Donald Trump a été le premier à mettre en doute l’hypothèse de l’incident technique dans le crash, mercredi, du vol 752 d’Ukraine International Airways (UIA).

Interrogé par des journalistes à la Maison-Blanche, le président américain a affirmé avoir des “doutes”, à l’instar “d’autres personnes”, rapporte le Washington Post. “Quelqu’un a peut-être fait une erreur de l’autre côté. Certains disent que c’est technique. Personnellement, je n’y crois pas une seule seconde”, a-t-il dit.

Le quotidien précise que les responsables américains “sont persuadés” que le Boeing 737-800, dont le crash a fait 176 morts, “a été la cible de systèmes de défense aérienne, alors que les forces iraniennes étaient en état d’alerte maximum” après leur attaque contre des positions américaines en Irak, en représailles de l’assassinat par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani.

Quelques heures plus tard, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a accusé nommément l’Iran. “Nous avons des renseignements provenant à la fois de nos alliés et de nos propres services”, a-t-il déclaré, selon La Presse. “Ces renseignements indiquent que l’avion aurait été abattu par un missile surface-air iranien. Cela pourrait avoir été accidentel.”

“Cette nouvelle vient confirmer la nécessité d’une enquête approfondie dans cette affaire”, a ajouté M. Trudeau, alors que 63 Canadiens ont trouvé la mort dans le crash et que bon nombre des victimes iraniennes avaient aussi le Canada pour destination finale.

“Mensonge”

Radio-Canada rappelle que “l’avion de l’UIA s’est écrasé quelques heures seulement après des tirs de missiles iraniens contre des bases de la coalition antidjihadiste en Irak abritant surtout des forces américaines”, nourrissant l’hypothèse selon laquelle “il aurait pu être touché par un projectile”.

Al-Jazira a interrogé l’expert en aéronautique Richard Aboulafia, qui estime que la probabilité de crash d’un avion relativement neuf – comme le Boeing de l’UIA – en raison “de l’appareil lui-même ou des moteurs se situe entre 0 et 1 %”. Les avions “n’explosent pas tout seuls au décollage”, observe-t-il.

Dans une dépêche de l’agence officielle Irna, Téhéran a démenti être à l’origine de l’accident, qualifiant les accusations, notamment américaines mais aussi britanniques, de “mensonge”. L’Organisation de l’aviation civile iranienne (CAO) a précisé que l’enquête serait menée selon les règles internationales et que pourraient y participer l’Ukraine, Boeing (constructeur de l’avion) et la France (fabrication du moteur).

L’agence américaine chargée de la sécurité des transports (NTSB) a par ailleurs annoncé jeudi soir avoir été invitée par la CAO à participer à l’enquête.

Pour The Guardian, “l’hypothèse selon laquelle l’avion aurait pu être abattu va entraîner une réévaluation des conséquences de la décision de Donald Trump” d’assassiner Soleimani, qui a mis la région “au bord d’une guerre ouverte”.

Une escalade qui a poussé la Chambre américaine des représentants, contrôlée par les démocrates, à voter jeudi une résolution visant à “limiter la capacité de Donald Trump à faire la guerre à l’Iran”, écrit USA Today. “Les Américains ne veulent pas d’une guerre avec l’Iran. Avec ce texte, nous enlevons au président le pouvoir de déclencher un tel conflit”, a déclaré le président de la commission des Affaires étrangères, Eliot Engel.