C'est un cercle vicieux. Les incendies en Australie, qui ont ravagé l'équivalent de la surface du Danemark, provoquent des nuages pyrocumulonimbus, surnommés "dragons cracheurs de feu" par la NASA. Peu chargés en pluie, ces nuages sont à l'origine de nombreux éclairs qui provoquent des nouveaux départs de feux. Un phénomène rare qui devrait se multiplier avec le réchauffement climatique. 

La situation pourrait durer "des mois". Voilà ce qu’a annoncé le Premier ministre australien, Scott Morrisson, le jeudi 2 janvier alors que le pays est en proie aux flammes depuis septembre. Les incendies ont déjà ravagé plus de 5,5 millions d’hectares soient plus que la surface d’un pays comme le Danemark.
18 personnes ont perdu la vie, une vingtaine est portée disparu et des milliers d’habitants ont dû fuir leur logement. Près de 4 000 d’entre eux, vivant dans la cité balnéaire de Mallacoota, se sont retrouvés bloqués sur la plage. Au total, selon une estimation de chercheurs de l’université de Sydney, 480 millions d’animaux sont morts à cause des incendies. Et la situation ne semble pas du tout s’améliorer. 
Les incendies, qui ont peu à peu fusionné, sont si importants qu’ils génèrent leur propre météo. Ils forment des pyrocumulonimbus, des nuages surnommés "dragons cracheurs de feu" par la NASA. Ceux-ci provoquent des orages géants, peu chargés en pluie mais avec un fort potentiel de création d’éclairs. Ceux-ci vont créer de nouveaux incendies en touchant le sol. Ce phénomène, rare, devrait se multiplier avec le réchauffement climatique.



Les glaciers néo-zélandais touchés par les fumées
"Ce que nous savons sur les conditions de ces tempêtes pyrocumulonimbus est qu’il faut un temps chaud, sec et venteux", explique le Dr Mike Fromm, spécialiste, au Guardian. "Si ces facteurs s’intensifient avec le changement climatique, il est raisonnable d’anticiper un risque supplémentaire de telles tempêtes de feu", prévient-il.
Alors que dans la capitale australienne la qualité de l’air est devenue la plus mauvaise du monde, les conséquences de ces incendies hors normes traversent les frontières. La fumée a atteint les côtés de la Nouvelle-Zélande, a plus de 2 000 km de l’Australie. Ce nuage de fumée a teinté les glaciers, habituellement d’une couleur blanche éclatante, d’un marron terne.
Une habitante de la région a publié une photo sur Twitter expliquant : "C’est la vue depuis le sommet du Tasman Glacier NZ aujourd’hui, toute l’île du Sud connait des nuages de brousse. Nous pouvons également sentir le brûlé, ici, à Christchurch"



L’Australie, un des pays les plus émetteurs de CO2 par habitant
L’Australie est habituée aux feux de forêts lors de l’été austral, mais cette année, ils ont été particulièrement précoces et violents en raison d’une période de sécheresse prolongée. Lundi, dans l’État d’Australie occidentale, les températures ont atteint 47°C. Elles ont dépassé 40°C à travers tout le territoire.
Le Premier ministre conservateur Scott Morrison a admis tardivement un lien entre ces incendies et le changement climatique mais s’est refusé à revenir sur sa politique favorable à l’industrie minière du charbon. Le pays est un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre par habitant. 
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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