Le livre Abusés – dont la publication était initialement prévue le 10 janvier – ne sera pas mis en vente, a annoncé son éditeur, vendredi 3 janvier, en raison de la polémique qu’il suscite. Deux victimes de Bernard Preynat, l’ancien prêtre qui sera jugé mi-janvier à Lyon pour agressions sexuelles, se sont en effet opposées à la publication de leurs témoignages dans ce recueil.
Leurs témoignages y figuraient parmi ceux d’une quinzaine de victimes de Bernard Preynat, désignées seulement par leur prénom. Auparavant, tous ces écrits avaient été publiés, à leur demande, sur le site Internet de La Parole libérée, association créée fin 2015 quand l’affaire Preynat avait éclaté.
En avril, les éditions Temps Présent avaient demandé à François Devaux, l’un des fondateurs de La Parole libérée, l’autorisation de publier ces témoignages dans un recueil. M. Devaux avait accepté sans consulter les victimes, ce que les plaignants lui reprochaient. Deux d’entre eux avaient assigné en référé l’association et l’éditeur parisien du livre pour demander son interdiction.
Projet d’un nouvel ouvrage
Ce livre « a été voulu par des victimes, pour des victimes », relève Luc Chatel, directeur de collections des éditions Temps Présent, dans un communiqué. « Nous avons donc été stupéfaits d’apprendre, le 26 décembre (…), que deux des personnes dont les témoignages étaient reproduits dans ce recueil demandaient l’interdiction du livre », poursuit l’éditeur.
Cependant, « afin d’inviter chacun à revenir à plus de raison, d’apaisement et de bienveillance et afin de replacer l’intérêt supérieur des victimes de pédocriminalité au centre des débats et au-dessus des rivalités personnelles, nous avons pris la décision de retirer de la vente le livre Abusés », explique M. Chatel.
« Par respect pour la promesse faite aux victimes qui en sont à l’origine, nous n’abandonnerons pas ce projet et nous demanderons à toutes les personnes qui le voudront bien de participer au projet d’un nouvel ouvrage », a précisé M. Chatel à l’Agence France-Presse (AFP).
Pour l’avocate Laurène Delsart, conseil de Pierre-Emmanuel Germain-Thill, l’un des deux requérants, « ce retrait est une bonne chose pour mon client et nous nous en félicitons. Mais il faut que le juge en prenne acte », a-t-elle indiqué à l’AFP. Déjà renvoyée, l’audience du référé, qui devait avoir lieu lundi, pourrait être reportée en raison de la grève des avocats contre la réforme des retraites.
En dépit du retrait de l’ouvrage,« il faut que les parties à l’origine de l’assignation se désistent de leurs demandes ou que le juge décide d’y mettre un terme », a souligné Nadia Debbache, l’avocate de La Parole libérée.
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