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Chronique

Lettre d'un ami allemand

Pour beaucoup d'étrangers, la grève qui paralyse les transports français reste incompréhensible. Notamment pour les Allemands où le système paritaire est bien différent et où syndicats et patronat sont responsables de leurs choix, écrit Xavier Fontanet.

Gare de Lyon, Paris, 20 décembre 2019
Gare de Lyon, Paris, 20 décembre 2019 (Philippe LOPEZ / AFP)

Par Xavier Fontanet (professeur associé de stratégie à HEC Paris)

Publié le 2 janv. 2020 à 10:00

Je discutais récemment avec un ami allemand qui ne comprenait rien à nos grèves ; je le poussais dans ses retranchements, les Allemands, ceux qui les connaissent bien le savent, n'aiment pas passer pour des donneurs de leçons. Voici quelques extraits de ses observations :

« Votre problème, c'est votre paritarisme, ce ménage à trois dans lequel l'Etat, sous le prétexte de combler les déficits des caisses, intervient dans les discussions syndicats-patronat. Le résultat ? ça déresponsabilise les syndicats en laissant entendre qu'on peut faire n'importe quoi sur le plan financier. Nous n'avons pas cette situation en Allemagne car Schröder a expliqué en 2004 que l'Etat, n'ayant plus un sou vaillant, ne comblerait plus les trous. Le départ à la retraite à 65 ans, ce n'est pas le gouvernement qui l'a imposé, ce sont les syndicats et les patrons qui en ont convenu pour équilibrer les comptes. »

Sociétés exportatrices

« Vos syndicats sont issus de la fonction publique (beaucoup plus nombreuse qu'ici) ou de secteurs économiques protégés (comme le transport et l'énergie) ; les nôtres travaillent dans des sociétés exportatrices, ils savent la réalité de la concurrence mondiale dans laquelle ils vivent et ont bien compris qu'on ne pouvait pas mettre n'importe quelle charge sur le dos des entreprises. »

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« Chez nous, le syndicat fait pression sur le patron, si nécessaire par la grève, pour mieux répartir le profit ; chez vous c'est très différent, vos syndicats n'hésitent pas à pourrir la vie de la population en bloquant les transports publics pour peser sur le gouvernement et le Parlement, ce sont des grèves politiques. Les nôtres ont abandonné l'idée de la lutte des classes pour adopter 'l'économie sociale de marché' et ont consigné dans leurs statuts l'indépendance vis-à-vis des partis politiques. »

« Vous savez ce qui serait intéressant ? Que le gouvernement dise 'Chiche ! Vous ne voulez pas de mon âge pivot et bien je quitte le paritarisme, je cesse ce soir à minuit de combler les trous. Je vous laisse vous débrouiller avec les grands financiers mondiaux'. Vous verrez, les premiers impayés ce sera dans les régimes spéciaux et ça forcera un certain nombre de personnes à devenir un peu plus réalistes. »

Xavier Fontanet

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