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Ukraine: "Les séparatistes seront traités comme des terroristes"

Manifestante à Karkhiv avec une pancarte "Kharkov est une ville russe", le 7 avril 2014

© Sergey Bobok

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Par AFP

Les "séparatistes" qui "prennent les armes, qui envahissent des bâtiments, seront traités comme le prévoient la Constitution et les lois, comme des terroristes et des criminels", a déclaré mardi le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov.

Les forces de l'ordre "ne prendront jamais les armes contre des manifestants pacifiques", a-t-il par contre insisté devant le Parlement.

M. Tourtchinov a affirmé que "des armes à feu et des grenades" avaient été utilisées contre les forces de l'ordre déployées pour reprendre les locaux de l'administration locale dans la ville de Kharkiv. "Plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés" a-t-il dit.

Sur sa page Facebook, le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, a fait état d'un bilan de trois blessés, dont un grièvement, parmi les forces de l'ordre à Kharkiv.

Devant le parlement M. Tourtchinov a exprimé l'espoir que "soient prochainement libérés les bâtiments des services de sécurité (SBU) à Lougansk et de l'administration locale à Donetsk", où des activistes pro-russes ont déclaré lundi une "république souveraine".

Il a également affirmé que les autorités avaient fait face à des "tentatives de lancer des provocations séparatistes dans les régions de Dniepropetrovsk et Nikolaïevsk".

La Russie menace, l'OTAN aussi

La Russie de son côté a accusé l'Ukraine de vouloir intervenir dans l'Est. Le ministère russe des Affaires étrangères affirme aussi que des membres d'une société privée américaine participent à cette opération.

"Nous appelons à cesser immédiatement tout préparatif militaire, qui risque de déclencher une guerre civile", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé mardi, alors que la tension s'est brusquement aggravée depuis dimanche quand des manifestants prorusses se sont emparés de bâtiments officiels dans plusieurs villes de l'Est ukrainien.

"Selon nos informations, des unités des forces de l'Intérieur et de la garde nationale ukrainienne affluent dans les régions du sud-est de l'Ukraine, notamment à Donetsk, avec des combattants du groupe armé illégal Pravy Sektor", un mouvement ultranationaliste ukrainien, déclare le ministère russe.

"La tâche leur a été confiée d'écraser par la force la contestation des habitants du sud-est du pays contre la politique des autorités de Kiev", ajoute la diplomatie russe.

De son côté, l'OTAN a avertit la Russie: "J'appelle la Russie à reculer et à ne pas jouer l'escalade de la situation dans l'est de l'Ukraine", a déclaré M. Rasmussen lors d'une conférence de presse à Paris. "Si la Russie intervenait davantage en Ukraine, ce serait une erreur historique", a ajouté le patron de l'Alliance atlantique, mettant en garde Moscou contre une isolement sur la scène internationale.

"L'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine est le plus grand défi posé à la sécurité de l'Europe en une génération", a martelé M. Rasmussen en référence à la prise de contrôle de la région ukrainienne de Crimée fin février par des troupes russes. Dans la foulée, les autorités séparatistes ont organisé en deux semaines un référendum pour le rattachement de la Crimée à la Russie.

La Russie prête à des pourparlers

La Russie s'est dite prête à envisager des pourparlers sur l'Ukraine tels que proposés par les Etats-Unis avec les Européens, mais les régions russophones du sud-est du pays doivent y être représentées, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères.

"Nous sommes prêts à envisager un format dans lequel seraient représentés les Européens, les Etats-Unis, la Russie et la partie ukrainienne", a déclaré Sergueï Lavrov, interrogé lors d'une conférence de presse sur la possibilité de tenir une telle rencontre dans les dix jours, évoquée la veille par le département d'Etat américain après un entretien entre le ministre russe et son homologue John Kerry.

"Nous n'avons pas parlé avec John Kerry d'une quelconque date concrète parce que, selon ce que nous avons convenu, il faut d'abord comprendre quel sera le format de cette rencontre, et quel sera son ordre du jour", a-t-il toutefois ajouté.

Le ministre russe a exclu de cautionner une rencontre qui "ignorerait la contestation dans le sud et l'est de l'Ukraine".

"Nous souhaitons que le sud et l'est de l'Ukraine soient représentés", a-t-il souligné.

Il a estimé que ces régions russophones où des manifestants pro-russes ont investi dimanche et lundi des bâtiments administratifs, hissé le drapeau russe et réclamé un référendum, pourraient être représentées par des personnalités d'ores et déjà désignées comme candidats pour la présidentielle du 25 mai prochain.

"Quelle que soit l'opinion que l'on a à l'égard de cette élection présidentielle (convoquée après l'éviction du président pro-russe en février et dénoncée par Moscou, ndlr), les candidats qui ont été approuvés par les partis politiques représentent les forces politiques légitimes de l'Ukraine", a estimé M. Lavrov.

70 séparatistes arrêtés

Ce mardi matin, les forces de l'ordre ukrainiennes ont arrêté quelque 70 séparatistes pro-russes qui s'en prenaient au bâtiment de l'administration locale à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, a annoncé l'antenne locale du ministère de l'intérieur.

Les activistes pro-russes, qui étaient entrés dimanche dans le bâtiment, l'avaient quitté dans la nuit après des négociations et la venue sur place du ministre de l’Intérieur, Arsen Avakov. Mais la situation était restée très tendue toute la journée de lundi, avec plus d'un millier de manifestants pro-russes massés sur la place. Des échauffourées avec des contre-manifestants pro-européens, moins nombreux, avaient émaillé la journée.

Lundi soir, des manifestants pro-russes ont lancé des cocktails molotov sur le bâtiment de l'administration, mettant le feu à deux bureaux du rez-de-chaussée, selon les responsables locaux du ministère. L'incendie a rapidement été maîtrisé.

Après ces incidents, les forces de l'ordre ont lancé "une opération anti-terroriste qui a totalement sécurisé l'immeuble de l'administration locale" et environ 70 personnes ont été arrêtées, pour "séparatisme", "désordres de masse" et "mise en danger de la santé d'autrui," selon ces sources.

Aucun coup de feu n'a été tiré, ont précisé ces sources.

Sur sa page Facebook, M. Avakov avait écrit dans la nuit: "L'opération anti-terroriste a commencé. Le centre ville est bouclé. N'ayez pas peur".

Un député, Nikolaï Kniajitski, qui a pu s'entretenir avec M. Avakov, a indiqué sur sa page Facebook que l'opération avait été menée par une unité spéciale des forces de l'Intérieur (unités militaires dépendant du ministère de l’Intérieur, ndlr), les "Jaguar".

"Ils (les Jaguar) sont prêts à intervenir à l'est, pour neutraliser les criminels", a-t-il écrit, dans une référence apparente à la ville de Donetsk, où des séparatistes tiennent toujours l'administration locale et ont proclamé lundi une "république souveraine", réclamant leur rattachement à la Russie.

 

AFP

Nuit de violences à Kharkiv

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Ukraine: la présence russe fait-elle tache d'huile?

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