Quel mal mystérieux frappe depuis cet hiver les ruches de l'Ariège, provoquant la disparition d'environ 20 % des colonies, selon certains exploitants ? Pour Nicole Russier et Bertrand Théry, un couple d'apiculteurs installés depuis les années 1980 dans la vallée de la Barguillère, au-dessus de Foix, cette hécatombe en rappelle une autre : celle survenue en 2008-2009. Ils avaient alors perdu la moitié de leurs ruches. Pour eux, pas de doute, les résidus des traitements administrés aux animaux par les éleveurs pour lutter contre la fièvre catarrhale étaient alors responsables de la mortalité des pollinisateurs.
« Cette année, nous avons le sentiment de revivre le même genre de catastrophe, témoignent-ils. Ç'a commencé fin novembre-début décembre 2013. Il y avait des tapis d'abeilles mortes. C'est un massacre incroyable : dans certains endroits, où il y avait une quarantaine de ruches, il n'en reste plus qu'une. »
Les vallées froides ont été particulièrement touchées. Certaines zones sont mieux épargnées, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Le varroa, un acarien parasite de l'abeille, a été soupçonné. Mais les premiers prélèvements l'ont mis hors de cause. Une campagne de visites de ruchers menée en décembre par l'Association de développement de l'apiculture en Midi-Pyrénées a abouti à la conclusion que « la proximité d'un environnement en zone d'élevage semblait être le seul point commun » aux colonies détruites.
COHABITATION DIFFICLE ENTRE ÉLEVEURS ET APICULTEURS
Pour se faire mieux entendre des pouvoirs publics, une quarantaine d'apiculteurs ariégeois ont constitué un collectif. Fin février, celui-ci a rencontré François Gerster, coordinateur ministériel du plan de développement durable de l'apiculture, qui lui a assuré qu'une enquête visant à déterminer les causes de l'intoxication des abeilles allait être menée.
Au fil des années, la cohabitation entre les 690 apiculteurs ariégeois et leurs voisins éleveurs est devenue de plus en plus difficile, les premiers supportant mal de voir leurs compétences mises en cause et les seconds, plus puissants sur le plan économique, se sentant placés en position d'accusés.
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