«Qu’avons-nous fait de notre planète» : la colère de la championne olympique Charline Picon

La championne olympique de voile, amoureuse de la nature, est actuellement en Australie, où sévissent toujours les incendies.

 Pour Charline Picon : «Il y a plein de messages Prier pour l’Australie. C’est bien de prier, mais à un moment il faut passer à l’action.»
Pour Charline Picon : «Il y a plein de messages Prier pour l’Australie. C’est bien de prier, mais à un moment il faut passer à l’action.» AFP/Kazuhiro Nogi

    Depuis la mi-décembre , Charline Picon s'est installée à Melbourne avec son compagnon et sa petite Lou afin de préparer les Championnats du monde qui auront lieu à partir du 23 février dans la ville australienne.

    Écologiste dans l'âme, la championne olympique de planche à voile est préoccupée par les incendies qui ravagent le pays.

    Quelle est l'ambiance actuellement en Australie ?

    CHARLINE PICON. Les incendies sont assez loin de nous, mais partout dans la ville de Melbourne, il y a des affiches appelant aux dons. Durant deux jours, nous avons eu une qualité de l'air très mauvaise, je ne suis pas allée m'entraîner, car c'était toxique. Ça sentait le bois cramé. Certains ont navigué, ils avaient les yeux qui piquaient. Produire un effort physique dans ces conditions, ce n'est pas génial au niveau pulmonaire. Au-delà de çà, les images de gens qui ont perdu leur maison, de ces forêts qui brûlent sont effroyables.

    Qu'est ce qui vous touche ?

    Mon père et mon grand-père travaillaient à l'Office national des forêts (ONF), ils prenaient soin des arbres, de la dune et de la plage et m'ont transmis l'amour de la nature. À la Tremblade (Charente-Maritime), la forêt et la côte sauvage sont mon refuge, l'endroit où je respire. C'est fou qu'on doit attendre ce type de catastrophes, en Australie ou en Amazonie, pour se réveiller. Il y a plein de messages « prier pour l'Australie ». C'est bien de prier, mais à un moment il faut passer à l'action.

    On vous sent en colère…

    Les pays ne sont pas capables de s'unir pour sauver la planète. Ces dernières années, on l'a dénaturée. On veut toujours plus, il est temps qu'on prenne conscience de tout ça et qu'on ralentisse la machine. C'est le propre de l'être humain de vouloir évoluer, mais ne pourrions-nous pas faire tout ça avec davantage d'écoresponsabilité ?

    Vous pratiquez un sport de nature, la voyez-vous évoluer ?

    Ça fait 15 ans que je voyage à travers le monde, je n'ai pas assez de recul. C'est la première fois que je suis confrontée à un événement d'une telle ampleur. On a eu deux jours de pluie, on se dit que ça doit faire du bien, mais en fait ça n'a pas fait grand-chose. Des pompiers continuent à mettre leur vie en péril, certaines personnes partent en urgence en laissant tout derrière elles. Et ces photos d'animaux brûlés qui circulent… Qu'avons nous fait de notre planète ? Je ne sais pas ce qu'elle va devenir, mais ça fait peur.

    L'organisation des Mondiaux, fin février, pourrait-elle être remise en cause ?

    On est à Melbourne, donc ça devrait aller, il faudra veiller à la qualité de l'air. Ce sera fin février, j'espère que d'ici là l'aide internationale se sera mise en place. La compétition en elle-même n'est pas importante. On est ridicule avec notre compétition sportive à côté de vies qui sont en jeu.

    Votre petite fille Lou, 2 ans et demi, est avec vous en Australie. Voit-elle les images de ce qui se passe ?

    On n'a pas la télévision, j'essaie de lui faire découvrir des choses. Ça me tient à cœur de lui faire découvrir le monde, mais j'aimerais bien que le monde reste à peu près joli.