Vers un monde sans sacs plastique ?

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Vers un monde sans sacs plastique ?

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Arbre recouvert de sacs plastique à San Pedro de Atacama, au Chili.
Arbre recouvert de sacs plastique à San Pedro de Atacama, au Chili.
© Getty - Birgit Ryningen / VW Pics / Universal Images Group

Ce 3 juillet marque la journée mondiale sans sacs plastique. 5 000 milliards de sacs en plastique sont utilisés chaque année et une infime partie est recyclée, selon l'ONU, qui y voyait l'an dernier un défi d'une ampleur "décourageante". Les interdictions se multiplient. Reste à les appliquer.

Presque 10 millions de sacs en plastique sont utilisés chaque minute dans le monde, selon un rapport publié par l'ONU en 2018. Le symbole de la destruction de l'environnement par l'homme a la vie dure. Longtemps plébiscité pour sa capacité à supporter une charge deux mille fois supérieure à son poids, il change lentement d'image. Des Etats, des associations, des citoyens et des marques se mobilisent pour changer nos usages. Mais ce n'est ni facile ni rapide. 

© Visactu

Des Etats qui interdisent de plus en plus

Dans le monde, 127 pays ont une législation régissant d'une manière ou d'une autre l'usage des sacs en plastique, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Parmi eux, 91 pays, dont 34 en Afrique et 29 en Europe, en interdisent ou limitent la production, l'importation ou la distribution commerciale. Dernier en date, ce lundi : la Nouvelle-Zélande. Les contrevenants risquent des amendes allant jusqu'à 100 000 dollars zélandais (59 170 euros), quand la plupart des supermarchés ont déjà supprimé les sacs jetables, même compostables ou biosourcés, depuis le 1er janvier dernier. Pour la ministre de l'Environnement Eugenie Sage, le débat est lancé mais dorénavant, la question du recyclage est au programme. Depuis lundi aussi, c'est en Nouvelle-Calédonie que les sacs en plastique à usage unique distribués à la caisse des magasins, les sacs non biosourcés ainsi que les cabas en plastique réutilisables sont interdits. Les Néo-Calédoniens utiliseraient chaque année 60 millions de sacs en plastique !

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Fin mai, avec la Tanzanie, un 34e pays africain a donc banni les sacs en plastique. La possession et l'utilisation de ces sacs peuvent déboucher sur une amende de 87 dollars et/ou une peine d'emprisonnement de sept jours.

Il y a un an, le Chili est devenu le premier pays d’Amérique du Sud à les interdire.

Les Français, eux, s'y sont habitués peu à peu mais pas partout, expliquait fin décembre franceinfo. Et le bilan chiffré de cette mesure se fait attendre. Le 1er juillet 2016, les sacs plastiques fins, dits "à usage unique", disparaissaient des caisses, avant le 1er janvier 2017, ceux utilisés pour d'autres usages (fruits et légumes, poisson, produits en vrac...). Auparavant, 5 milliards de sacs plastique fins étaient distribués chaque année en caisse et 12 milliards pour d'autres usages.

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Aux Etats-Unis, les Etats sont pionniers : de New York récemment, après la Californie dès 2016. Et à Hawaï, chaque comté a décidé de proscrire les sacs. Le site web interactif "bag the ban", lancée par l’industrie américaine de fabrication et de recyclage de sacs, permet de suivre l'évolution de la situation dans le pays :

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Lors du dernier G20, à Osaka, il y a quelques jours, le Japon est apparu bien en retard. Pour montrer sa bonne volonté, le gouvernement a simplement promis la prochaine facturation des sacs jetables fournis dans le commerce. Les emballages plastiques sont omniprésents dans l'archipel, deuxième producteur mondial par habitant de ce type de déchets après les Etats-Unis. Dans le même temps, les pays d'Asie du Sud-Est, qui comptent parmi les plus gros pollueurs de la planète, ont abouti à un engagement inédit de lutte contre la pollution des océans. Mais aucune mesure concrète n'est ressorti du texte de ce sommet de l'Asean* à Bangkok. Les militants écologistes, qui dénoncent depuis des années l'absence de politique de préservation de l'environnement, et notamment d'engagement des gouvernements de la région contre l'utilisation des sacs plastiques, sont sceptiques : "Si on ne réduit pas l'utilisation des plastiques à usage unique, cette +Déclaration de Bangkok+ ne fonctionnera pas", a réagi Tara Buakamsri de Greenpeace Thaïlande, interrogé par l'AFP.

