Deux adolescentes qui regardent leur smartphone allongées sur un canapé

L’urgence climatique inquiète les jeunes, mais ne les fait pas agir

© AntonioGuillem via GettyImages

On croyait que les jeunes allaient sauver la planète. D'après une étude du CRÉDOC, c'est raté. En matière de consommation, la nouvelle génération ne fait pas mieux que ses aînés. Voire pire.

On les dit plus engagés que leurs parents, sustainable natives avec une conscience écologique aiguisée et prêts à changer leurs comportements pour sauver la planète. Vraiment ? D’après une étude du Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de vie (CRÉDOC), pas si sûr. Les chercheurs ont agrégé des données de différentes études afin de dresser un portrait des 18-30 ans et de leur relation à l’environnement.

Certes, l’état de notre planète arrive en tête des préoccupations des plus jeunes, devant l’immigration et le chômage. Et ils sont plutôt pessimistes. Les 15-24 ans sont 60% à penser que nous ne réussirons pas à limiter le réchauffement climatique d’ici la fin du siècle et trois quarts d’entre eux pensent donc que les conditions de vie vont devenir extrêmement pénibles.

Face à ce constat bien sombre sur fond d’éco-anxiété, les plus jeunes relèvent les manches et s’engagent pour la planète. Alors qu’en 2016, seulement 3% d’entre eux étaient engagés auprès d’une association pour la défense de l’environnement, en 2019, ils étaient 12%. Et c’est deux fois plus que le reste de la population.

Pas de remise en cause du système

Oui mais ça ne fait pas tout. Malgré des philanthrokids façon Greta Thunberg qui émergent un peu partout sur la planète, la majorité continue sur le même modèle de consommation que leurs parents. Et ils sont mêmes moins adeptes des petits éco-gestes. Les jeunes trient moins leurs déchets, achètent moins de produits éco-responsables et limitent moins leur consommation d’électricité que leurs aînés. Alors que 42% de la population tentent de limiter sa consommation de viande, les 18-24 ans ne sont que 33% à lever le pied sur la barbaque.

Côté voyage aussi, l’enquête montre que les 18-24 ans ne sont pas encore prêts à changer leur mode de vie. Ils sont 28% à déclarer avoir pris l’avion plus de deux fois au cours de l’année 2019, soit 9 points de plus que la moyenne. Le flygskam est rentré dans notre vocabulaire mais pas dans nos moeurs.

Dépenser moins pour acheter plus

Le köpskam, la honte de faire du shopping, ne prend pas non plus chez la jeune génération. Ils sont 20% à affirmer même que consommer est une source de plaisir. De plus en plus de marques refusent les soldes et on aurait vite fait d’enterrer ces périodes de promotions. C’est sans compter les 18-24 ans qui sont 62% à profiter des soldes, soit 15 points de plus que la moyenne. Près d’un jeune sur cinq avoue même ne pas être prêt à prolonger la durée de vie de ses produits et réduire sa consommation. Car si les 18-24 ans font les soldes, ce n’est pas vraiment pour faire des économies et mettre de l’argent de côté pour leur retraite. Non, d’après l’étude du CRÉDOC, les jeunes sont à l’affût des bonnes affaires pour… pouvoir acheter encore plus ! « Vivre mieux avec moins », très peu pour eux.

Les jeunes achètent des fringues mais délaissent la voiture

Un bon point quand même pour cette nouvelle génération : en matière de transports quotidiens, elle fait mieux que ses aînées. Les jeunes sont de moins en moins nombreux à posséder une voiture. Pour leurs déplacements, ils privilégient les transports en commun ou le covoiturage de façon bien plus importante que leurs parents.

De même les 18-24 ans se tournent plus facilement vers les produits de seconde main. À la croisée entre tendance, engagement écologique et intérêt économique, les produits d’occasion séduisent les jeunes. Et même si les plateformes du type Vinted ressemblent plus à l’arrière-cour de la fast fashion qu’à des repères de belles pièces durables, c’est déjà un premier pas.

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