Traversées de la manche par les migrants : "ça augmente parce que ça marche" selon les associations
Aubaine pour les passeurs, efficace pour les migrants, difficile à endiguer pour les autorités : les tentatives de traversées de la manche par des exilés vers l'Angleterre devraient continuer à augmenter en 2020. Explications d'un phénomène en recrudescence depuis le Pas-de-Calais.
Les chiffres de 2019 viennent d'être communiqués par les autorités : 2 500 migrants ont été secourus dans la Manche l'an dernier soit quatre fois plus qu'en 2018 et quatre d'entre eux ont perdu la vie dans ces tentatives de traversées vers l'Angleterre. Un phénomène qui explose donc et qui concerne tout particulièrement les Hauts-de-France car 95% de ces exilés seraient partis des plages du Pas-de-Calais à bord de canots pneumatiques souvent surchargés.
"Il y a une bande de 60 kilomètre de côtes entre Equihen, au Sud de Boulogne-sur-Mer, et Gravelines d'où il est possible de partir" explique François Guennoc, bénévole de l'Auberge des migrants. "Ce sont des endroits où l'on peut arriver discrètement avec un canot, le cacher pendant quelques jours dans le sable et tenter de partir quand les conditions méteo sont favorables". Ainsi, malgré l'arrivée en octobre dernier de 45 réservistes de la gendarmerie, les migrants parviennent à partir.
Une aubaine pour les passeurs
"_Il n'y a que la moitié du chemin à parcourir soit une quinzaine de kilomètres__, et ils sont en eaux britannique_s" ajoute Maya Conforti, bénévole à l'Auberge des migrants. Même s'ils sont interceptés, les migrants peuvent alors demander l'asile et ils sont mis à l'abri en Grande-Bretagne en attendant que leur demande soit étudiée. Si au contraire, ils parviennent à atteindre les côtes anglaises, "ils rejoignent les banlieues de Londres, Birmingham, Manchester et retrouvent des compatriotes et un travail, donc se créent une vie anglaise, même dans l'illégalité" raconte François Guennoc.
Une formule qui marche donc et qui est rentable pour les passeurs : ils achètent un canot pneumatique pour 2 500 euros et "font payer le même prix par personne alors qu'ils sont une douzaine de migrants par embarcation" ajoute François Guennoc. Alors biensûr il y a les risques - quatre migrants sont morts l'an dernier dans ces tentatives - mais "notre rôle n'est pas de les dissuader, c'est leur choix" estime Jacky Verhaegen du Secours Catholique de Calais. "Nous les prévenons malgré tout des risques et nous leur donnons les numéros d'urgence à composer en cas de danger".
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