Au Canada, récemment mis en cause pour ses exportations de déchets plastiques, Justin Trudeau vient de fixer une interdiction à 2021. Plusieurs villes interdisent déjà les sacs en plastique, comme Montréal depuis 2018. Mais "une solution nationale" s'impose, a estimé le Premier ministre qui compte faire de l'environnement l'une de ses priorités d'ici les élections législatives d'octobre. Promesse électoraliste dénoncent certain.es. 

2021 est aussi la date fixée par le Parlement européen pour la fin des produits en plastique à usage unique dans l'UE. L'Union européenne qui avait tranché en 2015 : les États membres devaient réduire le nombre de sacs plastiques fins à 90 par personne et par an d'ici 2019, puis 40 d'ici 2025.

*Asean : Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge

La Méthode scientifique
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Des mobilisations citoyennes

En complément des mobilisations depuis des années par l'intermédiaire d'associations, les réseaux sociaux relaient de plus en plus d'initiatives, marquées par un mot-dièse. Ce printemps, en quatre semaines, le mot-clé #trashtag a fait l’objet de plus de 200 000 tweets, trois fois plus que le #climat, selon l’outil de veille des réseaux Visibrain. Parti d'un simple post Facebook partagé le 5 mars dernier par un certain Byron Román, ce défi invite chacun.e à nettoyer un coin de rue, un bout de plage ou de forêt, et à en poster les clichés avant et après. Si ce défi a vu le jour en 2015, sans grand succès, explique Le Parisien, il est aujourd’hui remis au goût du jour par celui qui apparaît à l'image : Younes, un jeune activiste algérien de 27 ans. Avec des déclinaisons comme #basurachallenge, en espagnol.

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Lancé par l'association " No plastic in my sea", la deuxième édition du #noplasticchallenge viendrait, elle, de sensibiliser à 15 éco-gestes pour réduire son impact plastique "100 entreprises, 80 établissements scolaires, 200 000 participants. Avec une consommation de plastique du panel de répondants au questionnaire en baisse de 33%."

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Les réactions de certaines marques

Des marques, peut-être en mal de communication, s'emparent aussi du sujet. 

A partir de cet été, le géant allemand du discount Aldi va bannir les sacs plastiques de ses rayons fruits et légumes pour les remplacer par des sachets en matériau recyclable vendus "un centime symbolique". La mesure est censée contribuer à la lutte contre les déchets plastiques. L'usage de sacs en plastique "classiques" a diminué en Allemagne au fur et à mesure que les distributeurs les ont facturés en caisse. Mais l'utilisation des sachets gratuits comme ceux disposés aux rayons alimentaires n'a elle que peu diminué, selon le ministère fédéral de l'Environnement.  

La marque japonaise Uniqlo vient d'annoncer pour septembre son passage dans le monde entier à des sacs en papier recyclables.

Mi-avril, Les Echos expliquaient comment " Walmart fait un petit geste pour l'environnement". Le plus grand distributeur au monde va proposer des sacs réutilisables dans tous ses points de vente. Sans faire disparaître pour autant ses sacs plastiques, dont le géant américain est l'un des principaux consommateurs au monde. Chaque année, 20 milliards de sacs plastiques sortent de ses magasins.

Au même moment, Disneyland Paris s'engageait à ce que "les sacs en plastique systématiquement donnés en caisse" aux visiteurs lors de leurs achats soient remplacés par des sacs "faits à 80% de matière plastique recyclés", et vendus de 1 à 2 euros.

Enfin, à Vancouver, au Canada, l'initiative d'un commerçant s'est transformée en contre-exemple. Il souhaitait par la théorie du nudge détourner ses clients de l'objet. Mais ses sacs aux inscriptions choc sont au contraire devenus tendance !

L'Humeur du matin par Guillaume Erner
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Avec AFP