Retraite : le cas des marins pêcheurs

Le régime de retraite des pêcheurs est le plus ancien de France ©Radio France - Anne-Laure Chouin
Le régime de retraite des pêcheurs est le plus ancien de France ©Radio France - Anne-Laure Chouin
Le régime de retraite des pêcheurs est le plus ancien de France ©Radio France - Anne-Laure Chouin
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La réforme des retraites et surtout le débat autour de l'âge pivot inquiètent une profession qui a déjà du mal à se faire entendre : les marins pêcheurs. Leur travail pénible leur permettait jusqu'à présent de partir à la retraite à 55 ans. Qu'en sera-t-il demain ? Reportage à Boulogne-sur-Mer.

Le régime de retraite des marins est le plus vieux de France : il a 400 ans. Preuve que les institutions ont toujours considéré que cette profession était spécifique. Des spécificités qui permettaient jusqu'à présent aux marins pêcheurs de pouvoir partir à la retraite à 55 ans. Mais la réforme et surtout les débats autour de l'âge pivot inquiètent une profession qui a déjà du mal à se faire entendre. 

A Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, l'un des premiers ports de pêche de France, le reportage d'Anne-Laure Chouin.

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Un métier pénible....

C'est l'un des 42 régimes spéciaux, héritier d'une longue tradition marine, qui remonte au XVIIe siècle. Actuellement, les marins pêcheurs, qui embarquent souvent très jeunes, peuvent partir à la retraite à l'âge de 55 ans. notamment à cause de la pénibilité reconnue de leur statut. Le droit du travail maritime, en effet, est bien moins favorable que le droit général et les conditions de travail sont physiques, comme en témoigne Bruno Margollé, qui fut marin pendant 39 ans, aujourd'hui président des Coopératives Maritimes Etaploises.

"C'est un travail lourd et physique"

55 sec

J'invite les gens à venir faire une semaine sur un bateau de pêche, je pense qu'ils repartiront vite à leur travail sédentaire : on est toujours en train de porter des charges lourdes, on est toujours en action, le bateau bouge tout le temps, on n'est jamais en repos total plus de 20 minutes d'affilée.

Conscient de cette pénibilité particulière, Jean-Paul Delevoye en avait fait mention dans son rapport remis au gouvernement le 18 juillet dernier. Et il semble acquis que les marins pêcheurs pourront continuer à partir à la retraite avant les autres. Mais à quel niveau de salaire ? Et quelles conséquences si un âge pivot est mis en place ? Sur ce thème, rien n'est encore tranché. Des discussions avec l'ensemble de la filière sont au programme courant janvier. 

...dont l'attractivité pourrait souffrir

Bruno Margollé, Bruno Dachicourt et Olivier Leprêtre, pêcheurs, au Comité régional des Pêches de Boulogne-Sur-Mer  (62)
Bruno Margollé, Bruno Dachicourt et Olivier Leprêtre, pêcheurs, au Comité régional des Pêches de Boulogne-Sur-Mer (62)
© Radio France - Anne-Laure Chouin

La pyramide des âges des marins pêcheurs français est très défavorable à l'équilibre à la fois du régime et de la filière : 220 000 pensionnés, pour 20 000 actifs environ ( cf l'état des lieux des effectifs des marins à la pêche). C'est donc l'Etat qui abonde, à près de 90% , les caisses de l'ENIM, l'établissement des Invalides de la Marine, la sécurité sociale des pêcheurs. Mais si l'on enlève la perspective d'un départ anticipé pour les jeunes pêcheurs, alors ce métier, qui souffre déjà d'un déficit d'attractivité, pourrait bien ne plus arriver à recruter de jeunes marins. Aujourd'hui, on estime que 600 jeunes sortent chaque année de la douzaine de lycées maritimes de France. C'est largement insuffisant pour renouveler la profession qui souffre d'un déficit d'image.

La filière, pourtant, a surmonté les graves difficultés économiques des années 2000, qui avaient fait baisser le nombre de bateaux de façon drastique. Mais un autre nuage vient en sus assombrir les perspectives de la filière : celui du Brexit, qui pourrait voir interdire les eaux anglaises aux pêcheurs français.

Le Temps du débat
39 min

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