L’interview choc de Gabriel Matzneff confronté en 1993 à ses pratiques pédophiles par la RTBF

Matzneff dans "Au nom de la loi" - RTBF 1993

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Par François Mazure

C’était en 1993 à une époque où le milieu littéraire français avait encore bien du mal à dénoncer les activités pédophiles de Gabriel Matzneff, décrites en détail dans plusieurs de ses ouvrages. Dans le cadre d’une vaste enquête sur la pédophilie, une équipe de l’émission "Au nom de la loi" de la RTBF décidait de se rendre à Paris pour confronter l’auteur à ses agissements.

"Quel l’on ait 13, 14 ans ou que l’on en ait 18 ou 20, l’entrée dans la vie amoureuse est toujours un risque".

Face aux questions du journaliste belge Georges Huercano, l’écrivain tente d’abord de se justifier : "Si on appelle pédophile La Rochefoucauld, Casanova, Byron ou Dostoïevski… Alors oui je veux bien, et là je ne suis pas en trop mauvaise compagnie, que l’on m’appelle pédophile". Et Gabriel Matzneff d’ajouter : "Quel l’on ait 13, 14 ans ou que l’on en ait 18 ou 20, l’entrée dans la vie amoureuse est toujours un risque".

Au cours de l’entretien, son discours va s’effilocher pour laisser transparaître plusieurs contradictions. Notamment sur la question du tourisme sexuel : "Moi ce qui me frappe dans le tourisme sexuel, dans ces gens qui vont en Thaïlande, c’est l’extraordinaire vulgarité de tout ça. Et quand je vous disais que les pédophiles sont des gens médiocres, je pensais à cette extraordinaire vulgarité non seulement de leur comportement mais aussi de leur âme. Ils ont une vulgarité vestimentaire, une façon de se tenir qui est odieuse. Moi je serais le Roi de Thaïlande, je vous assure que je prendrais les mesures les plus drastiques mais je ne suis pas le Roi de Thaïlande".

C’est alors que le journaliste belge lui rétorque : "Mais lorsque vous vous êtes rendu aux Philippines, vous avez aussi rencontré des jeunes philippins et vous avez aussi parfois vécu des relations avec ces jeunes philippins que vous avez payés, rétribués. Comment faites-vous la distinction ?"

Bouche bée, l’écrivain restera sans réponse ce jour-là comme il risque de l’être jusqu’au bout de sa vie. Gabriel Matzneff, 83 ans désormais, a déclaré qu’il n’ouvrirait pas le livre de Vanessa Springora.

Un ouvrage qui bouleverse le milieu littéraire

L’ouvrage "Le consentement" de Vanessa Springora est sorti ce lundi en librairie et agite le milieu littéraire français depuis une semaine et la parution de plusieurs extraits. Le livre raconte la rencontre dans les années '80 de Vanessa Springora, treize ans à l’époque, et Gabriel Matzneff de 33 ans son aîné. Aujourd’hui, plus de trente ans après les faits, l’auteure livre un texte fulgurant. Elle y dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l’ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d’une époque, et la complaisance d’un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.

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