur sont attendus. Des milliers de touristes ont 48 heures pour quitter les zones touristiques sur la côte sud-est de l'île avant que les températures ne remontent encore le 4 janvier, ce qui va favoriser la progression des immenses incendies ravageant le pays depuis plusieurs semaines. Cette journée pourrait même être pire que celle du 31 décembre, la plus meurtrière depuis le début de la crise.

Ces feux hors de contrôle ont provoqué la mort d'au moins huit personnes en 48 heures et pris au piège de nombreux touristes.

→ EN IMAGES. 4 000 personnes piégées par les flammes sur des plages australiennes

Les pompiers de Nouvelle-Galles du Sud ont demandé le 2 janvier aux touristes de quitter les lieux dans une zone côtière de 200 kilomètres de long, depuis la pittoresque ville de Batemans Bay (à environ 300 km au sud de Sydney) vers le sud et l’État de Victoria. L’évacuation de la zone interdite aux touristes va être « la plus importante jamais réalisée dans la région », a souligné le ministre des transports de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew Constance, sur la chaîne ABC.

Le directeur adjoint du service des pompiers de L’État, Rob Rogers, a ajouté que les pompiers étaient incapables d'éteindre ou même de contrôler les incendies en cours. « Le message c'est qu'il y a tellement de feux dans cette zone que nous ne sommes pas en capacité de les contenir », a-t-il déclaré à ABC. « On doit juste s'assurer qu'il n'y a plus personne sur leur chemin. » Les autorités n’ont pas encore pu entrer en contact avec tous les habitants des régions rurales les plus isolées.

De nombreux touristes ont passé deux nuits isolés dans des zones privées d'électricité et de communications, avec de maigres réserves de nourriture. Les autorités ont toutefois réussi à sécuriser quelques routes pour leur permettre de partir.

Un navire de la marine pour évacuer les plages

Des navires et avions militaires ont été déployés pour convoyer de l'aide humanitaire et évaluer les dégâts dans les régions les plus isolées. Un navire de la marine est arrivé jeudi matin dans la cité balnéaire de Mallacoota, où des personnes se sont réfugiées pendant des heures sur la plage pour échapper aux flammes qui ont atteint la ville.

Chris Stephenson, commissaire adjoint au sein des services d'urgence de l’État de Victoria, a indiqué que certaines personnes vulnérables ont déjà été secourues et que 500 autres seront évacuées lors de la première phase de cette longue opération.

« Aujourd'hui, les choses devraient commencer à bouger pour les touristes de Mallacoota et les habitants qui ne souhaitent pas rester là-bas », a-t-il affirmé. « Compte-tenu du nombre de personnes (...) cela va prendre des jours, si ce n'est des semaines. »

Soutien gouvernemental à l’industrie du charbon

Au moins 18 personnes sont mortes depuis le début, en septembre, de la saison des feux. Ce bilan humain pourrait encore s’alourdir, les autorités de l’État de Victoria ayant affirmé jeudi que 17 personnes étaient portées disparues à travers son territoire.

Depuis le début de la saison des incendies, plus de 1 300 maisons ont été réduites en cendres et 5,5 millions d’hectares sont partis en fumée, soit une zone plus vaste qu'un pays comme le Danemark ou les Pays-Bas.

Cette crise sans précédent a donné lieu à des manifestations pour demander au gouvernement de prendre immédiatement des mesures contre le réchauffement climatique qui serait, selon des scientifiques, un facteur favorisant ces incendies plus précoces, plus longs et plus violents que jamais.

Le premier ministre, Scott Morrison, qui a renouvelé son soutien à la lucrative mais très polluante industrie du charbon australienne, est très critiqué. Le 2 janvier, il a donné sa première conférence de presse depuis ce regain des incendies, assurant « qu'absolument tous les efforts » sont déployés pour venir en aide aux habitants les plus touchés. Tout en défendant sa politique en matière de changement climatique, qu'il a qualifiée de « sensée ».