Pourquoi c'est important Le Smic fête ses 50 ans

Revalorisé mercredi 1er janvier de 10,03 à 10,15 euros brut par heure, le Smic fête ce jeudi son 50e anniversaire. Difficilement réformable, il a réussi à traverser les décennies.
Les Dernières Nouvelles d'Alsace - 02 janv. 2020 à 07:59 | mis à jour le 02 janv. 2020 à 15:44 - Temps de lecture :
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Depuis le 1er janvier 2020, le Smic horaire est désormais à 10,15 euros brut. Et le Smic mensuel à 1 219 euros net. Photo d'illustration Julio PELAEZ
Depuis le 1er janvier 2020, le Smic horaire est désormais à 10,15 euros brut. Et le Smic mensuel à 1 219 euros net. Photo d'illustration Julio PELAEZ

Pourquoi c'est important. Le 2 janvier 1970 naissait le Smic, le salaire minimum interprofessionnel de croissance. Son objectif ? Garantir le pouvoir d'achat des salariés aux rémunérations les plus faibles. 

D'ailleurs, selon la loi toujours en vigueur aujourd'hui, le Smic a deux objectifs : "la garantie" du pouvoir d’achat pour les salariés aux rémunérations les plus faibles et sa "participation au développement économique de la Nation".

Son taux horaire est revu à la hausse chaque premier janvier. Ce mercredi, le Smic horaire est d'ailleurs passé de 10,03 à 10,15 euros brut et le mensuel à 1 219 euros net (contre 1 204 en 2019). Une bonne nouvelle pour les 2,3 millions de bénéficiaires, dont près de six sur dix sont des femmes.

D'où vient-il ? Petit retour en arrière, au milieu du XXe siècle. Nous sommes le 11 février 1950. Est créé le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), qui impose pour la première fois en France le principe d’un "minimum vital", fixé par les pouvoirs publics. 

Mais, uniquement indexé sur l’indice de prix, il se retrouve rapidement à la traîne par rapport à la moyenne générale des salaires, dans un contexte de forte croissance économique. Pendant la crise sociale de 1968, les syndicats négocient alors une hausse sensible à trois francs de l’heure... contre 2,22.

Pour pallier les défauts du Smig est alors créé le salaire minimum interprofessionnel de croissance, ou Smic. Fort des leçons tirées du Smig, le Smic évolue à présent sur deux critères : d’une part l’inflation (avec un relèvement automatique dès que les prix augmentent de plus de 2 %), de l’autre les gains de pouvoirs d’achat des salaires d’ouvriers (un réajustement alors au 1er juillet par décision du Conseil des ministres).

Fixé à 3,27 francs brut de l’heure en 1970, il augmente rapidement pour atteindre 14 francs dix ans plus tard. Puis, en 1981, la gauche avec François Mitterrand au pouvoir l’augmente de 10 %. Et le Smic va continuer sa franche progression.

Au fil des années, les règles de calcul du Smic ont peu évolué. Le plus grand changement a eu lieu avec la réduction du temps de travail. Avec l’arrivée des 35 heures en 2002 - comme avant en 1982 avec le passage aux 39 heures -, le Smic avait été "scindé" pour permettre aux "smicards" dont l’horaire de travail a été réduit de bénéficier d’un maintien de leur rémunération antérieure, grâce à la "garantie mensuelle de rémunération" (GMR). Ce dispositif disparaît finalement en 2005 avec à nouveau un Smic harmonisé.

Pourquoi le Smic est critiqué ? Dès son instauration, le patronat voit d’un mauvais œil la mainmise de l’État sur ce dispositif et réclame un autre mécanisme de calcul, voire le retour au Smig.

Le Smic "est inflationniste, lamine les catégories ouvrières, crée du mécontentement dans les entreprises et fait disparaître les petits métiers", critiquera en 1985 Yvon Gattaz, le président du CNPF, le Medef de l’époque, qui réclamera aussi pour les moins de 26 ans le "Smij" (j pour jeune), inférieur au Smic.

Le patronat échoue à convaincre mais finit par arracher des allégements de cotisations sur les salaires au Smic, à partir des années 1990.

Les économistes, eux, sont en général divisés sur l’impact du Smic sur la compétitivité et la pauvreté. Les uns considèrent que son niveau élevé est préjudiciable à l’emploi, les autres qu’il protège les plus fragiles.

Mais si le sujet fait périodiquement débat, il est hautement sensible. Et les propositions de réforme ont souvent tourné court.