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Cinq fautes de français à éradiquer de votre quotidien

Lights out, Gabriel Bateman, 2016 (image d’illustration). Everett Collection /Everett Collection /Rue des Arch

«En filigrane» ou «en filigramme»? «Il s’en est allé» ou «il s’est en allé»? Tour d’horizon de ces erreurs et maladresses à ne plus commettre.

Celui qui ne tremble pas devant la langue française, persuadé qu’il en maîtrise les subtilités, est bien téméraire. Il ne s’agit pas non plus d’avoir peur. On n’apprivoise pas une langue. On la découvre, on apprend à la connaître, on se laisse surprendre par ses règles et exceptions. Afin de, petit à petit, maîtriser l’art de bien écrire. C’est ce que montre Julien Soulié dans son petit, mais éclairant, ouvrage Trucs et astuces pour écrire sans fautes (First). Le Figaro vous propose, grâce au professeur de lettres classiques, un tour d’horizon de ces fautes à ne plus commettre.

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Ces mots qu’on écorche

Voilà des mots que l’on déforme sans aucune raison. Peut-être parce que nous considérons que «ça sonne bien» ou même «mieux» ? Ou serait-ce parce que c’est ainsi que nous les avons toujours entendus? . Prenez filigrane: il n’est pas rare d’entendre «cette idée politique apparaît en filigramme». Gare à l’erreur! Il faut bien dire «filigrane» qui, à l’origine, vient du domaine de l’orfèvrerie et désigne un «ouvrage ajouré fait de fils d’or, d’argent, de verre... entrelacés et soudés légèrement, de manière à former des motifs de décoration», ainsi que nous le lisons dans Le Trésor de la langue française. Au figuré, il désigne «ce qui n’est pas dit de manière explicite, mais qui peut être deviné».

Il n’est pas non plus rare de tomber sur le mot dilemme orthographié «dilemne». Pourtant, le terme s’écrit bien avec deux «m» et vient du bas latin dilemma. Enfin, digression. Il est assez étonnant de le voir écrit ainsi: «disgression». Retenez qu’un «propos qui s’écarte du sujet» est bien une «digression», du latin digressio,«action de s’éloigner». Terme rhétorique spécifique qui peut également signifier: «action de s’écarter de son sujet».

«Il s’en est allé» ou «il s’est en allé»?

C’est une erreur tellement banale qu’elle est à peine remarquée. «Il était furieux, hier soir. Il s’est en allé sans dire au revoir.» Il nous faut apprendre cette règle: «aux temps composés, le pronom en doit en toute logique se placer entre le pronom réfléchi se et l’auxiliaire être». Ainsi, il faudrait écrire: «Il était furieux, hier soir. Il s’en est allé sans dire au revoir».

Ces expressions qu’on déforme

Faire des coupes sombres. Il n’est pas rare de voir cette expression employée au sens de «pratiquer des suppressions, des réductions importantes». Or, sa définition réelle est tout autre. Un peu d’histoire. Nous tirons cette formule du monde de la sylviculture où «la coupe sombre consiste à n’enlever qu’une petite partie des arbres, alors que la coupe claire est une coupe supprimant de nombreux arbres». Ainsi, «faire des coupes sombres» revient à «enlever qu’une petite partie».

De même, un chevalier d’industrie n’est pas un «grand chef d’entreprise» (dans ce cas, on parle plutôt d’un «capitaine d’industrie»). Mais plutôt, un «escroc», un «aigrefin». Enfin, tirer les marrons du feu ne doit pas s’employer au sens de «tirer profit personnel d’une situation risquée». Mais plutôt «courir des risques pour le bénéfice d’autrui». La formule tire son origine de la fable «Le Singe et le Chat» de La Fontaine.

«Nous espérons qu’il soit en forme» ou «nous espérons qu’il est en forme»?

Ah, le subjonctif... Malin, il se glisse partout. Lorsque nous utilisons la locution après que, par exemple. Nombreux sommes-nous à faire la faute: «Nous sommes partis après qu’il soit venu». Alors qu’il faudrait dire: «Nous sommes partis après qu’il est venu». En effet, la locution «après que indique que l’action a déjà eu lieu: à ce titre, elle se construit avec le mode indicatif».

Le verbe espérer «contrairement à souhaiter, régit l’indicatif». Ainsi, il ne faut pas dire «nous espérons qu’il soit en forme» mais «nous espérons qu’il est en forme». Petite précision, cependant: «à la forme négative ou interro-négative, le subjonctif s’impose». Exemple: «Je n’espère pas qu’il revienne de sitôt!»

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51 commentaires
  • aristide43

    le

    Vos petits cours d'orthographe sont très appréciables et instructifs. Merci.

  • Hérétique

    le

    Les difficultés du présent de l'indicatif vis-à-vis du subjonctif. Je suis la Princesse Frédérique, la soeur de Frédéric de Prusse, qui utilisait toujours le présent du subjonctif dans les sentences subordonnées après "que". Pour en savoir les détails, à consulter l'oeuvre "Quand l'Europe parlait français" par Franco Fumaroli de l'Académie française.